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Qu’est-ce qu’une bonne adaptation scolaire pour l’enfant surdoué ?

Une fois le diagnostic de précocité intellectuel établi par un professionnel se pose rapidement aux parents la question des implications pour la scolarité de leur enfant.

Qu'est-ce qu'une bonne adaptation scolaire pour l'enfant surdoué ?

Une fois que le bilan (ou test de QI) établissant la précocité intellectuelle de leur enfant a été effectué, la question de l’adaptation scolaire devient vite prédominante pour les parents. La première étape de la détection franchie ouvre en effet la voie aux questionnements sur la scolarité de l’enfant précoce : et maintenant, que faut-il faire avec le bilan en mains ?

On entend parler de saut de classe, d’écoles spécifiques pour EIP, de parcours adaptés prenant en compte leurs particularités. Quelle est la bonne solution,  y en a t-il de durable ? Sur quels critères faut-il se baser pour choisir ?

Lorsque cette question se pose, c’est souvent que le parcours de l’enfant précoce jusque là n’a pas été fluide et qu’une difficulté ou un décalage ont justement entraîné la passation d’un bilan psychologique.

Dans ce cas là, il est important de bien comprendre le bilan et de pouvoir s’y fier, à l’aide du professionnel qui l’a effectué, afin de pouvoir prendre une décision bénéfique pour l’enfant.

Il est primordial d’avoir confiance en l’analyse qui est faite. Le bilan n’est pas seulement le moyen de mettre en avant la précocité son enfant ou un chiffre de QI, il est surtout un outil de compréhension de la personnalité de l’enfant.L’analyse porte sur la façon de raisonner mais aussi sur la gestion des émotions,  sur la manière de réagir face à la difficulté … donc sur les critères d’adaptabilité de l’enfant à une situation donnée. Il permet de raisonner en termes de besoins pour l’enfant précoce, besoins à satisfaire afin qu’il se sente épanoui et équilibré.

Il est important de comprendre ce que le bilan veut dire entre les mots car l’accompagnement proposé aux jeunes précoces sera différent selon que le résultat obtenu est homogène ou non, selon l’âge de l’enfant et son vécu, selon qu’il y ait prédominance ou non du facteur émotif, selon la sensibilité de l’enfant…

Dans les grandes lignes, 2 options scolaires sont possibles,  le saut de classe ou une scolarité adaptée avec maintien dans la classe correspondant à l’âge de l’élève.

Le saut de classe

C’est la solution qui semble être la plus courante et la plus simple à mettre en œuvre (encore que cela ne soit pas toujours le cas dans la pratique).

Qu’en est-il en réalité ? Je pense qu’il s’agit d’une bonne solution dans les premières années d’école, en maternelle en particulier,  pour un enfant dont le profil est homogène, qui est en demande d’apprentissage  (au sens où lui l’entend  c’est-à-dire qu’il a envie d’apprendre à lire, à écrire, à calculer, de comprendre son environnement…). C’est le cas de l’enfant curieux, observateur, qu’on dira éveillé, qui parle beaucoup et bien et qui peut se retrouver en situation d’ennui dans sa classe du fait de son niveau de connaissances mais aussi de sa difficulté à échanger avec les autres élèves car il ne trouvera pas de réponse adaptée au sein de la classe (du fait d’un décalage évident au niveau de la façon de s’exprimer et des préoccupations).

Cet enfant pourra trouver avantage à accélérer sa scolarité pour se retrouver avec des enfants plus âgés et être confronté à des activités plus stimulantes pour lui (c’est souvent le cas des enfants qui ont une scolarité raccourcie en maternelle pour accéder plus vite au CP).  Cette solution est généralement bénéfique pour ces enfants à haut potentiel sans grande difficulté ou avec de petites difficultés motrices liées à l’âge mais bien prises en compte. L’écriture par exemple peut être un frein.

Le saut de classe est-il pour autant une solution suffisante et bénéfique dans le temps ? Le risque principal est, à mon avis, pour les années de primaire et plus, de permettre à l’enfant une accélération ponctuelle donc bénéfique dans l’immédiat, mais qui risque fort avec le temps, si rien d’autre n’est mis en place par ailleurs, de le replonger dans un schéma classique d’apprentissage une fois l’avance compensée. C’est pourquoi aujourd’hui nous serions plutôt tentés de répondre aux besoins des enfants précoces (comme à ceux des autres enfants d’ailleurs), par une pédagogie différenciée et adaptée.

La pédagogie différenciée

Son but est d’offrir à l’enfant précoce un cadre éducatif  adapté, pour son épanouissement personnel mais aussi en vue de son intégration dans un système social et éducatif bien construit. Il s’agit en réalité de prendre en compte les spécificités de chacun, de l’enfant précoce comme de l’enfant en difficulté ou subissant des troubles des apprentissages type DYS. L’idée est de répondre au besoins de l’élève pour qu’il prenne plaisir à se rendre à l’école, se sente valorisé, ait l’impression de progresser et d’apprendre.

Les moyens et les outils à la disposition des enseignants sont nombreux.

