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Quel lien peut-on faire entre très haut potentiel intellectuel et troubles de l’attention ?

Aujourd’hui et de plus en plus je m’interroge sur les problèmes d’attention liés au haut potentiel. Sont-ils inhérents aux caractéristiques propres du haut et très haut potentiel, et valablement mesurables dans ces cas-là ?

Enfants précoces et dyslexiques, comment les aider ?

J’avais envie de revenir sur ce sujet assez dérangeant du manque d’attention lorsqu’il est associé au haut potentiel et en particulier au très haut potentiel.

A vrai dire, au regard de mon expérience avec mes enfants, je me pose encore de nombreuses questions sur ce point avec des difficultés à obtenir une réponse satisfaisante pour ma part.

Haut et très haut potentiel : l’attention des enfants concernés est-elle focalisable au quotidien à hauteur de leurs besoins ?

Je me demande en fait si l’on peut aborder la notion d’attention (ou de trouble de l’attention) de la même façon chez un enfant à haut potentiel que chez un enfant lambda, sachant que l’effort de concentration n’est pas le même dans l’un ou l’autre cas et qu’il varie beaucoup selon le degré de difficulté et l’effort demandé.

Y a t-il une probabilité, plus ou moins forte, que l’intérêt porté au sujet abordé soit corrélé à la façon dont l’attention est focalisée ?

Je lis la définition suivante à propos de l’attention soutenue :

L’attention soutenue est la capacité à maintenir sa concentration pour une période de temps normale correspondant à son âge. Elle intervient dans des situations où le flux d’informations est rapide ce qui nécessite, contrairement à la vigilance, un traitement actif continu de la part du sujet. Il faut préciser que pour de nombreux auteurs, tous les tests peuvent devenir des tâches d’attention soutenue si leur durée est d’au moins 15 minutes.

Wikipédia

Partant de là, cela voudrait dire que c’est le flux d’informations, important et rapide, qui permet de mettre en jeu les facultés nécessaires de tri et de sélection afin d’obtenir un traitement optimal. Pourrait-on supposer que l’enfant à haut potentiel qui, dans son quotidien, a une grande acuité générale et opère de façon naturelle un traitement rapide et sélectif de l’information, pâtirait d’un défaut de sollicitation attentionnelle ou fonctionnerait en sous régime aussi à ce niveau ? Ma question est : est-il possible que globalement ces enfants n’aient pas non plus les sollicitations attentionnelles nécessaires afin de leur permettre de maintenir un niveau d’attention et de concentration satisfaisant pour mener à bien les tâches demandées ? Et surtout, sommes nous collectivement à même de nous mettre à leur portée au quotidien ? Les problèmes d’attention lorsqu’ils apparaissent sont-ils mesurables de façon fiable s’agissant de très haut potentiel ?

Quelles conditions optimales pour mobiliser leur attention ?

Je fais le parallèle avec la passation des tests:

Il faut préciser que pour de nombreux auteurs, tous les tests peuvent devenir des tâches d’attention soutenue si leur durée est d’au moins 15 minutes.

Wikipédia, définition de l’attention soutenue

En effet, dans la cas de l’un de mes enfants, le test représentait un « exercice » qui lui a permis de donner le meilleur de lui-même, l’a stimulé, a largement favorisé le maintien de l’attention, soutenue pendant toute leur durée, avec une grande rapidité générale d’exécution. Sauf…car il y a un sauf, pour l’épreuve de rapidité, dont le résultat fut assez faible. Or il semblerait que les épreuves aboutissant au calcul de l’IVT -Indice de vitesse de traitement) soient moins marquées par la difficulté. Ceci corroborerait mon idée qu’un intérêt moindre pour le sujet (pas d’enjeu de difficulté) aurait une incidence sur la rapidité d’exécution et donc sur l’attention globale portée à la tâche et la distractibilité associée.

Autre exemple : lorsqu’il joue à un jeu de logique qui nécessite beaucoup de concentration, ou à un jeu vidéo qui nécessite à la fois réflexion et rapidité d’exécution, l’intensité de l’effort fourni lui permet de libérer « un espace de réflexion pour penser à autre chose » c’est à dire qu’il a besoin de cette sollicitation intense pour mobiliser ses capacités de réflexion même sur d’autres sujets.

Ceci implique qu’en temps normal, lorsque toutes ces conditions ne sont pas réunies, il s’égare. Or, en lisant la définition du trouble de l’attention reproduite ci-dessous, effectivement les effets y ressemblent.

