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Le témoignage de Nicolas, jeune homme à haut potentiel

Aujourd’hui, le Télégramme nous offre le témoignage de Nicolas, jeune adulte surdoué. Âgé de 25 ans, il tente de s’intégrer dans la société, un vrai défi pour lui au vu de son parcours et de sa différence.

Dans son enfance, Nicolas a toujours étonné son entourage. Il était certes maladroit et rêveur, mais il possédait aussi une mémoire hors du commun et des connaissances supérieures à celles des enfants de son âge. Doté d’un esprit très logique, il résolvait tous les problèmes en un rien de temps. Sa famille s’interrogeait et il passa donc un test de QI à 13 ans. Le bilan n’est pas concluant car l’hétérogénéité des résultats obtenus empêche le calcul d’un QI fiable.

Un verdict plus précis tombe finalement en 2018 lorsqu’il est évalué par l’EMIA 56 (Equipe mobile d’intervention autisme) : Nicolas est un adulte à haut potentiel. Son cerveau et son mode de fonctionnement sont différents de ceux de ses pairs. Cette réponse lui permet enfin de comprendre les raisons de son parcours particulier et d’expliquer les événements qui ont jalonné son enfance, puis sa jeunesse.

Je peux regarder une série ou un film, jouer à un jeu et parler à des gens en même temps. J’ai la pensée en arborescence. Je pense à une chose, puis à deux, puis à quatre, puis à huit. Le tout en même temps.

Au début, cette façon particulière de fonctionner lui a été d’une grande aide durant sa scolarité. Malheureusement, elle lui a aussi attiré des problèmes. Il s’est fait harceler, racketter et insulter à l’école, sans en comprendre la cause sur le moment.

Je ne voulais pas changer de collège car je me disais que c’était normal, que j’étais un peu bébête, et je ne voulais pas créer de problème.

Le harcèlement scolaire est souvent dévastateur chez les enfants précoces, parfois très sensibles à l’image que les autres se font d’eux. Difficile à gérer, il peut mener à des comportements extrêmes de la part de l’enfant, allant de la phobie scolaire aux tendances suicidaires, en passant par la dépression.

Nicolas n’aimait pas particulièrement travailler. Sa mémoire lui suffisait à tout retenir et, enfant décrocheur, il ne faisait plus rien depuis la classe de quatrième :

Je n’apprenais jamais mes cours, à part pour mes devoirs. Ça ne m’empêchait pas d’avoir la moyenne. Je n’avais pas des notes exceptionnelles mais cela me suffisait.

Ce manque de travail peut poser problème dans les études supérieures, lorsque la mémoire ne suffit plus pour faire illusion. Un enfant qui n’a jamais appris à travailler et à apprendre se retrouvera bien souvent pris au dépourvu par la quantité nouvelle d’informations à engranger et les méthodes à acquérir.

Nicolas parvient tant bien que mal à obtenir tout de même deux baccalauréats et un BTS, mais il n’a plus envie d’étudier. Aujourd’hui, il cherche un travail, mais n’en trouve pas qui corresponde vraiment à ses aspirations.

Pour Marie-Noëlle, la maman de Nicolas, les chose semblent simples :

La grosse difficulté, c’est que les adultes à haut potentiel ne sont pas considérés comme souffrant d’un handicap.

Certes, une façon différente de fonctionner peut être gênante dans certaines situations, notamment au travail, quand il faut composer avec sa hiérarchie, ses collègues, voire des clients pas toujours compréhensifs, ni capables de s’adapter. Néanmoins, je ne pense pas qu’on puisse considérer le haut potentiel intellectuel comme un handicap à proprement parler.

Plutôt que d’être désignés comme handicapés, les adultes comme les enfants à haut potentiel devraient simplement être reconnus comme tels. Le problème vient de ce que la plupart des gens ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre que l’on puisse penser et travailler différemment. Le témoignage de Nicolas, me semble-t-il, est un bon exemple des conséquences de cette incompréhension mutuelle

Voir l’article en entier sur le site du Télégramme

3 commentaires

  1. Laurence, 46 ans, tout pareil, au chômage pour la 24ème en 23 ans. Toujours pas réussi à trouver ma voie et oui, je pense personnellement que c’est plus un handicap qu’une chance. S’adapter, encore et toujours, cacher, renier ce que l’on est: tout le temps! Autant de violence quotidienne qui font que mon corps dit stop: je fais un syndrome de mal absorption que les médecins ne parviennent pas à expliquer. J’envie les chanceux et/ou les courageux qui peuvent s’en servir comme une force et pleinement: oh les bienheureux!

  2. Emmanuèle, 50 ans, et mon fils Elias 8,5 ans, avons le même profil de zèbres. Mes parents ne m’ont absolument pas accompagnée, et j’ai eu pas mal de difficultés, encore maintenant. Par contre, je fais en sorte que mon fils puisse libérer tout son potentiel et je me bats chaque année avec les enseignants pour qu’ils comprennent. Et l’année dernière, j’ai réussi à convaincre l’instit et son attitude a été extraordinaire. Elle a compris que oui, il pouvait faire exprès de rater son année, oui même s’il trifouiller dans son plumier, il écoute, etc. Elle l’a pris en main, lui a mené la vie dure, ne l’a pas laissé pour compte. Cette différence est une chance, vraiment, et il n’est jamais trop tard pour nous épanouir et au vu de nos connaissances actuelles d’évoluer, de trouver notre voie et de s’y sentir bien ! NON, ce n’est pas un handicap, c’est une force !

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