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Les difficultés d’identification des enfants à haut potentiel souffrant d’un TDA/H

Le TDA/H et le haut potentiel intellectuel sont deux phénomènes aux effets opposés qui, lorsqu’ils se conjuguent, rendent souvent compliquée la réalisation d’un diagnostic fiable. Dans une vidéo fort instructive, le professeur Jacques Grégoire, docteur en psychologie nous explique pourquoi et comment il est possible de surmonter cette difficulté.

Comment vivre la différence de son enfant surdoué ?

La question complexe du diagnostic différentiel est présentée par le professeur Jacques Grégoire, docteur en psychologie et professeur ordinaire à la Faculté de psychologie et sciences de l’éducation de l’université catholique de Louvain en Belgique.

Nous vous proposons cette vidéo quelque peu technique, plutôt à destination des professionnels mais néanmoins très instructive sur différents points, principalement lorsque les troubles de l’attention rendent l’identification du haut potentiel plus ardue. Le professeur Jacques Grégoire donne ici des pistes intéressantes sur le rôle du professionnel quant à la nécessaire analyse des résultats qui doit être réalisée avec beaucoup de discernement et une réelle connaissance du haut potentiel et des enjeux liés à l’établissement du diagnostic différentiel.

Pour ceux et celles qui n’ont pas le temps de regarder toute la vidéo, nous résumons l’essentiel ci-dessous.

Quelques généralités

Les difficultés d’identification ou sources de confusion entre haut potentiel et TDA/H sont liées à l’interprétation des problèmes d’attention, lorsque celle-ci semble déficitaire.

En cas de haut potentiel, l’attention risque d’être perturbée par différents facteurs :

  • L’ennui qui engendrera de l’inaction ou se manifestera par de la simple rêverie, à distinguer du trouble.
  • L’enfant qui de fait est en décalage d’âge, dans le cas d’un saut de classe par exemple, sera moins stable que ceux du groupe d’âge dans lequel il évolue au niveau de l’impulsivité, manifestera des formes de bougeotte qui ne sont que la résultante de la dyssynchronie de développement (physique et émotionnel) liée au haut potentiel.
  • La pensée rapide de celui-ci peut entraîner un manque de focalisation sur une activité donnée, sans toutefois s’avérer globalement déficitaire.

Le professeur Jacques Grégoire, comme d’autres, affirme que les individus à haut potentiel semblent avoir globalement de bons résultats en attention soutenue et attention focalisée : le haut potentiel ne serait pas, contrairement à certaines idées reçues, une cause intrinsèque de déficit d’attention focalisée.

Lors du passage des tests, le professionnel réalise une interprétation à la lumière de l’ensemble des informations qui auront été mises à sa disposition, qui confronte les données de l’anamnèse (entretien préalable et prise de renseignements sur le contexte), des observations cliniques et des mesures réalisées.

La valeur ajoutée du professionnel, donc son rôle, consiste à réaliser un travail de détective qui permette de saisir le sens de la performance globale ou d’un score qui s’écarte des autres en cas d’hétérogénéité.

Il précise toutefois l’existence d’une forme d’hétérogénéité assez banale et que le sujet tout venant est relativement hétérogène. L’enjeu est de donner un sens à la mesure du QI en tenant compte des critères d’anomalie, afin de parvenir à une analyse fiable et objective.

Une seconde observation d’ordre général fournie à l’issue de l’écoute de cette vidéo me semble importante à souligner et comprendre :

Tout d’abord le haut potentiel est selon le Pr Jacques Grégoire révélateur d’une intelligence générale de haut niveau qui se manifeste essentiellement par une rapidité d’apprentissage, une plus grande vitesse de développement cognitif (à distinguer des îlots de génie ou d’aptitudes exceptionnelles associées à une retard mental plus grave).

Ce haut potentiel ne permet pas de prédire automatiquement des performances scolaires ou une réussite professionnelle exceptionnelles : cela dépendra à la fois du potentiel mais aussi des aspirations personnelles de chaque individu qui ne s’illustrent pas forcément dans la performance.

En effet, les potentialités innées, pour s’épanouir :

dépendent de conditions internes (intérêts, motivation, émotions…) et externes (environnement familial, social et scolaire)

doivent s’inscrire dans un modèle développemental des compétences qui articule les facteurs favorables et défavorables à l’expression du potentiel en une compétence de haut niveau.

