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La reconnaissance des surdoués à travers les siècles

La notion d’enfant précoce et de surdoué a sensiblement évolué à travers les âges, au gré des évolutions sociétales, philosophiques et scientifiques. Petit retour en arrière instructif.

La reconnaissance des surdoués à travers les siècles

De tous temps, les enfants surdoués ont été une source d’interrogations pour leurs contemporains. Considérés comme de véritables prodiges ou victimes de l’égalitarisme selon les époques, seule la victimisation et la pathologisation de leur cas leur a permis d’être finalement reconnus.

Dès la Grèce antique, on trouve des textes faisant état d’enfants dont l’âme contient « de l’or ou de l’argent », et qu’il faudrait honorer au nom des dieux. Au Moyen-Âge, on les désigne sous le nom de puer senex, littéralement enfants vieillards. On discerne ici le principe de maturité précoce présent chez les enfants surdoués, trop savants pour leur âge et la notion d’âge mental, associée mais non identique à l’âge réel.

Avec l’humanisme de la Renaissance viendront les débuts de l’analyse cérébrale et une approche plus scientifique du sujet. Cette période marque aussi le début d’une réelle interrogation sur les surdoués dont certains, comme Mozart, sont considérés dans l’Europe entière comme des prodiges. Il semble, d’après plusieurs encyclopédistes comme Diderot ou Voltaire, que le surdon (ou surdouement) ne présente pas que des avantages pour l’enfant et puisse être pour lui source de mise à l’écart du reste du monde, de la réalité et de la société.

Certains auteurs, comme Victor Hugo, s’émerveilleront encore du génie de ces enfants, et adultes, allant jusqu’à les rendre capables de changer le monde, au risque de devenir inquiétants pour la sécurité des peuples. Mais jusqu’ici, la reconnaissance de ces surdoués est uniquement basée sur leurs actes, parfois jugés prodigieux et non pas sur la valeur de leur intelligence ni sur leur potentiel non exprimé. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que leurs aptitudes intellectuelles soient reconnues en dehors de leurs réalisations même. 

C’est entre 1869 et 1912 que viennent au jour les premières investigations concernant l’évaluation de l’intelligence. Une échelle de mesure est mise au point par deux psychologues français en 1905, et l’année 1920 voit naître en Angleterre le terme de Quotient Intellectuel ainsi que le premier test comparant l’âge mental de l’enfant à son âge réel. L’Amérique s’empare alors de ces découvertes pour les utiliser au profit de domaines plus pragmatiques tels que l’armée et le travail, tandis que la France s’en désengage pour des raisons « philosophiques » et retourne à un système scolaire plus globalisé.

La psychométrie regagne du terrain après la Seconde guerre mondiale suscitant l’arrivée de nouveaux tests, mais cela ne suffira pas à assurer aux surdoués une reconnaissance de leurs aptitudes, alors que triomphent les idéaux égalitaires des années 1970.

Jusqu’en 1981, l’opinion publique était divisée quant aux surdoués. D’aucuns estimaient que la recherche à leur sujet n’avait pour but que de détecter les futures élites de la société. C’est avec la publication de l’ouvrage
Les Enfants surdoués ou la précocité embarrassante par Jean-Charles Terrassier, psychologue et fondateur de l’ANPEIP que la balance penche enfin en faveur de la reconnaissance du surdouement. Cette oeuvre marque aussi la première utilisation du terme « précoce » pour désigner ces enfants particuliers, jugé plus politiquement correct. De plus, la pathologisation du phénomène, notamment par l’évocation des difficultés de sociabilisation, permet de susciter l’empathie du public.

La détection des enfants surdoués se fera alors presque systématiquement dans le cas où celui-ci rencontre des problèmes. On associe ainsi la notion de surdon, ou précocité, à des troubles, des difficultés à l’école ou dans le contexte sociétal. Enfin, l’explication du surdouement semble répondre à toutes les interrogations et bien souvent on se demande d’un enfant agité ou en échec scolaire s’il n’est pas surdoué. De même pour les adultes, auxquels le fait d’être surdoué apporte un certain réconfort, voire une sécurité pour ceux qui ont su en faire bon usage.

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