Recherche

Comment permettre à un enfant surdoué de mieux maîtriser son hypersensibilité ?

A l’occasion de la première journée nationale de l’hypersensibilité, le site Aleteia publiait la semaine dernière un article sur ce phénomène qui touche de nombreux enfants précoces.

Comment aider un enfant surdoué à maîtriser son hypersensibilité ?

Le 13 janvier a eu lieu en France la 1ère édition de la journée de l’hypersensibilité. A cette occasion, le site Aleteia.org est revenu sur ce phénomène qui touche de nombreux enfants précoces, en s’appuyant notamment sur l’ouvrage de Jeanne Siaud-Facchin, L’enfant précoce, l’aider à grandir, l’aider à réussir.

L’hypersensibilité de certains enfants surdoués peut être difficile à gérer au quotidien, notamment quand elle engendre des réactions qui peuvent parfois être violentes. Pour y faire face en tant que parent, des solutions existent. Comme bien souvent lorsqu’on parle des spécificités ou des particularités des enfants à haut potentiel, il n’y a pas de fatalité et la résignation n’est pas de mise. Quelques mesures de bon sens et des pratiques éducatives bien choisies permettent en effet presque toujours d’atténuer les conséquences d’une sensibilité exacerbée.

Valérie, 41 ans, mère de 6 enfants, témoigne : « Mes enfants sont tous hypersensibles mais ne réagissent pas tous de la même manière… L’aîné a 9,5 ans (testé surdoué) et fait encore des crises de rage. Si c’est en réaction à une parole ou une action de ses frères, il crie, et si cela ne suffit pas, il tape. Si c’est contre moi, il hurle. Mon deuxième fils (8 ans) hurle, puis file se calmer dans sa chambre. Il dit des gros mots lorsqu’il n’arrive plus à gérer… Mon troisième garçon (5 ans) pleure et a besoin de câlins. C’est le seul que j’arrive à aider quand il est en crise… Personnellement, c’est peut-être l’aspect du HP (haut potentiel) le plus difficile à gérer au quotidien dans une grande fratrie, car les occasions ne manquent pas… ».

Connaître les causes de l’hypersensibilité des enfants précoces…

Mieux comprendre le cheminement qui conduit parfois les enfants à exprimer avec trop de force leur émotions est un préalable indispensable si l’on veut trouver les solutions qui fonctionnent et les adapter à une situation précise. L’article cite 4 causes principales :

  • Certains enfants précoces ont du mal à gérer l’insécurité née de la frustration, qui les plonge dans le doute et l’incertitude.
  • Cette insécurité peut également naître des délais qui existent entre la formulation de leurs nombreuses demandes d’attention et la prise en compte de celles-ci.
  • Toujours par souci de sécurité, ils cherchent sans cesse à définir les limites du cadre dans lequel ils peuvent évoluer. Cette quête de repères peut être épuisante pour l’entourage et ils n’hésitent pas à pousser parfois leurs parents jusque dans leurs derniers retranchements.
  • Pour ne pas trop s’exposer, ils masquent leurs émotions trop fortes par des comportements qui peuvent être violents ou agressifs.

… pour mieux en gérer les conséquences.

Pour limiter les manifestations de l’hypersensibilité des enfants précoces, il faut tenir compte des quatre points évoqués plus haut et bâtir un cadre rassurant autour de son enfant. Cela ne suffira pas à éliminer toutes les crises mais, peu à peu, il est possible de diminuer sensiblement la fréquence de leur apparition.

L’instauration de limites et de règles incontournables est sans doute la meilleure solution pour aider durablement son enfant. Il pourra alors se développer dans un environnement sécurisé qui lui permettra de mieux contrôler ses émotions et de subir moins de situations anxiogènes.

Jeanne Siaud-Facchin donne l’exemple d’Alicia, 9 ans, qui refuse que sa mère la coiffe. Elle se débat, elle hurle, dit que sa mère est méchante… Sa mère, à bout de nerfs, s’énerve et finit par céder. Dans cet exemple, Alicia ne souhaite en fait qu’une chose : que sa mère ne craque pas. Qu’elle soit capable de maintenir les limites nécessaires pour la protéger. En accédant à sa demande, sa mère lui envoie un message de fragilité émotionnelle.

Dans cet exemple précis, la meilleures solution aurait été de fixer, dès les premières crises, la règle intangible qui veut que ce soit toujours sa maman qui coiffe Alicia, en donnant certes des arguments sensés pour expliquer cette décision mais sans accepter d’entrer des discussions interminables sur son bien-fondé.

Lorsque la crise est là, il faut éviter à tout prix de faire soi-même monter la pression. Prendre un peu de temps pour réagir, se calmer et laisser passer le plus fort de la tempête peut s’avérer judicieux. Une fois le calme revenu, il ne faut pas hésiter à parler avec son enfant des circonstances qui l’ont amené à réagir si violemment.