Les enfants qui souffrent de ce type de trouble éprouvent de grandes difficultés à demeurer attentifs à une même tâche comme copier une leçon, faire un devoir, lire un livre voire même suivre une conversation lorsque ces dernières durent plus d’une dizaine de minutes, un quart d’heure maximum.

https://www.dys-positif.fr/tda-sans-hyperactivite-quelle-difference/

Peut-on en conclure pour autant que ces enfants, capables d’une grande attention dans certaines circonstances, souffrent de troubles de l’attention ? Ou au contraire ne leur propose t-on pas de matière suffisamment captivante pour qu’ils y prêtent attention ?

L’interrogation qui suit dès lors est « les enfants à haut et très haut potentiel » ne sont-ils pas, du fait de leurs caractéristiques, à haut risque de vivre des « pénuries attentionnelles », assimilables à des troubles de l’attention, du fait d’un déficit d’effort à fournir donc de difficulté et encore toujours de stimulation ? Et le trouble de l’attention, même s’il n’existait pas au départ en tant que tel, peut-il être la résultante d’habitudes déficitaires en la matière ?

Quels sont pour eux ou vos enfants les éléments favorables à la focalisation de l’attention ? Nouveauté, originalité, rapidité, difficulté, challenge…autres ? Quand les sentez-vous captivés ? Et à l’inverse inattentifs ? Dans quelles proportions au quotidien ? J’aimerais beaucoup lire vos avis sur ce sujet.

11 commentaires

  1. Je suis entièrement d’accord avec vous. J’ai l’impression que si j’autorisais notre fils a utiliser son Rubik cube ou similaire pendant l’école dans les moments ou il s’ennuie, il s’en porterait mieux. Je pense qu’il a besoin de faire plusieurs choses a la fois. Dans le passe, je l’ai vu lire et écouter de la musique simultanément. Il s’ennuie beaucoup a l’école, du fait qu’il lit beaucoup, des facts books (je ne sais plus traduire en français) et des histoires…bien souvent ce dont la maitresse parle, il le sait deja.

    D’un autre cote, de plus en plus souvent, j’ai du mal a lui faire executer des petites taches ménagères sans avoir a lui répéter la meme chose plusieurs fois. S’il te plait tu me videras le lave-vaisselle, oui maman, un peu plus tard: qu’est ce que tu voulais que je fasse? En gros, il ne m’écoutait pas, ce que je disais était ennuyeux.
    Mais lorsque le sujet est interessant, la pas de souci….il entend tout et se rappelle très très bien.

    Mon mari est le meme, par exemple, il a besoin de faire certains jeux d’adresse sur son portable pour pouvoir réfléchir / mieux se concentrer a un problème, (du boulot ou autre…).

  2. Je pense que la motivation et le relatif choix de la tâche = facteurs essentiels pour déclencher l’attention.
    Je suis d’accord avec vous: ce n’est pas un vrai trouble de l’attention mais plus de la dispersion et un manque d’inhibition des distracteurs. En clair, trop de choses intéressent nos HP autour d’eux ! Trop de « disques durs » branchés en même temps !
    Alors, quand la tâche scolaire n’est pas motivée, pas assez expliquée, pas assez récompensée ou pas assez stimulante, bien sûr que nos HP se disperseront !!!

    Un enfant ayant un « trouble de l’attention classique » ne pourrait pas rester plusieurs heures assis devant le même jeu de société !

    (Point de vue d’une maman orthophoniste).

  3. Ma fille, Candice 18 ans connaît un désintérêt constant pour les études générales. C’est de pire en pire chaque année au vue de la piètre qualité de l’enseignement. Candice décroche tout simplement. Elle est également épileptique. tout ceci est imbriqué. Lorsqu’elle brode ou colorise, elle peut y rester des heures et là elle est totalement apaisée et sereine. Quand elle est dans son potager, elle y reste de très long moments. Quand on lui demande une analyse linéaire sur un texte de Montaigne : la barbe. Un exposé sur Michel Ange : bof
    Son épilepsie est le reflet de son état : quand elle se sent mal adaptée à une situation ou en décalage elle fait des crises ; c’est flagrant.

