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Le témoignage touchant d’Emilie, jeune adulte à haut potentiel et Asperger

Découvrons cette semaine le témoignage d’Emilie, une jeune femme à haut potentiel et atteinte du syndrome d’Asperger qui tente de répondre à la question « Surdouée et Asperger : bénédiction ou double peine ? »

Femme surdouée

Le cerveau d’Emilie fonctionne différemment de celui des personnes dites « normales ». Depuis longtemps, elle se pose des questions sur sa différence, et cherche à savoir pourquoi les autres ne la comprennent pas.

A 25 ans, elle est diagnostiquée à haut potentiel, mais cela ne la satisfait pas. Elle ne pense pas avoir plus de potentiel que quelqu’un d’autre, et se considère plutôt comme handicapée par sa façon de fonctionner.

Disons que j’ai plus de connexions neuronales que la plupart et surtout que les informations circulent plus vite dans mon cerveau que dans un cerveau dit neuro-typique. Autrement dit, non seulement je capte plus d’informations, mais je les traite aussi plus vite.

Cette différence peut s’avérer parfois difficile à gérer. Emilie comprend tout plus rapidement, et s’ennuie ainsi plus facilement. A l’école par exemple, elle était forcée d’attendre que tous les autres élèves aient terminé pour poursuivre la leçon. Dans sa vie d’adulte, elle a pris la décision de ralentir elle-même son propre rythme pour ne pas faire le travail de trois employés normaux sous prétexte qu’elle est « plus efficace ».

Autre problème, les relations sociales. Le fait d’être émotionnellement différente n’aide pas Emilie à s’intégrer à la masse. Bien souvent les gens dans son cas ne comprennent pas bien les codes sociaux, et peuvent commettre des erreurs qui les éloignent alors du reste du groupe.

Toute activité de groupe m’est impossible, les soirées, fêtes, les activités de cohésion d’équipe sont des choses insupportables et je me réfugie dans les toilettes les plus proches quand je suis obligée d’y assister.

C’est pourquoi Emilie a beaucoup de mal à tisser des relations amicales. Elle déteste le téléphone, par exemple, qu’elle ressent comme une invasion de son espace vital. Etre forcée de répondre immédiatement ne lui convient, elle a besoin de temps pour réfléchir à sa réponse. De plus, elle est très attachée à ses valeurs, et ne comprend pas que l’on puisse être malhonnête ou ne pas respecter la paroles donnée.

Au niveau émotionnel, Emilie à des difficultés à communiquer avec les autres personnes. Ses émotions déplaisantes sont traitées si vite qu’elle ne se souvient pas toujours pourquoi elle devrait en vouloir à quelqu’un, ce qui fait d’elle une personne très peu rancunière et une proie facile pour les profiteurs.

Je débranche fréquemment mon cerveau quand on me parle car je trouve que les gens sont trop lents dans leurs explications, ou bien qu’ils ont une vue des choses trop parcellaires, comme je sais que je ne peux pas leur faire la remarque, je me débranche en attendant qu’ils aient fini.

Je rêve d’être comprise et de pouvoir fonctionner naturellement, sans avoir à porter de masque. J’aimerais que les gens comprennent que tout ce qui vous paraît naturel, à moi me demande un effort, que je me fais violence chaque jour, pour aller faire des courses dans un centre commercial que je ne connais pas, pour aller récupérer une lampe achetée sur Leboncoin auprès d’une inconnue, pour appeler un service administratif…

Là encore, le besoin d’être prête, de tout anticiper, lui porte préjudice. Ces actions qui nous paraissent simples sont pour elle une véritable calamité et une importante dépense d’énergie. Au quotidien, elle sera plus heureuse d’avoir osé demander un renseignement ou d’être allée faire ses courses au supermarché que d’avoir couru un marathon par exemple.

Concluons en reprenant les propres mots d’Emilie qui, avec une bonne dose de lucidité, pense que « quitte à être Asperger, autant être à haut potentiel ». Selon elle, ses capacités intellectuelles hors norme lui permettent de mieux se mêler aux gens en intellectualisant ce qu’elle n’arrive pas à ressentir émotionnellement.

