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Quand l’intelligence dérange !

Affiché ou non, le haut potentiel est un caractère déterminant de la personnalité avec lequel il faut composer, notamment dans ses relations avec les autres.

Le sentiment de décalage de l'enfant surdoué

Sarah, 19 ans aujourd’hui, témoigne dans Le Figaro Étudiant des difficultés à se faire accepter par ses pairs du simple fait d’être « différente » par nature.

En effet, si l’on se pose la question du bien fondé de l’identification, l’exemple de Sarah montre que sur le plan relationnel, les décalages se font ressentir très tôt, indépendamment de la prise de conscience de leur origine. La crainte souvent exprimée de « l’étiquette » que porteraient les enfants à haut potentiel s’ils passaient un test est par conséquent à relativiser, ils se démarquent involontairement ou malgré eux dans leur façon d’être. Tout au plus est-elle à prendre comme un facteur rassurant, qui fournit une explication à la difficulté d’adaptation.

Dans l’exemple de Sarah, les difficultés relationnelles ont commencé avant l’établissement du bilan, et ont malheureusement perduré après…

Sarah subit du harcèlement en classe de CE2 et CM1. «J’ai vécu l’enfer, j’étais toujours seule et je me réfugiais dans les toilettes pour pleurer», se souvient la jeune fille. Elle poursuit: «Les professeurs ne remarquaient rien, personne ne percevait de ma détresse.»

«Mon intelligence dérangeait mes camarades qui s’en servaient pour se moquer de moi», rapporte Sarah,. Elle est isolée par ses pairs, qui tentent de la déstabiliser par tous les moyens, ne manquant pas une occasion de l’attaquer.

Le récit de Sarah confirme l’attitude d’une majorité de filles qui font leur possible pour se conformer aux attentes de leur environnement, pour ne pas souffrir. Ce besoin de camouflage des filles est appelé « effet caméléon ».

L’effet caméléon : un impact double, tantôt positif, tantôt négatif.

Il est regrettable à la lueur de ce témoignage que le haut potentiel soit encore perçu comme quelque chose de gênant, à cacher, car son accompagnement ne va pas de soi. L’on comprend bien qu’elle n’ait pas envie d’être considérée comme une personne en marge ou de donner l’impression d’obtenir un traitement de faveur. Cela demande une grande force de caractère et suppose de brider, occasionnellement, certaines envies ou certains aspects de sa personnalité.

Direction l’institution Saint-Vincent à Rennes, qui propose des sections dédiées aux EIP. Mais Sarah refuse d’intégrer cette classe, cache sa précocité, et préfère se mêler aux autres.«Je voulais absolument être traitée comme tout le monde».

Sarah a visiblement bien réussi à composer avec cela et à compenser par ailleurs, à l’aide de ses parents qui lui ont donné la souplesse éducative dont elle a eu besoin, accompagnée d’un suivi psychologique, nécessaire sans doute pour qu’elle puisse aller, avec le temps, vers l’accomplissement avec un potentiel assumé, à sa manière.

Son choix lui a réussi : elle a préféré se consacrer, en toute connaissance de cause, à ses passions dans un cadre extra-scolaire, plus favorable à l’expression de sa personnalité.

Elle est attirée par des amis plus matures, voire plus vieux: «Au début du collège, à l’équitation, je m’étais liée d’amitié avec une dame de 35-40 ans, avec laquelle j’échangeais durant des heures», se remémore-t-elle

D’autres enfants pourraient avoir moins de chance, vivre malgré eux un décalage inexpliqué, donner l’impression d’être semblables à leurs pairs au prix de nombreux efforts inaperçus et d’une grande souffrance.

Pour les parents qui doutent, nous espérons que cet exemple vous aidera à pousser la porte d’un psychologue compétent si vous suspectez un haut potentiel chez vos enfants. Test ou non, la singularité de vos enfants est bel et bien présente et nécessite d’être comprise pour éviter des souffrances inutiles, masquées ou cachées.

Lisez le témoignage de Sarah en entier sur Le Figaro Étudiant

3 commentaires

  1. Ma fille de 12 ans est HPI.
    Elle a sauté une classe et est en 5eme.
    Je la vois de + en + avoir un comportement inadapté avec ses copines, souvent très agressif et hautain, alors qu’elle n’est pas du tout comme ça à la maison.
    Je m’inquiète de l’image qu’elle donne d’elle, certainement pour se protéger des moqueries ou attaques de ses camarades.
    Sa soif de connaissance est tellement visible et sans fin, tel un puits sans fond….
    Je ne sais plus comment faire pour m’adapter à ses besoins, la conseiller et la rassurer…
    Sa particularité est un don, mais que c’est difficile pour elle à gérer….

  2. madame, en vous lisant je reconnais un peu ma fille. Elle est HPI et froide avec les autres filles voire cassantes mais les autres sont aussi aggressives avec elle. Ma fille a comme la vôtre une soif de connaissances énorme, en a marre des jeunes qui se ressemblent tous. Votre fille comme la mienne veulent se protéger des moqueries qu’elles auront.
    J’ai dit à ma fille d’écrire ce qu’elle pense sur les autres dans un journal, de faire de la relaxation à la maison et de ne pas être cassante avec les autres mais de le prendre avec humour mais c’est difficile!

  3. bonjour, j’ai 40 ans et me suis toujours sentie à part… En lisant vos commentaires, je comprends que moi aussi, je suis certainement HP…. Eh bien je leur souhaite bcp de courage à vos filles…

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