Le premier, primordial, est déjà la reconnaissance de la précocité lorsqu’elle est dûment établie, afin d’éviter à tout le monde de perdre du temps inutilement et surtout de permettre à l’enfant à haut potentiel, dont le parcours n’a pas toujours été fluide ni simple, d’aller rapidement de l’avant de façon constructive et positive.

Ensuite, l’équipe éducative va devoir s’adapter aux particularités propres et aux besoins de chaque HPI, en fonction de ce qui a été établi lors du bilan et de son vécu. Selon les parcours, des moyens d’enrichissement, d’approfondissement, des défis pourront être mis en place, accompagnés au besoin de contrats pédagogiques d’adhésion voire de plans pédagogiques de réussite éducative (PPRE) en cas de difficultés constatées.

La finalité est la reconnaissance de l’enfant précoce dans ses particularités et spécificités, afin de lui permettre d’évoluer à son rythme tout en étant inclus dans le groupe selon cette citation :

« Ce n’est pas s’inscrire dans une perspective de normalisation mais faciliter son intégration dans le cadre de son inclusion ».

Pour exemple notre troisième, en petite section de maternelle, a pu une certain temps bénéficier du fait d’être dans une classe à double niveau et était intégré l’après-midi au groupe des moyens afin de pratiquer des activités plus intéressantes pour lui. Cela lui convenait parfaitement bien et suffisait à son épanouissement (en plus du fait qu’il se sentait ainsi reconnu et valorisé) jusqu’au retour de la maîtresse en poste qui de retour de son congé de maternité, a mis un terme brutal à cet aménagement de bon sens consenti par son remplaçant, par méconnaissance du sujet ou manque de volonté. Notre fils n’a pas tardé à manifester son malaise par la suite !

Les moyens sont récapitulés dans différents ouvrages mais je vous conseille celui de Roselyne Guilloux, Les élèves à haut potentiel intellectuel, que je trouve intéressant car il aborde à la fois les aspects pédagogiques mais aussi les facteurs psychologiques et émotionnels de la précocité, et insiste sur le nécessaire travail en équipe de tous les intervenants qui entourent l’enfant à haut potentiel :

Cette solution a comme autre avantage de permettre à l’enfant précoce de ne pas se sentir différent ou exclu, du fait de ses caractéristiques particulières ou de son âge. En effet dans le cas du saut de classe la question de l’âge vient inévitablement sur le tapis et avec elle la justification obligatoire et les jugements des uns et des autres, a fortiori lorsque l’avance atteint deux, voire trois ans. Je reproduis ici le témoignage récent de Yoni sur le site, jeune adolescente en avance qui exprime ainsi ses sentiments :

« Bonjour, je suis également en classe de 2nde Générale, et dans le profil de l’enfant brillant à décrocheur. Diagnostiquée à très haut potentiel à l’âge de 8 ans, je me retrouve en 2nde à 12 ans. Enfant brillante, adolescente provocatrice et décrocheuse, je suis accablée d’un sentiment d’ennui. Harcelée depuis 4 ans par des gens inconnus qui ne se rendent pas compte qu’ils le font, j’ai développé une certaine tendance à l’autodestruction scolaire.
A tous les parents qui liront peut-être ceci: prenez le temps. Prenez le temps d’expliquer à l’administration de l’école de votre enfant sa situation, ne lui fixez pas des objectifs élevés, qu’il pourrait par ailleurs atteindre sans problème, quand il a une bonne note ne le félicitez pas de cette note mais plutôt de ne pas avoir décroché, ne lui faites pas faire de travail supplémentaire à la maison s’il ne le désire pas. Et surtout, demandez une extrême confidentialité de la part de l’équipe administrative et enseignante de votre enfant: c’est moins son ennui que les questions des autres à propos de sa précocité qui le détruisent.
J’espère avoir pu vous être utile. « 

Vous pourrez lui répondre en suivant ce lien : témoignages d’adolescents

Par ailleurs si la question de la maturité me semble un faux problème chez le jeune enfant en cas de saut de classe (il passe généralement inaperçu et pose plutôt problème à l’entourage adulte qu’aux enfants), elle me semble beaucoup plus réelle et difficile à gérer plus tard en cas d’avance supérieure à un an.

Un dernier point important à mon sens est qu’un bon accompagnement (parents, enseignants, autres professionnels si besoin) dans le cadre scolaire permet à l’enfant de s’accepter et surtout de se connaître. L’enfant qui a appris à mettre en œuvre certaines  pratiques, qui sait comment il réfléchit, qui sait analyser ses besoins et accepter un contrat… sera plus à même de comprendre plus tard la méthodologie enseignée et de se l’approprier  pour bien répondre à la demande scolaire.

Quoi qu’il en soit, l’acceptation naturelle par tous du haut potentiel lorsqu’il vient à être détecté est primordiale pour aider l’enfant précoce à bien grandir, à vivre une scolarité épanouie, adaptée mais non remarquée,  afin de devenir un adulte bien dans sa peau et dans sa vie.

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