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Les étudiants surdoués en classes préparatoires, une expérience parfois difficile

À quoi doit-on s’attendre en entrant en prépa ? Est-ce adapté à tous les enfants surdoués, et quels sont les dangers qu’ils devront affronter ? Arielle Adda nous en parle plus en détail.

Dans sa dernière chronique sur le Journal des Femmes, Arielle Adda développe son point de vue sur les classes préparatoires et les risques auxquels les jeunes adultes à haut potentiel intellectuel s’exposent en y entrant.
La dernière année de lycée marque pour nombre d’élèves surdoués une sorte de délivrance ; l’obtention du baccalauréat, l’occasion, enfin, de se concentrer sur des études plus intéressantes et des thèmes qui les motivent vraiment.

La suite vient tout naturellement : intégrer une  » bonne  » Prépa, grâce à leurs notes, à leur habileté à se débattre dans la jungle des choix et à une bonne dose de chance. Ils ne seront pas trop dépaysés puisqu’ils restent dans un cadre scolaire et ils seront enfin dans la compagnie de semblables, ayant suivi le même parcours et partageant leurs rêves d’avenir, même s’ils restent encore flous pour le moment.

Mais aller en prépa, ce n’est pas seulement se faire plaisir en étudiant enfin, après ces longues années de classe parfois ennuyeuses, un domaine qui nous enthousiasme. De nombreux écueils pavent cette voie en apparence toute tracée, et pas des moindres. Parmi eux, les deux principales difficultés qui sortent du lot sont l’accroissement soudain de quantité de travail à fournir, sans commune mesure avec ce qui est exigé des élèves de lycée, et l’esprit de compétition omniprésent. Les premières années de classe préparatoire sont là, certes pour que les élèves y apprennent ce dont ils auront besoin, mais aussi pour trier les nombreux candidats. La concurrence est rude entre les étudiants, et la pression exercée par les enseignants ne leur laisse aucun répit. Comme le dit Arielle Adda, certains élèves « s’entraînent déjà à se battre pour leur seul profit, grâce à une réussite qui écrasera celle de leurs condisciples. »

Notons cependant que la classe préparatoire n’est pas la seule voie possible pour atteindre un haut niveau d’études. La licence, puis le master permettent eux aussi d’arriver en doctorat. C’est le cas de mon grand frère qui, ayant entendu l’avis et les témoignages de plusieurs professeurs sur la prépa, a choisi de passer par la licence de mathématiques pour finalement finir docteur en fin d’année dernière. Si la prépa permet d’acquérir, à terme, une sorte de blindage et un bon niveau, nombreux sont ceux qui n’y résisteront pas malgré toute leur bonne volonté. Charge alors au futur étudiant de peser le pour et le contre et, surtout, de faire son choix en connaissance de cause pour éviter, en cas d’échec, la douloureuse désillusion évoquée par Arielle Adda.

Sa réaction est alors à la mesure de sa déception : en réalité, ce sont ses espoirs qui se fracassent, son avenir a sombré dans cet effondrement qui ne laisse plus aucune voie ouverte, pense-t-il. Son image qui s’est disloquée, laissant la place à un énorme sentiment d’imposture.

Outre la chute subite de confiance en soi qu’il subit, le jeune étudiant surdoué doit aussi affronter le regard des autres. Lui qui était persuadé de faire le bon choix et de parvenir au terme de son parcours sans trop de difficultés, voilà qu’il est obligé de se remettre en question. Il peut avoir le sentiment de trahir la confiance qu’on a placé en lui et s’en vouloir d’avoir donné de faux espoirs, une fausse impression à ses proches.