  4. Mon fils de 11 ans diagnostiqué THPI (147, homogène) présente des « troubles de l’attention » depuis toujours: il perd ses affaires, oublie très souvent ses affaires scolaires… On est obligés de répéter cent fois les consignes de la vie quotidienne. C’est épuisant pour toute la famille! Nous avons décidé récemment de faire des tests de dépistage pour rechercher un TDA associé ( test TEA-H). A notre grande surprise, il n’est absolument pas atteint de TDA, ses résultats en terme d’attention sont même bien au dessus de la population générale. La neuro pédiatre l’explique par le fait, comme vous le décrivez très bien, qu’il n’est absolument pas motivé pour réaliser ces petites tâches du quotidien, donc il oublie! Il peut par contre effectivement jouer des heures à des jeux vidéo, ou bien lire toute une après midi, être captivé par des émissions ou des articles scientifiques. Nous avons été plutôt rassurés du fait qu’il ne présente pas de TDA, mais quelles solutions pour apporter plus d’autonomie à ces enfants? Car ces particularité posent beaucoup de difficultés dans la vie quotidienne…

  5. Chère Françoise,

    Merci pour cet article qui rejoint des préoccupations, et surtout des expériences que j’ai connes de manière répétée, tant directement (étant moi-même à haut potentiel) qu’à travers l’accompagnement de mon fils aîné de 7 ans. Pour ma part, j’identifie deux leviers qui mobilisent notre attention à plein, et de ce fait nous mettent en situation d’utiliser notre potentiel.

    Dans mon expérience individuelle, j’ai observé pendant mon enfance et surtout mon adolescence, puis désormais dans ma vie professionnelle, que la clé qui me permet de me concentrer, de porter authentiquement mon attention sur une tâche ou un événement en cours, est souvent la complexité : typiquement, dans ma scolarité, je ne parvenais pas à me concentrer sur un exercice simple ne mobilisant qu’un savoir-faire à la fois, et je faisais alors beaucoup d’erreurs qualifiées d' »étourderies ». Aujourd’hui, dans une réunion professionnelle, je peine à accorder mon attention aux participants qui n’énoncent qu’une idée simple à la fois. Mon fils quant à lui, a connu exactement la même situation que le vôtre lors de la passation des tests : résultats très élevés partout, sauf dans la série de sub-tests consacrés à la rapidité, pendant lesquels la psychologue a noté une baisse de l’attention (interruptions, envie de discuter, moments de rêverie, regard porté vers la fenêtre…) l’amenant à faire des erreurs ou à simplement… ne pas faire certains sub-tests. Pour lui comme pour moi, les tâches où notre performance est la meilleure, où nous « ne voyons pas le temps passer » sont celles qui font appel simultanément à des points de vue multiples, des savoirs et des savoirs-faire variés, des techniques et des concepts divers… D’ailleurs, pour maintenir notre attention sur une tâche simple, ou « univoque », nous avons besoin de nous inventer d’autres tâches, de nous créer du multitasking (par exemple dessiner pendant une conférence, lire le dictionnaire pendant la énième explication de l’addition, faire deux exercices simples à la fois en parallèle, discuter tout en faisant de la copie…) Notre rétention et notre performance sont augmentées par cette stratégie.

    L’autre situation qui optimise notre attention est celle où l’échange est très intense et profond, où l’on est en empathie avec une ou plusieurs autres personnes, sur des pensées, des émotions ou des sentiments forts et authentiques. Cela est souvent lié à un enjeu important, et requiert une grande sincérité des deux côtés. Par exemple pour moi, lors d’un entretien qui mobilise mon écoute active pour des professionnels des droits de l’homme, qui eux-mêmes partagent leurs difficultés après des visites de prisons ; une réunion où mon rôle est maïeutique, où je dois percer la pensée d’un interlocuteur qui, lui, peine à synthétiser cette pensée alors même qu’elle est importante et pleine de sens; ou encore pendant un exercice de dressage en équitation, qui tend vers la fusion avec une monture pour atteindre un moment de perfection et d’harmonie. Pour mon fils, il s’agit des moments où il partage un processus imaginatif très intense avec un ami proche ou avec son frère (invention d’un jeu ou d’un scénario faisant appel à leurs deux imaginations « en phase »), des moments où il aide un ami en difficulté émotionnelle, ou de ceux où il explore ses propres sentiments en m’en faisant part.