Retrouvez le témoignage complet d’Emilie sur Agoravox, et n’hésitez pas à partager ici vos propres impressions sur le sujet !

6 commentaires

  1. oh comme je reconnais ma fille dans ce magnifique témoignage, j’ai tant de mal à l’aider, elle a 18 ans et tâtonne dans sa vie d’étudiante, je ne la sens pas heureuse et je souffre de la voir ainsi… je vais lui faire passer les test asperger au plus vite et j’espère que nous pourrons trouver de l’aide pour elle.

    1. Bonjour, ma fille va avoir 18 ans , elle a été diagnostiqué précoce mais depuis 4 ans se pose la question de l’autisme Asperger car elle ne va vraiment pas bien … Après plusieurs tentatives de suivi psychologique et un 1er entretien au Centre Ressource Autisme de Nice elle a tout arrêté et refuse de poursuivre les tests. .. Nous sommes perdus … Que peut-on faire pour la soulager ? Elle est dans une telle colère … Comme Émilie elle se sent tellement incomprise … Et c’est vrai … Je fais ce que je peux mais nous sommes seules …

  2. Bonjour, j’ai pleuré en lisant ce témoignage. Tellement d’émotons…
    Je suis comme Emilie, Asperger et haut potentiel.
    Je considère que c’est plutôt un avantage dans ma vie, même si cela me parasite tant dans mon quotidien et dans ma si pauvre vie affective. J’ai une famille: un chéri et un garçon, mais pas d’ami. Cela me demande trop d’effort et de stress.
    Merci Emilie, je me suis sentie comprise.
    Stéphanie

  3. Bonsoir,
    Merci, en lisant « en intellectualisant ce qu’elle n’arrive pas à ressentir émotionnellement. » ça a fait ressortir quelque chose…je ne sais pas si c’est pour ça que ma compagne est partie après 14 ans, et que mon fils de 8 ans (pourtant HPI aussi) et moi n’arrivons pas vraiment à nous comprendre, peut-être même nous aimer. Et pourquoi en écrivant cela à l’instant j’ai eu une crise de larmes : est-ce tout ramener à moi, d’être dans une bulle où rien ne m’atteint comme on me l’a dit (pourtant si je pleure ça m’atteint bien au moins un moment).
    J’ai très peu d’amis, et je ne les cultive pas, ça me rends triste mais pas suffisamment pour y remédier…je n’ai même pas appelé mon meilleur ami pour lui dire qu’elle est partie il y a 1 an (il ne le sait toujours pas) : peut-être parce-que j’ai conclu qu’il ne pourrait rien dire dire ou faire pour que je me sente mieux. Idem pour mon ami d’enfance (marié, 4 enfants etc…), peut-être parce-que j’ai honte, mais je ne sais pas si c’est à cause de l’échec ou de la peine (et là j’ai l’impression de ramener encore tout à moi).
    Si j’ai jamais été heureux aujourd’hui je ne le suis plus, et je n’aime pas non plus les groupes ou d’être obligé de faire quelque chose par convention sociale. J’ai l’impression de n’avoir jamais été fait pour cette « vie de famille » véhiculée par le modèle parental…
    Et comme Emilie, la difficulté de discuter avec des gens qui n’ont pas la même perception du « monde »…etc.
    Et pour finir, la certitude qu’aucun docteur es « sciences sociales » (au moins la juxtaposition de ces 2 mots me fera toujours rire) ne pourra comprendre mon cerveau, encore moins le dépêtrer de tout ce M… qui l’encombre.
    D’où cette idée saugrenue, absolument pas préméditée, d’utiliser ce lieu virtuel comme moyen d’auto-psychanalyse au rabais (je devrais me verser 200€!).

  4. Je comprends bien la possibilité d’être détecté HP via un test d’intelligence mais comment peut-on poser le « diagnostic » d’Asperger en plus ?

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