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Une adolescente surdouée, une psychologue de renom et un enseignant, trois points de vue sur le haut potentiel

A Nice, une conférence récente réunissait trois intervenants variés dans le cadre du colloque Neuroplanète 2020 pour aborder la question du haut potentiel intellectuel.

Le papillonnage chez les enfants et adultes surdoués

Je vous propose aujourd’hui de visionner une conférence animée par Béatrice Parrino, journaliste du Point, intitulée « Haut potentiel : le cas des cerveaux hors norme ». Elle a le mérite d’associer des points de vue et regards différents sur cette thématique : ceux d’Alice Boisserand, en tant qu’adolescente concernée et élève, ceux de Jeanne Siaud Facchin , psychologue professionnelle investie et enfin ceux de l’Education Nationale représentée à cette occasion par Jean-Pierre Bellier, enseignant spécialisé et psychologue scolaire.

J’ai extrait pour vous ci-dessous les éléments qui m’ont paru essentiels dans cette conférence à l’issue de laquelle sont aussi abordées des questions diverses posées par le public.

Alice Boisserand : jeune fille de 18 ans à haut potentiel, identifiée à l’âge de 15 ans, auteur d’un livre intitulé « Extranormale« .

J’ai beaucoup apprécié la simplicité et l’humilité d’Alice qui, à mon sens, donne une idée assez juste et globale du vécu de l’enfant et de l’adolescent à haut potentiel en particulier.

Pour exprimer sa façon de vivre son haut potentiel, elle se définit par un sentiment de bizarrerie, d’anormalité, renvoyé par le regard des autres. Elle évoque une évolution au fil du temps des caractéristiques qui la définissent : un langage précoce, une maturité avancée d’où certaines difficultés à échanger avec ses camarades, une grande sensibilité. J’aimerais insister sur cette notion de maturité qu’elle explique bien, notion qui est souvent incomprise et utilisée à tort par la négative, les jeunes enfants à haut potentiel étant souvent qualifiés d’immatures. En fait, ceux-ci ne sont pas immatures, bien au contraire, ils sont plutôt hyper conscients de leur environnement, soucieux du bien être de leur entourage, préoccupés par des questions d’ordre existentiel, préoccupations qui ne leur confèrent ni l’insouciance ni la spontanéité souvent observées chez la majorité de leurs pairs.

Jeanne Siaud-Facchin, psychologue bien connue et auteur de nombreux ouvrages

Jeanne Siaud-Facchin donne une définition intelligente du bilan qui explique bien tout l’intérêt qu’il y a à le faire réaliser lorsque le haut potentiel est envisagé. Il s’agit d’une évaluation des mécanismes qui sous-tendent la production de l’intelligence (comment elle se manifeste) et d’une exploration associée de la personnalité de l’individu.

Elle aussi revient sur le « sentiment » de différence ou de décalage avec les autres qui rend les enfants à haut potentiel mal à l’aise, plus que le haut potentiel en lui-même. Je dirais qu’en fait la nécessite de devoir en permanence ajuster son comportement à une image standardisée qui n’est pas le reflet de la personnalité vraie des enfants à haut potentiel est une réalité non visible mais qu’ils ressentent fortement et peut devenir déstabilisante au fil du temps.

J’ai rapidement mis plein plein de masques différents qui au final m’ont fait me perdre… parce que je ne savais plus qui j’étais.

Alice

Jean-Pierre Bellier, enseignant spécialisé, psychologue scolaire, porteur du projet de création d’un corps de psychologues de l’Education Nationale

Jean-Pierre Bellier nous pose la question de la place du haut potentiel dans l’école publique et résume la problématique à travers 3 défis à relever :

  • le repérage du haut potentiel
  • la compréhension de la différence,
  • la construction d’un parcours personnalisé.

Vous retrouverez d’ailleurs tous ces points ainsi que quelques autres expliqués et détaillés dans notre plaquette d’information sur l’élève à haut potentiel intellectuel, spécialement conçue pour aider les enseignants à accompagner et comprendre les élèves surdoués.

J’apporterais quand même une nuance aux propos de Jean-Paul Bellier lorsqu’il aborde le repérage : celui-ci est, comme souvent et de façon regrettable, associé à des troubles nécessitant une intervention. Or dans bon nombre de cas, les signes évocateurs du haut potentiel ne sont pas des troubles mais bel et bien, à condition de vouloir s’y pencher d’un peu plus près, des capacités de compréhension avancées par rapport à la norme.

D’autre part, ce professionnel semble regretter que, malgré l’existence d’outils pour différencier le suivi de chaque élève , le système éducatif manque toujours de ressources adaptées. Pourtant, comme nous l’avons démontré par des exemples concrets dans la plaquette d’information, il suffit souvent de bien peu d’efforts de la part de l’enseignant pour satisfaire les besoins rarement exorbitants de l’enfant précoce.

Je demeure au final un peu sur ma faim pour ce qui concerne l’intervention de Jean-Pierre Bellier qui, lorsqu’on l’écoute bien, n’a pas l’air d’être convaincu des réelles possibilités d’accompagnement des enfants précoces par le système scolaire en général et semble globalement désabusé. Il dit je cite :

La réussite ne se mesure pas à la performance scolaire mais pour l’essentiel à l’épanouissement personnel.

Par cette formulation il associe haut potentiel à une besoin supposé de performance et renvoie, peut-être malgré lui, à l’image persistante et erronée de l’élève qui réussit en tous points. Or le principal sujet de préoccupation des parents d’enfants précoces n’est pas la performance, leur principal souhait est l’épanouissement de leurs enfants dans le cadre scolaire et privé, épanouissement qui passe néanmoins par la satisfaction des besoins d’effort et d’apprentissages.

Personnellement je ne suis pas tout à fait rassurée pour la scolarité de nos enfants à l’issue de ce témoignage, sans doute y a t-il encore beaucoup de travail d’information à réaliser ? Qu’en dites-vous ?

2 commentaires

  1. « La réussite ne se mesure pas à la performance scolaire mais pour l’essentiel à l’épanouissement personnel. »
    Par cette formulation il associe haut potentiel à une besoin supposé de performance et renvoie, peut-être malgré lui, à l’image persistante et erronée de l’élève qui réussit en tous points = je pense que la réflexion a mal été analysée car la réponse est inappropriée. Le psy dit simplement que ces individus enclins à une tendance a la dévalorisation fréquente doivent viser leur réussite personnelle à travers la réussite scolaire, et non la réussite sociale.

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