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Haut potentiel intellectuel : des aptitudes générales pour des sujets particuliers, comment mieux les appréhender ?

Que faut-il penser de l’opposition entre psychologues cliniciens et chercheurs sur le sujet du haut potentiel intellectuel ? Une vidéo de Stéphanie Aubertin nous offre un éclairage intéressant sur cette question et nous permet de préciser notre vision.

Psychologue pour enfants

A chacun son métier, à chacun son rôle, telle est la remarque que l’on pourrait se faire après avoir visionné la vidéo très instructive et bien expliquée proposée par Stéphanie Aubertin, qui se présente comme « psychologue clinicienne ayant un pied dans la recherche ».

Nous l’avons constaté aussi, il existe malheureusement une certaine incompréhension entre différents professionnels qui s’attachent, pour la très grande majorité d’entre eux en toute bonne foi, à nous guider dans notre connaissance et notre accompagnement du haut potentiel.

Or, au lieu d’opposer des pratiques et des visions, ne vaut-il pas mieux accepter le fait que les objectifs du psychologue chercheur et du psychologue clinicien, ne sont pas les mêmes, chacun ayant un rôle bien précis à remplir ? Ces différents rôles sont bien présentés dans la vidéo de Stéphanie.

Des psychologues chercheurs et cliniciens tout aussi utiles les uns que les autres !

Pour nous parents, la volonté de valider ou non le haut potentiel de notre enfant est avant tout motivée par la nécessité de comprendre un mode de fonctionnement qui, tôt ou tard, à travers son cheminement, va s’avérer singulier et être source de questionnements, sinon de difficultés.

Voici un exemple précis et vécu pour illustrer ce propos :

Les uns éclairent la voie

Nous avions sollicité l’intervention d’un psychologue libéral, plutôt spécialisé dans l’aide aux enfants en difficulté, pour effectuer un bilan psychologique de notre fils aîné, plutôt décrit comme un enfant avec des difficultés motrices (évacuées par un bilan psychomoteur) par ses enseignants de maternelle. Une fois le test effectué, le psychologue, pourtant méfiant au départ face à notre demande, nous révèle des résultats très élevés à sa grande surprise et nous dit  » Profitez-en, vous avez un enfant hyper performant pour qui tout se passera toujours bien ! »

Ce jour-là, ce professionnel s’est basé à la fois sur le constat précis tiré du test et sur l’idée générale, pas toujours fausse, véhiculée par la recherche, de réussite globale des enfants surdoués, idée aujourd’hui corroborée par les statistiques selon les chercheurs.

Les autres précisent le chemin et aident à balayer les obstacles

Malgré cette affirmation optimiste et ce jugement positif, le corps éducatif nous décrivait un enfant distrait, peu performant scolairement, maladroit, peu intégré au groupe et, de fait, en complet décalage avec l’enfant que nous connaissions à la maison. A ce stade, le « message » général ne suffit plus. A mon sens, il devient utile et primordial de faire le point sur un enfant en particulier, d’où l’intérêt d’avoir recours au psychologue clinicien qui se penche précisément sur un individu en intégrant dans son analyse tout son environnement propre.

La conclusion du second psychologue rencontré fut que notre fils se morfondait dans sa classe et avait besoin d’une plus grande sollicitation intellectuelle : loin de sauter aux yeux, le constat n’aurait pu être accepté sans l’intervention du psychologue clinicien et le parcours de notre garçon, sans les aménagements dont il bénéficia et basé sur la seule croyance en une réussite imparable aurait pu s’avérer bien plus chaotique que performant !

Cet éclairage particulier sur la personnalité d’un enfant permet de donner un sens à son vécu propre dans un contexte précis, au delà des généralités. Lorsque les écarts et les décalages se font sentir (qu’ils soient positifs ou négatifs), il est utile d’en comprendre la raison si l’on veut pendre les bonnes décisions pour se rapprocher du cas général décrit par les chercheurs, celui de l’enfant surdoué qui va bien et qui réussit.

Les psychologues chercheurs et les psychologues cliniciens ne devraient pas être opposés car ils sont complémentaires : il n’y a pas de vérité absolue, il y a des tendances, une direction et un chemin à suivre pour tendre vers l’épanouissement de l’enfant malgré les obstacles. Notre rôle de parents est de rester ouverts à nos impressions lorsqu’il nous semble que nos enfants s’écartent de la route et de leur donner les moyens de surmonter les difficultés lorsqu’elles se présentent.

Vers une meilleure connaissance de soi-même : la métacognition

Le meilleur moyen de sauter les obstacles réside dans la prise de conscience de son propre mode de fonctionnement par l’enfant, mais aussi par les parents.

A la fin de sa vidéo, Stéphanie Aubertin évoque la métacognition, définie de la sorte :

La métacognition consiste à avoir une activité mentale sur ses propres processus mentaux, c’est-à-dire « penser sur ses propres pensées ».

Wikipédia

Plus tôt l’enfant aura conscience de sa façon de travailler, de réfléchir, de mémoriser et d’apprendre, conscience de ses lacunes et de ses forces, mieux il sera armé pour avancer et trouver lui-même les outils qui lui conviennent personnellement. A condition toutefois que le constat soit possible et accepté.

A ce sujet, je vous invite à la lecture d’un article fort intéressant, malgré son ancienneté, publié sur le site des « cahiers pédagogiques », dont voici un extrait :

La métacognition est la représentation que l’élève a des connaissances qu’il possède et de la façon dont il peut les construire et les utiliser.
Un des meilleurs prédicateurs de la réussite scolaire est justement la capacité de l’élève à réfléchir sur ses connaissances et à comprendre les raisonnements qu’il engage pour utiliser et construire de nouvelles connaissances. Il faut donc rendre les élèves conscients des stratégies d’apprentissages qu’ils mettent en œuvre pour apprendre et comprendre le monde. La métacognition est indissociable de connaissance de soi et de confiance en soi. Ce sont des concepts-clés sur lesquels l’enseignant se base pour élaborer la relation entre l’élève et le savoir.

http://www.cahiers-pedagogiques.com/Metacognition-et-reussite-des-eleves

Il me semble qu’en matière de haut potentiel, le sujet est toujours d’actualité : donner aux enfants les moyens d’avancer avec leurs forces et faiblesses, à leur rythme, en toute conscience. Le PPRE (Programme personnalisé de réussite éducative) y est d’ailleurs mentionné comme outil de construction des compétences scolaires.

La clé est sans doute un retour vers des parcours plus individualisés et moins de massification dans la transmission des savoirs et compétences.

A titre d’exemple, je vous invite à regarder également la conférence de Gaelle Ménard, directrice de l’école Zebr’ailes à Pontoise, dont la philosophie répond bien aux objectifs d’individualisation :

A l’école, l’accueil se fait dans une classe unique de la GS au CM2 (entre 4 et 12 ans) et chacun avance ainsi à son rythme sans comparaison mais dans la coopération. Cette classe n’accueille pas seulement des EHP mais j’ai aussi des enfants sensibles avec troubles dys et des enfants avec TSA. Tous se retrouvent autour de leur sensibilité, de leur imagination, créativité et curiosité.

Gabrielle Ménard, potentialdys

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