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Ne les appelez plus personnes surdouées ou à haut potentiel, mais philo-cognitifs !

Fanny Nusbaum, auteur du livre « Les philo-cognitifs, ils n’aiment que penser et penser autrement » nous présente ce nouveau concept né d’une étude scientifique menée avec Dominic Sappey-Marinier et Olivier Revol. Très instructif.

Votre enfant surdoué est-il complexe ou laminaire

C’est en substance le message de Fanny Nusbaum, docteur en psychologie et fondatrice du Centre PSYRENE à Lyon, interrogée récemment et longuement sur Beur FM suite à la parution de son nouveau livre intitulé « Les Philo-cognitifs, ils n’aiment que penser et penser autrement…« , écrit avec Olivier Revol et Dominic Sappey-Marinier suite à l’étude relative au cerveau des enfants surdoués menée à Lyon en 2016. Je vous invite à écouter l’émission, fort intéressante, ci-dessous et à aller plus loin en lisant le livre que je vous résume ici mais qui mérite vraiment d’être lu en entier car il apporte des informations scientifiques stimulantes et novatrices sur le phénomène du surdouement.

Les philo-cognitifs, c’est qui ?

Ce terme introduit une nouvelle dénomination (une de plus) au côté des traditionnelles précoces, doués ou surdoués, zèbres et, plus récemment, haut potentiel intellectuel pour faire la part belle à la prédominance de la pensée chez les personnes concernées.

L’association des mots « philo » et « cognitif » traduit selon les explications du Docteur Nusbaum l’investissement prépondérant de la personne concernée dans les interactions cérébrales de la pensée et de la réflexion.

Ce terme est une autre façon de définir des « penseurs atypiques », dont l’atypie est due à une différence globale de connectivité cérébrale remarquable par les 3 caractéristiques suivantes :

  • L’ hyper spéculation : se manifeste par une omniprésence de la pensée et de la réflexion, associée à la volonté de chercher plus loin, pousser le raisonnement, de s’interroger en permanence.
  • L’hyper acuité : marquée par un système sensoriel et émotionnel en alerte, une grande sensibilité aux émotions, aux sensations, aux bruits…
  • L’hyper latence : mise en tâche de fond de certaines activités cérébrales comme une veille inconsciente qui tourne pour ré-assembler les expériences vécues et les mettre en lien avec le présent. Cette faculté omniprésente et exacerbée est source d’idées nouvelles et de créativité.

Deux profils : philo-complexes et philo-laminaires

Avec ces mêmes caractéristiques globales, les études des Docteurs Nusbaum, Revol et Sappey-Marinier, ont mis à jour deux profils distincts, les philo-complexes et les philo-laminaires

Les philo-complexes

On constate chez eux une prédominance du cerveau gauche, du langage, de la pensée qui se nourrit elle-même et s’enrichit de leurs réflexions et recherches. Ce sont des personnalités créatives, imaginatives, qui passent rarement inaperçues et dégagent beaucoup d’énergie.

Les philo-complexes manifestent un mode de pensée atypique, autonome, peu influencé par l’extérieur, qui se nourrit en référence à leur propre modèle ou à leur propre vison ou idée. Ils ont un fort besoin d’interroger le monde, de le remettre en question, sont en quête de vérité et peuvent donc se révéler difficiles à accompagner car ils ont besoin d’exprimer leurs idées même si cela se fait au détriment de l’harmonie sociale. Ils peinent à « lâcher l’affaire ». Cette indépendance d’idées fait parfois d’eux des visionnaires.

Ce besoin de dire précisément ce qu’ils pensent, sans filtres, ou d’être absolument fidèles à eux-mêmes, les mène d’ailleurs souvent à être considérés comme des provocateurs, alors qu’ils n’ont pas forcément la volonté de provoquer.

Extrait du livre Les Philo-cognitifs

Un conseil judicieux est donné ici aux parents d’enfants complexes par rapport au respect des règles :

Le « jeu » des négociations et délibérations étant particulièrement agréable pour un philo-complexe, et son besoin de sentir où se situent les limites de son pouvoir sur autrui étant très aiguisé, il aura tendance à abuser des demandes d’explications.

Extrait du livre Les Philo-cognitifs

Voilà qui permettra à certains parents épuisés de couper-court aux discussions interminables sans culpabiliser, voire même avec une relative bonne conscience en sachant que cela peut devenir un jeu « malsain ».

Ce sont des personnalités plus compliquées, avec des résultats qui peuvent être variables et liés directement à leurs centres d’intérêts, passions ou interlocuteurs. La réalisation d’un bilan psychologique avec des résultats hétérogènes peut orienter vers ce type de profil.

Les philo-laminaires

Avec une prédominance de l’hémisphère droit, les philo-laminaires sont socialement adaptés et diffusent une énergie sereine. Ils ont besoin de créer un consensus social et d’assurer la sécurité de leur groupe social.

L’attitude auto-conservatrice d’un philo-laminaire s’inscrit principalement dans son besoin de contrôler et de maintenir un équilibre dans sa vie, protégé au maximum d’événements extérieurs inopportuns.

Extrait du livre Les Philo-cognitifs

Ils font preuve d’une grande empathie, faculté de se mettre à la place des autres pour comprendre leurs émotions. Cette empathie leur servira là encore à se préserver et à se protéger le cas échéant. Fanny Nusbaum évoque l’exemple du lion empathique avec la gazelle pour mieux la manger !

Les philo-laminaires rationalisent plus, manifestent une activation supérieure des régions d’attention sélective, de concentration et parviennent mieux que les philo-complexes à inhiber les stimulations distractives.

