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Les relations sociales chez l’enfant à haut potentiel

On dit souvent des enfants précoces qu’ils ont des difficultés avec les relations sociales, qu’ils sont isolés ou solitaires. Comment, dans le cadre du haut potentiel intellectuel, s’extraire de certaines obligations ou croyances pour nouer des relations satisfaisantes ?

Cette semaine nous abordons la question des décalages vécus par l’enfant à haut potentiel, et portons une attention particulière aux conséquences de ceux-ci sur leurs relations sociales et amicales.

Alors que la socialisation et l’abord de l’autre sont considérés comme des actes quasiment naturels, il arrive que l’enfant à haut potentiel se démarque par quelques difficultés à s’intégrer au groupe de ses pairs ou soit vu comme un enfant isolé.

Professeur-O nous a proposé de relayer la vidéo fort instructive et complète, qu’il vient de réaliser à ce propos.

Parmi les causes citées, il est très intéressant pour les parents d’enfants à haut potentiel de s’attarder sur la façon dont, classiquement, les enfants construisent et entrevoient la relation amicale.

Le modèle cité par Miraca Gross est celui d’une amitié qui se développe en étapes hiérarchisées de complexité croissante. Cette relation par étapes, liée à l’assouvissement de besoins d’échanges qui s’enrichissent peu à peu au fil de temps, ne semble pas correspondre au modèle de développement de l’enfant à haut potentiel. Pour lui, dès le plus jeune âge, la relation est plus globale et se nourrit de besoins d’échanges mutuels axés sur des préoccupations « cognitives », de partage, d’entraide et de confiance.

Dans son article, Gross explique que les jeunes à haut potentiel ont tendance à être sensiblement plus avancés que les camarades de leur âge dans leur conception de l’amitié, parfois avec plusieurs années de décalage. Comme elle l’explique : « Les EHP commencent à rechercher des amis avec lesquels ils peuvent développer une relation de proximité et de confiance quand les pairs de leur âge de capacité moyenne recherchent simplement des partenaires de jeu »

https://professeur-o.fr/amitie-et-haut-potentiel/

L’étape 1 du partenaire de jeu en particulier n’a pas le même sens pour eux que pour une majorité d’enfants. Leur quête est déjà plus profonde, ils cherchent un partenaire pour échanger des idées et centres d’intérêts et pas simplement échanger des jouets.

Ils jouent dans la relation à l’autre : je me souviens de l’un des miens en petite ou moyenne section de maternelle : les enfants jouaient au loup en salle de motricité : tous couraient, sauf le mien. Il nous a expliqué par la suite que tant que le loup ne s’approchait pas de lui, il n’avait pas besoin de courir, logique !

Bien sûr nous étions un peu tristes à l’issue de cette expérience et aurions aimé qu’il paraisse aussi heureux que les autres de jouer. Nous n’avons compris que par la suite que son attitude, plus ou moins solitaire, était liée à son mode de fonctionnement, et cela nous a rassurés.

Professeur-o évoque d’ailleurs à ce sujet l’injonction de se faire des amis et la pression mise sur cette quasi-obligation.

Notre fils n’était pas malheureux, il devait certainement penser à autre chose pendant que les autres jouaient. Nous l’étions plus pour lui (ou pour nous ?), pour l’idée, altérée, que nous nous faisions de son bonheur au sein du groupe, et attristés surtout, dans un premier temps, à l’idée qu’il ne paraisse pas s’épanouir parmi les autres, comme tout un chacun.

Il faudrait commencer par faire cesser la culpabilisation qui pèse comme une double-peine sur de nombreux enfants. La sociabilité et les affinités ne se décrètent pas, et les injonctions à se faire des amis et à jouer avec ses camarades ne règlent pas grand chose.

En tout état de cause, il faut reconnaître à un enfant la possibilité de ne pas se sentir à sa place au sein d’un groupe sans y rechercher forcément un trouble à corriger.

https://professeur-o.fr/amitie-et-haut-potentiel/

Merci au professeur-o pour ces explications qui, nous l’espérons, rassureront beaucoup d’entre vous sur les « facultés sociales » de vos enfants.

Tout n’est qu’une question de décalages et de rencontres à solliciter.

Ces rencontres peuvent se faire de multiples façons, au sein de différents groupes.

L’ennui à mon sens, le vrai, est que l’école, telle qu’elle est organisée aujourd’hui, cloisonne beaucoup trop les enfants dans des groupes censés être homogènes. Or grandir signifie être élevé, et la question que j’abordais il y a déjà quelques années dans un article consacré aux compétences sociales et langagières des enfants à haut potentiel, est justement celle du groupe porteur. Est-ce bénéfique pour les enfants d’être durant toute leur scolarité réduits à leur nombre d’années ?