C’est aussi un problème récurrent chez les élèves à haut potentiel intellectuel, qu’ils soient enfants ou adolescents : jusqu’à la foi du primaire ou même au milieu du collège, ils n’ont jamais vraiment eu à fournir d’efforts pour réussir en classe. Mais au fur et à mesure que le niveau scolaire augmente, et particulièrement à l’entrée au lycée, cela leur fait défaut : la charge de travail augmente subitement, et la densité des notions étudiées aussi. Ils doivent, selon la formule consacrée, « apprendre à apprendre », mais il est un peu tard pour s’y mettre. C’est d’autant plus déstabilisant lorsque l’élève commence sa classe préparatoire et que le sujet d’étude le passionne depuis toujours : il veut bien faire et s’y intéresse vraiment, mais n’a pas acquis la méthode de travail nécessaire à une bonne assimilation des notions

Il a pu aussi y avoir un environnement proche qui a subtilement sapé sa confiance en lui par des remarques faussement objectives et apparemment formulées pour son bien, afin qu’il apprenne à se battre et à s’affirmer, mais il les a entendues à un âge où les armes ne sont pas encore forgées.

Bien entendu, tout ce qui vient d’être dit ne s’applique pas systématiquement aux jeunes adultes à haut potentiel. Certains s’en sortiront sans problème, d’autres en garderont un souvenir mitigé. Cependant, il vaut mieux y être préparé dès le plus jeune âge ; savoir fournir un vrai travail, un vrai effort peut toujours servir, que l’on aille en prépa ou pas, et à tout âge de la vie.

Il est indispensable d’entraîner les enfants à exécuter des tâches très difficiles, afin qu’ils prennent l’habitude de donner le meilleur d’eux-mêmes, presque étonnés de parvenir à de tels résultats.
L’entrée en Prépa ne doit pas être considérée comme une année de plus en classe, c’est un changement radical auquel on ne s’attend pas forcément. Préparer cette rentrée, si possible avec d’anciens élèves peut constituer une aide appréciable.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez vous connu quelqu’un, un parent, un ami ou même un de vos enfants dans cette situation ? N’hésitez pas à nous faire part de vos témoignages et à en parler dans les commentaires ou sur les forums !

Lire la chronique d’Arielle Adda en entier sur le site du journal des femmes

2 commentaires

  1. Bonjour,
    Je rejoins et confirme les propos d’Arielle Adda. Il convient de ne pas faire un raccourci du type « il/elle est HP, a de bons résultats, donc peut/doit aller en prépa ». Il convient de bien étudier la personnalité de l’élève, son comportement face aux apprentissages, son profil d’apprentissage. A titre d’exemple, mon fils était qualifié de « brillant » au regard de ses résultats mais n’avait pas du tout le profil de la prépa puisqu’il faisait de la phobie scolaire et était en grande souffrance. Il a donc choisi une école d’ingénieurs bien plus proche de ce qu’il est avec une dimension internationale dès la première année. Il s’avère que cela a été un très bon choix pour lui.
    Je reçois tous les jours en accompagnement et/ou en bilan d’orientation de jeunes HP… pour certains, la prépa est envisageable, pour d’autres pas du tout… comme pour tout autre élève d’ailleurs.
    Valérie

  2. Adulte à haut potentiel (et maman de 4 enfants HP), ma prépa à été difficile. Je pense que je n’en serai pas venue à bout sans le soutien de mes deux meilleurs amis de lycée, aussi HP et qui ont intégré la même prepa que moi. Nous nous sommes battus ensemble et avons intégré tous les trois des écoles d’ingénieurs différentes, ces années nous ont soudés comme rien n’aurait pu le faire…
    Il faut le dire, la prépa, si elle est stimulante intellectuellement, est difficile car pour la première fois de sa vie le jeune adulte n’est pas dans la facilité… Si je n’avais pas appris le goût de l’effort dans mes années de lycée (en dehors du cadre scolaire, tout était trop facile en cours…) Je ne sais pas si j’aurais réussi la prépa ! J’en garde un souvenir mitigé, comme l’indique votre article… Mais surtout cet étonnement et cette certitude que si je donne le meilleur de moi même, je peux tout réussir ! Une grande confiance en moi donc…

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