« Je l’entraîne en dehors de la zone de conflit pour décompresser. Parfois je pratique la contention douce mais ferme (réel effet apaisant), en le serrant dans mes bras ou en posant les mains sur ses épaules s’il est debout. Et surtout, on revient en parole sur l’élément déclencheur de la crise pour dédramatiser l’événement (tout en ne le niant pas non plus car l’enfant a le droit d’avoir des émotions, et ces émotions sont parfois très sincères mais à l’expression démesurée !) et trouver les solutions qu’il peut mettre en place seul lorsque cela arrive pour gérer ses émotions

Peu à peu, en appliquant régulièrement ces précieux conseils, vous verrez les crises s’espacer jusqu’à devenir très ponctuelles. Prendre le problème à bras le corps, dès le plus jeune âge de son enfant lui permettra de renforcer peu à peu sa confiance en lui et en vous. C’est le meilleur moyen de l’aider à s’épanouir tout au long de son développement et de l’accompagner vers l’adolescence, période à risque qu’il affrontera d’autant mieux qu’il y aura été bien préparé dans ses jeunes années.

Si vous voulez aller plus loin avec votre enfant afin de l’aider à gérer son hypersensibilité, je vous conseille les cahiers d’activités d’Isabelle Filliozat, notamment celui sur les émotions. Pour les parents, la lecture de l’incontournable Petit décodeur illustré de l’enfant en crise est très instructive et utile.

Par ailleurs, si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire notre dossier complet sur les hyperstimulabilités de l’enfant précoce, les connaître et comment y faire face.

Lire l’article en entier sur Aleteai.org

6 commentaires

  1. Un article bien intéressant et deculpabilisant face à cette caractéristique des HP mettant en difficulté nombre de parents.
    D’autant que cette hypersensibilité est bien souvent mal perçu par l’entourage qui renvoit les parents à une incapacité.
    La réponse en terme de cadre limitant et contenant est utile.
    Article à diffuser largement car cela rappelle des bases de manière très claire.
    Merci

  2. Respecter l’autonomie de l’enfant me paraît essentiel également à garder à l’esprit et permet d’éviter bon nombre de conflits au quotidien.
    Par ex, la réaction de la fille qui refuse que sa mère la coiffe, me surprend beaucoup moins que la solution proposée qui consisterait à fixer dès les premières crises, la règle intangible qui veut que ce soit toujours sa maman qui la coiffe… à 9ans. On peut en déduire comme l’auteur qu’Alicia attend de sa mère qu’elle ne craque pas. J’en déduis pour ma part qu’à 9 ans, elle n’a peut-être tout simplement plus envie que sa mère la coiffe et qu’il y aurait sans doute moins de souci si Alicia se coiffait toute seule comme elle doit savoir le faire à son âge.

  3. Comment faire quand l’enfant ne parle pas encore (14 mois) ….Tous les articles sur les enfants HP parlent d’enfants déjà grands à mon sens , le tout petit à lui aussi beaucoup d’émotion et de situation de potentiel questionnement et donc de crise…. aucune littérature sur le sujet !

    1. Pour mes enfants, je leur ai appris des gestes de base de la langue des signes (boire, gâteau,…,…)
      De nombreux livres ou sites internet traitent ce sujet maintenant.
      Ils ont ainsi pu à de nombreuses reprises me faire comprendre leurs besoins avant d’avoir acquis la parole.

  4. Sans doute car aucune recherche scientifique ou test psychometrique ne permet d’attester d’un fonctionnement eip. Avant un certain âge (2 ans et demi pour wppsi)
    Avant les échelles de développement (exemple brunet lézine) permettent de mettre en evidence des compétences en avance mais pas à proprement parler une pecocite.
    Je pense qu’un mimimum d’âge est requis car sinon cela serait une course sans fin. A quand le bébé de 2 semaines eip car il sourit.
    Même si c’est frustrant quand des petites choses nous poussent à confirmer notre intuition… il faut attendre un peu pour vraiment parler d’enfant à haut potentiel.
    Ce qui n’empêche pas des signaux avant coureurs et une grande sensibilité chez ces nourrissons.

    1. Les travaux du Pr Vaivre-Drouet vont dans le sens d’une précocité détectable déjà chez les enfants prématurés qui se confirme être eip par la suite.
      Concernant les nourrissons, c’est le système neurologique hypersensible qu’il faudrait chercher à protéger d’agressions inutiles (bruits de foule et de transports, musique forte, environnement chargé émotionnellement etc.) que le système nerveux capte sans être capable de réguler ou d’amortir (inhibition immature). Et bien sûr, comme pour tous les nourrissons une dose massive de bras doux et câlins jusqu’à satiété (un jour ce sont eux qui diront non plus de câlin je veux y aller tout seul 😉 ).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.