Si l’on y réfléchit, à l’âge adulte et dans le monde du travail, on ne vous confine pas dans une pièce avec des semblables nés la même année ! En famille non plus. Les petits sont élevés et éveillés par leurs parents et leurs frères ou sœurs aînés qui leur servent de modèle, un modèle qui élève l’enfant et l’aide à grandir.

https://www.enfantsprecoces.info/les-competences-sociales-et-langagieres-des-enfants-precoces-partie-2/

La meilleur amie de ma fille a trois ans de plus qu’elle et l’écart d’âge n’a jamais été un problème, bien au contraire ! Par contre, et c’est dommage, cet écart est une barrière à la pratique d’activités collectives en commun, car rares sont les activités structurées par tranches d’âges assez larges !

Et vous, quelles structures ou groupes ont permis à vos enfants de nouer de belles relations ?

9 commentaires

  1. Moi je ment sur l’année de naissance, je mets celle de son année scolaire , lorsque je l’inscrit à des activités ….
    Sans ca pas de musique et un gros décalage en danse ….

  2. Cet article fait du bien! Mon fils HP de presque 14 ans est instruit en famille et les gens lui demandent souvent si l’absence de camarades de classes ne lui manque pas. Lui répond systématiquement que non car, finalement, il trouve qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné. Il rêve de trouver des amis passionnés de sciences comme lui mais faute d’avoir trouvé pour l’instant, les camarades d’activités extra-scolaires lui suffisent largement. Les jeunes, les adultes, même sa pédopsychiatre (qui le suit pour TDAH), ne le comprennent pas. Moi oui…mais je suis HP… Si seulement les gens pouvaient nous comprendre et cesser de nous voir comme des extra-terrestres asociaux!

    1. Je vous comprends tellement !
      D’où l’intérêt d’avoir des suivis par des spécialistes eux même HP sinon la compréhension n’est pas possible ! Et les solutions du coup pas adaptée.

  3. Bonjour,
    Sans avoir été ¨diagnostiquée ¨ comme HP mais, en me sentant comme « extraterrestre » par rapport aux autres, je vous comprend, car en vous lisant je me dit que je ne suis pas la seule comme ça.
    A la fin « qui se semble se ressemble » on a pas tous les mêmes valeurs et/ou passions.
    Merci à vous!

  4. être HP ou avoir des enfants HP est un exercice d’équilibriste permanent, oui… mais utilisons nos capacités ou les leurs pour leur permettre d’enrichir tous les apprentissages, de mieux profiter des capacités, et de travailler sur les habiletés sociales, en utilisant leurs côtés positifs !! Certes c’est difficile, mais les chemins difficiles sont à la source de bien des satisfactions.
    Domi

  5. Mes 2 filles ont pu établir des amitiés de qualités uniquement lors de leurs activités périscolaires où au judo comme à l’école de musique les enfants étaient regroupés par niveaux de pratiques et non par année de naissance. Elles ont souvent établis des relations avec des enfants plus jeunes ou au contraire beaucoup plus âgés et qui partageaient un centre d’intérêt commun.

  6. Bonjour à vous tous
    Je suis maman d un garçon de 10ans (Hp) il peine à se faire des amis et souvent il se fait beaucoup embêté par ses pairs … pourtant assez sociable il ne se laisse pas faire. Par contre, je l’ai changé d établissement scolaire car bcp de violences et d’insultes mais pas uniquement à son encontre … il s agissait d’une ambiance générale qui le rongeait (injustices)…
    Il vient de faire une sem de camp et voilà qu il se retrouve avec des enfants de sa nouvelle école qui en fin de stage n arrêtaient pas de se moquer de lui … je comprends plus et ne sait plus quoi faire volontiers vos expériences et conseils
    Merci beaucoup

  7. En lisant cet article et vos commentaires, je suis dans un sens soulagée. Soulagée de peut être comprendre la différence d’attitude de mon fils à l’école et en dehors.
    Il n’est pas diagnostiqué, mais je m’interroge beaucoup.

    1. Bonjour Caroline,

      Si une forme d’isolement ou de difficulté relationnelle est associée à d’autres caractéristiques (rapidité de compréhension, grande curiosité…), il pourrait être nécessaire de procéder à un bilan pour que les décalages que vous ressentez par rapport à votre fils ne soient pas pris comme des défauts mais intégrés dans son mode de fonctionnement singulier. Vous pourrez ainsi l’aider à aller vers des personnes et activités qui lui permettent de s’ouvrir tout en étant lui-même.

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