Ils apparaissent comme des personnes plus posées, réfléchies, moins exubérantes et moins visibles que les philo-complexes qui peuvent eux paraître plus excessifs et ont des personnalités plus marquées.

Approfondir la question ?

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin je recommande vivement la lecture du livre de Fanny Nusbaum.

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Outre la distinction complexe/laminaire, le livre donne une approche scientifique grâce à l’imagerie cérébrale afin de relier à des réalités physiques les différents mécanismes évoqués par des observations cliniques.

Cet ouvrage nous parle aussi bien des enfants précoces que des adultes surdoués. Chacun pourra y trouver pour chaque concept des conseils de bon sens destinés soit aux parents, soit à l’entourage mais aussi à la personne concernée elle-même qui chercherait à mieux se connaître.

Même si les choses ne sont pas toujours aussi tranchées, je trouve que la lecture de ce livre fournit un bel éclairage sur des points prédominants de la personnalité des surdoués et permet de dégager des solutions d’accompagnement. On accompagne toujours mieux une personne que l’on comprend mieux et dont on appréhende le mode de fonctionnement !

Et si l’on veut entamer une réflexion sur soi-même, il devient possible de répondre à la question que chacun se posera après avoir tourné la dernière page : alors, philo- complexe ou philo-laminaire ?

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14 commentaires

    1. Les affaires restent les affaires 😉 a part le côté business effet mode ou tout le monde se découvre HP quelles sont les solutions apportées …

  1. Oui oui les fratries existent bien et avec un parent ou 2 et je vous raconte pas les repas « électriques » !!!

  2. Bonjour,
    Enfin une dénomination qui ne suggère pas le « mieux que les autres » (doués ou surdoués, haut potentiel intellectuel, sur-efficient…) ou « en avance mais rattrapable » (précoce) ni une appellation puérile (zèbre). J’adhère et j’ai hâte de découvrir ce livre !

  3. bonjour, un adulte peut elle être  » philo- complexe et philo-laminaire » en même temps , sans jamais s ‘en être aperçu ? juste avoir toujours un mal être difficile à exprimer ? merci de me répondre

  4. Eh bien comme je m’étais posé la question de la chambre petite, une fois maman nous avons pris la plus petite, car nous on y fait que dormir et ils ont choisi les autres!
    C’est drôle!

  5. Bonjour,
    Quand j’entends la description du profil phylo cognitif complexe je reconnais entièrement mon enfant.
    Sauf que celui-ci est diagnostiqué autiste de haut niveau.
    Ou se trouve la barrière ou la frontière?
    Seul différence au test de QI est à 120. Mais pas du tout disposé à coopérer lors de ces tests.
    Bébé, regard très fixe et a parlé à un an très bien. Enfant avec troubles de comportement. se pense l’égal de l’adulte.
    Une maman. SOPHIE.

    1. Bonjour Sophie Z,

      A la seule lecture d’une description on peut assez aisément piocher des éléments à droite et à gauche que l’on peut facilement s’approprier. Il reste quand même utile d’y associer un instrument d’évaluation pour obtenir plus de détails.
      Votre fils a il subi les tests dans de bonnes conditions ? Depuis combien de temps ? Le reconnaissez vous dans le bilan qui a été fait et dans ses attitudes au quotidien par rapport au qualificatif d’autisme’de haut niveau ?

      1. Bonjour
        Merci.
        Tests faits en cours conditions normales mais enfant sensible au bruit et il y en avait bcp dans la rue ce jour là.
        Il voyait la psychologue pour la première fois, mais sans doute souvent le cas.
        Enfant recherchant à être sociable mais s’y prend très mal. Gère mal ses émotions.
        Comprends vite et a de bons résultats sans avoir écouté grand chose en classe.
        Sophie Z.

        1. Bonjour Sophie… Je découvre depuis peu le monde des drôles de zèbres, et dernièrement des philo–cognitifs, car je pense en être… Je pense que les autistes ont trouvé un moyen de se protéger en d’isolant du monde. Je vous invite à regarder le film « Presque » sorti dernièrement. L’authenticité trouve difficilement sa place dans notre monde… et il y a un gros manque de cohérence qui nous irrite, nous blesse, nous déprime, et nous nous sentons impuissants, alors on pique des crises de nerfs… Et on espère un jour que l’on nous comprendra… Dites lui qu’il n’est pas seul. Bien à vous. Ludovic

  6. à la minute 22:44 : « ce n’est pas les chiffres qui vont nous dire la vérité (sur le test WISC V) mais c’est le clinicien qui avec sa bonne intuition et ses compétences pourra dire qu’il est bien philo cognitif… »

    J’ai fait passer le test à mon enfant de 7 ans dans ce fameux centre PSYREN ; la psychologue ayant fait passé le test m’a répondu qu’elle ne pouvait pas » certifier » que mon fils était un enfant HP en raison je cite des « résultats non hétérogènes ». Alors il sert à quoi ce test ???

    Alors que plusieurs professionnels (pédiatre, psy scolaire, et instit en maternelle) me disent que mon fils présente toutes les caractéristiques d’un enfant HP.

    Honnêtement, très déçue par la psychologue ayant reçue mon fils. Elle mis en plus 15 jours avant de m’envoyer le compte rendu écrit que j’ai dû réclamer.

    1. Bonjour,

      Je pense qu’il fallait lire « résultats hétérogènes », qui en cas de gros écarts entre les différents indices marque des zones de haute potentialité et des zones dans la norme ou déficitaires. Ce sont ces derniers points qui sont à approfondir, par le psy qui a fait les tests, pour mettre en évidence d’éventuelles difficultés. C’est le rôle premier du test de qi et dans ce cas il manque une partie de l’analyse.

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