    Voilà, je crois, des leviers qui sont très peu employés dans la scolarité (au moins jusqu’au lycée) ou dans l’environnement professionnel, le réflexe de la majorité des gens étant plutôt de simplifier et de dépassionner…

    J’espère avoir pu apporter une petite contribution à votre réflexion.
    Bien sincèrement,
    Camille

  6. Oui vraiment d accord hp et troubles de l attention difficulté à l exécution de certaines tâches souvent mal compris les profs St encore sceptiques, la psy a suggère à mon fils de dessiner ou s occuper en silence dans son coin en cours car il a encore doublé avertissement cette année au 1er trimestre, elle m à fait un mot à l attention des profs concernant sa supposée insolence à ne rien noter en cours et à trop parler, la prof principale veut me voir je vais devoir encore me battre…

  7. Idem pour mon fils de 12 ans et demi
    Nouvel avertissement pour conduite. Bavardages, manque d’attention en classe, comportement insolent…
    Je ne sais plus comment expliquer les choses au corps enseignant.
    Ce manque de bon sens et de bienveillance est difficile à accepter, à la fois pour lui (bien qu’il semble assez fataliste…) comme pour nous.
    Quid de l’impact de ces avertissements sur sa capacité à intégrer un lycée dans 2 ans?
    Et beaucoup plus grave, Quid de l’impact sur sa confiance en lui? Les professeurs doivent participer à la construction intellectuelle des enfants, adultes de demain. Ils doivent les aider à avoir confiance en eux.
    Le résultats est catastrophique
    Comment se faire aider?

  8. @ Patricia : pour nous, la psychologue scolaire a été d’un grand secours, car elle a assuré la médiation entre les enseignants et nous. Elle était la plus légitime à leurs yeux pour expliquer le fonctionnement particulier d’un enfant HPI. Elle a aussi fait preuve de beaucoup de tact. Il est vrai que nous n’en sommes qu’en primaire, ce qui simplifie la chose, puisque notre fils n’a que deux enseignants.

    1. Merci Camille pour votre retour, A ce stade le Collège ne nous a pas proposé l’implication de la psychologue scolaire. Par contre nous sommes en contact avec une personne s’occupant des enfants présentants des pathologies justifiant des PAP ainsi que depuis peu des enfants précoces. Au premier trimestre, il semble qu’elle ai été entendu par les professeurs qui n’ont pas voté l’avertissement mais ce n’est pas le cas au second trimestre.
      Je vais prendre rendez-vous avec elle pour en discuter.
      Il faut savoir que l’année dernière en 6ème, sans aucun accompagnement de qui que ce soit, Notre fils a reçu deux avertissements au premier et second trimestre et une mise en garde lors du troisième trimestre…
      On fait mieux comme départ dans le secondaire.

      1. Je crois qu’il est possible de faire appel au psy scolaire sans passer par l’école elle-même. C’est ce que nous avons fait : nous avons directement pris rendez-vous avec la psy scolaire (ses coordonnées étaient disponibles sur le site internet de notre établissement scolaire). Nous étions les premiers parents à y avoir pensé depuis qu’elle a ce poste (5 ans)! Mais elle était très contente que nous la sollicitions, et elle a été vraiment aidante. Je dois dire que nous sommes dans un établissement Français à l’étranger. Peut-être les conditions sont-elles différentes? En tout cas, c’est votre droit que de demander à rencontrer la psy scolaire, directement ou pas.

  9. Bonjour,
    J’ai lu avec beaucoup d’attention votre article et je suis tout a fait d’accord.
    Cependant et même si je me dis que j’aurais aimé le lire il y a très longtemps… Maintenant que mon fils de 18 ans est « fait », je fais quoi concrètement ?
    Voilà ce qui me peine le plus c’est qu’au final, rien n’a changé. C’est toujours aux parents de se battre, d’expliquer et de trouver des solutions et même quand ils le font, et bien… c’est droit dans le mur. Les séquelles chez les parents conscients, on en parle ?
    Bref, tout cela pour dire que oui, mon fils peut être méga concentré lorsqu’il pratique ses sports favoris (escalade et plongée) ; pas plus tard qu’hier, nous sommes allés le faire grimper et là, il s’éclate ! Il réfléchit, il analyse, il grimpe avec une fluidité mais dès que (comme le dit si bien Marion pour sa fille Candice) c’est explication de texte… là… c’est toujours la même phrase « à quoi ça sert ? ».
    Un exemple flagrant : la musique… Il a pratiqué la trompette au conservatoire durant 3 ou 4 ans mais ne bossait pas, ça le saoulait graaaave (comme il le dit si bien) et là, avec le confinement, il a repris la guitare de son père et il s’éclate.
    Après, oui, il est dans un lycée où l’équipe est bienveillante mais concrètement, la bienveillance ne l’aide pas. Que c’est triste !

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