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Tu es trop jeune pour comprendre

Répondez par cette pirouette à un enfant précoce et vous serez certain d’alimenter sa curiosité bien au-delà de vos envies.

Enfant pensif

Avec cet article, j’inaugure une série de phrases et d’expressions qu’il vaut mieux éviter d’utiliser avec les jeunes et moins jeunes surdoués. Je vous propose d’en dresser ensemble une liste par le biais de vos commentaires.

« Tu es trop jeune pour comprendre », ou sa variante « Tu comprendras quand tu seras plus grand ». Qui n’a jamais entendu cette phrase, prononcée en général par les parents, pour mettre court à une discussion faute de temps ou esquiver une demande d’explication qui s’annonçait délicate à satisfaire eu égard au sujet dont il était question ?

D’abord, faut-il le rappeler, il devrait être évident pour chacun que l’âge a peu à voir avec les facultés de compréhension logiques d’un enfant surdoué (dans certaines limites évidemment) et que, dans la plupart des cas, la réponse ainsi donnée a peu de rapports avec la réalité. D’autant plus que les limites en question sont souvent bien mal appréhendées par l’adulte qui formule la remarque. Il n’en va évidemment pas de même de la maturité affective et des connaissances de l’enfant et l’on peut comprendre que certains sujets ne soient pas abordés avec les plus jeunes comme ils le seraient avec un adolescent ou un adulte.

Cependant, en choisissant de répondre par cette pirouette à un enfant précoce, l’adulte s’expose à déclencher chez celui-ci deux types de réactions, parfois concomitantes, parfois successives.

Du fait de l’hypersensibilité qui le caractérise, l’enfant, souvent loin d’être dupe, comprendra mal la raison qui pousse l’adulte à ne pas lui répondre sur le fond. Il pourra alors s’en vouloir d’avoir posé une question dérangeante, causant l’embarras d’un adulte, qu’il ressent avec empathie, ce qui a pour conséquence de l’attrister. Se mélangent alors dans son esprit et dans son cœur la peine ressentie par l’adulte et celle qu’il sent au fond de lui pour n’avoir pas été pris sérieusement en compte.

Dans un deuxième temps, ou tout de suite chez les enfants moins sensibles, un deuxième type de réaction va intervenir. L’enfant ou l’adolescent concerné se sentira piqué au vif et sa curiosité naturelle prendra rapidement le dessus. Quelle est donc cette chose si intéressante, que l’adulte cache derrière sa réponse de circonstance ?  Pourquoi refuse–il de répondre ? Il y a anguille sous roche et cela mérite bien de se livrer à quelques investigations personnelles. C’est peu dire que le résultat escompté par l’adulte, parent ou éducateur, ne sera pas au rendez-vous.

A cette phrase toute faite, solution faussement commode, mieux vaut préférer une réponse simple et effectivement compréhensible par l’enfant en fonction de ses capacités du moment. Cela n’oblige cependant pas l’adulte à livrer  des détails qu’il juge superflus et qu’il ne veut pas divulguer pour de bonnes raisons. Il est toujours possible de répondre à une question de l’enfant sans en dire trop. Celui-ci cherchera rarement à pousser par malice l’adulte dans ses retranchements et, le plus souvent, il se satisfera des explications que ce dernier aura bien voulu lui donner.

Si c’est une question de temps plus que de contenu qui a poussé le parent ou l’enseignant à user de ce stratagème inefficace, il aurait été plus honnête et plus juste de proposer à l’enfant de lui répondre ultérieurement. En veillant cependant à tenir parole, comme nous le verrons dans l’un des prochains épisodes de cette série.

Et vous, quelle phrase trouvez-vous insupportable à entendre pour un enfant ou un adulte surdoué ?

7 commentaires

  1. « Tu n’as pas besoin de savoir »
    Ben, euh, si, justement !

    Et ma grand mère : « Oh la la, ils sont casse pieds, ces « monsieur-je-sais-tout » qui veulent tout comprendre ! J’espère que ton fils ne sera pas comme ça ! » 🙁

  2. « C’est dans le programme de l’année prochaine » réponds le professeur.
    Mais je veux savoir moi!!!

  3. -Maman pourquoi [la question]
    -Parce que

    Rien de plus débile comme réponse que « parce que ». D’une part ça ne veut rien dire. D’autre part cela conduit en général a quelque chose comme cela:

    -Parce que quoi?
    -Parce que c’est comme ça!
    -Pourqoi c’est comme ça?
    -Parce que.
    (…) jusqu’au fatidique:
    -Merde! fous moi la paix (ou autre terme du même genre)

    Et que l’enfant ne cherche pas à réutiliser la même technique d’esquive. Pour l’avoir testé moi-même sachez que cela ne fonctionne pas

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