Professeur Jacques Grégoire

Je le souligne pour donner des armes aux parents dans le doute à qui l’on oppose le fait que leurs enfants, selon le contexte, ne manifestent rien de visible. Il faut un contexte favorable à l’expression d’aptitudes hautes, faute de quoi les mêmes compétences peuvent donner l’illusion d’être déficitaires.

Les compétences mesurées lors des tests sont par conséquent le reflet du potentiel exprimé, c’est à dire de la transformation en compétences de ce potentiel dans un contexte environnemental et psychologique complexe. Tout le travail du professionnel qui analyse les résultats consiste à comprendre comment les conditions environnementales et les préférences individuelles vont moduler le haut potentiel, y compris en cas de TDA/H, sans commettre d’erreur d’analyse.

Le cas particulier du haut potentiel associé au TDA/H

L’établissement d’un diagnostic différentiel affiné permet de rendre justice aux capacités intellectuelles et de ne pas évacuer un haut potentiel en cas de troubles associés.

L’altération la plus fréquente constatée dans les tests en cas de haut potentiel et/ou TAD/H est celle des résultats de l’indice de vitesse de traitement et de mémoire de travail.

Les personnes à haut potentiel ont souvent des scores plus faibles en vitesse de traitement (surtout en code) pour des raisons motrices.

TDA/H et troubles d’apprentissage : les résultats les plus classiques indiquent des baisses de performances aux indices de mémoire de travail (IMT) et vitesse de traitement (IVT) suite aux problèmes de contrôle attentionnels et/ou de stockage de l’ordre sériel des informations, alors que les autres indices sont élevés.

Professeur Jacques Grégoire

Encore une fois, on constate des points communs dans les résultats déficitaires qu’il faut pouvoir replacer dans le bon contexte afin d’en comprendre les origines et trouver les solutions adaptées.

Pour l’un des miens en effet, THPI avec IVT faible, le côté motricité évoqué pour le code a été une source de ralentissement, par souci de bien faire et excès d’application dans la reproduction écrite !

Lorsque l’analyse est moins évidente et que les résultats montrent une sous-performance à l’IVT et l’IMT (associée à des résultats relativement élevés et homogènes pour les autres indices) , le Pr Jacques Grégoire recommande de calculer l’Indice d’Aptitude Générale (IAG) afin que les compétences intellectuelles de ces personnes ne soient pas minimisées par un calcul global qui ne tient pas compte de leurs difficultés attentionnelles.

Ces compétences intellectuelles, qu’il convient de soutenir malgré les difficultés d’attention, sont mesurées par le report des résultats des indices de compréhension verbale (intelligence cristallisée), de raisonnement spatial (intelligence visio-spatiale, épreuve de cubes) et indice de raisonnement fluide (intelligence fluide).

L’IAG est donc un moyen de valider l’hypothèse du haut potentiel lorsque le QI total est altéré par des troubles significatifs de l’attention.

À la lueur de ces explications, il sera peut être plus facile pour certains d’entre vous de faire la part des choses sur les les problèmes attentionnels de vos enfants, s’ils en manifestent, et pertinent de relire les résultats de leurs tests si les investigations des professionnels vous semblent insuffisantes. Vous pourrez de la sorte demander à revoir ou compléter l’analyse, ou encore vous adresser plus facilement à l’équipe pédagogique en cas de TDA/H et haut potentiel, afin de veiller à ce que tous les aspects de leur personnalité, même contradictoires, soient pris en compte.

Comme toujours l’idée n’est pas de poser des étiquettes ou d’établir des diagnostics par plaisir, mais de comprendre le fonctionnement cognitif des enfants pour leur proposer des solutions adaptées à leurs besoins.

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2 commentaires

  1. Mon fils de 7 ans a fais un test de QI il a 118 mais c’était hétérogène du coup on a fait un teste TDAH.
    Et il possible qu’il soit quand même HPI ?

    1. Bonjour,

      En principe le psychologue qui fait les tests analyse les résultats par item et si certains subtests sont dans la zone hp il peut veut donner une analyse qui tient compte d’un éventuel TDAH. Son analyse tient aussi compte des réactions de votre enfant en situation. On parle de zones de haute potentialité, sachant que celles ci seront à stimuler et qu’il faudra travailler sur les éventuels troubles, donc il y a aura 2 orientations différentes à donner au suivi de votre enfant.

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