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  • Ce sujet contient 4 réponses, 2 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Anonyme, le il y a 9 années et 5 mois.
5 sujets de 1 à 5 (sur un total de 5)
  • Anonyme
    Inactif

    Bonsoir, je m’appelle Camille, j’ai 14 ans et je suis en classe de Seconde au lycée d’enseignement général. Je me suis découverte enfant precoce en septembre 2014 en effectuant des tests de Quotient Intellectuel. Oui j’ai 14 ans parce que j’ai sauté la classe de CP, mais depuis j’ai énormément de mal à m’intégrer parce que je me sens différente. Par exemple, à mon entrée au collège, je n’ai pas eu l’opportunité de rencontrer beaucoup de personnes car les autres étaient du genre à dire « Eurk, trop moche cette fille-là » et moi je leur répondais que c’était mal de juger l’apparence physique des gens car la vraie beauté est à l’intérieur. Et eux trouvaient ces propos bizarres et certaines pensaient même que j’étais autiste ou que j’avais un quelconque problème mental.
    Fort heureusement pour moi, j’ai eu la chance de sympathiser avec les trois quarts de ma classe de Seconde, mais c’est un énorme stress d’être avec eux puisque j’ai peur d’être à nouveau rejetée, mais je sais qu’ils se sont déjà rendus compte que j’étais un peu bizarre et qu’ils sont mes amis uniquement parce que j’ai réussi à sympathiser grâce à mon humour assez… Spécial.
    Enfin revenons à ma question, j’aimerais savoir s’il y a des personnes dans mon cas qui ont du mal à s’intégrer ou qui se sentent mal car ils ont l’impression d’être différents. J’aimerais peut-être quelques témoignages.
    Merci infiniment d’avoir pris le temps de me lire 🙂

  • Anonyme
    Inactif

    Bonjour,

    Je vous contacte pour dire que la souffrance, je connais moi aussi.
    Je dois vivre avec elle, me taire, et la laisser faire. Je dois cohabiter avec elle, et rien n’est simple. Parfois, il m’arrive de pleurer dans mon lit, la nuit, étouffant mes sanglots intempestifs en enfouissant ma tête dans l’oreiller, pour que mes parents et ma sœur ne m’entendent pas.

    Tout en étant bien entourée (je suis issue d’une famille aisée, sans -pratiquement- aucun souci, excepté le cancer de ma mère), je me sens toujours seule. A mes parents, ma famille et mes amis (plutôt simples camarades de classe), je montre un masque heureux, afin qu’ils ne inquiètent pas. Un masque, qui, sans qu’ils le sachent vraiment, n’a aucun point commun avec moi et qui ne sert qu’à cacher mon véritable moi. Quant aux enfants de mon âge, depuis la primaire, je tâche d’être « comme eux », m’efforçant de m’intéresser aux mêmes jeux, aux mêmes films, aux mêmes passe-temps, alors que tout nous oppose. Je le sens.

    A vrai dire, moi qui méprise les menteurs, je ne fais que leur donner raison: mon existence même n’est qu’un immense mensonge. Je ne fais que mentir à mon entourage pour qu’il ne remarque rien, ne s’inquiète de rien. Je ne suis guère mieux qu’eux, au final.
    J’ai toujours vécu seule.
    En primaire, j’avais deux trois amis. J’ai fait énormément d’efforts, ces années-là, mais lorsqu’eux s’intéressaient à la « balle aux prisonniers » et au football, mes centres d’intérêt étaient les sciences, la lecture, et les questions sur l’avenir de la Terre, l’histoire de France, la préhistoire… Et puis, il n’y avait pas que les centres d’intérêt: nous étions également différents dans la façon de parler, la manière d’être et de penser. C’était vraiment dur, de cacher tout cela. Je vivais seule. Seule dans ma solitude. Seule avec ma différence. Ma souffrance.

    Alors je me suis réfugiée dans les livres, les dévorant avec toujours plus d’avidité et de rapidité, et me suis passionnée pour les mythologies grecque, romaine et égyptienne. J’aimais être seule, car ainsi, je pouvais réfléchir, penser, et juger.

    Comme leur manque de connaissances, d’intelligence et de maturité m’énervait, je n’épargnait aucune remarque sarcastique de ma part à mes camarades de classe lorsqu’ils posaient des questions que je trouvais profondément stupides et qui ralentissaient le cours. Je me dois aussi d’ajouter que j’adore me réfugier dans des groupes d’enfants plus âgés, voire même des adultes (ils ont, en général, plus d’idées et de concepts intéressants).

    Voilà. Ça, c’était mon histoire de primaire, et au début du collège. Mais maintenant, je n’y arrive plus. Je m’efforce d’être comme eux, mais j’ai enfin compris que je ne le serais jamais. En effet, depuis la deuxième année de secondaire (5ème), je veux absolument devenir comme les autres, mais je n’y arrive pas. Et ça m’enrage, je me déteste de plus en plus. Je songe régulièrement à me suicider, afin de mettre fin à ce cauchemar. Et chaque jour un peu plus, je détruis ce que j’ai bâti jusque-là. Chaque jour un peu plus, je me détruis. Je ne veux pas en parler à mes parents, je suis sûre qu’ils ne comprendront pas. Je vis donc toute seule. Avec ma différence. Mes souffrances. Et je me détruis.

    Je vous en prie, si vous savez comment m’aider, dites le moi.
    Je m’ennuie perpétuellement. Je dois mettre en oeuvre des stratégies d’apprentissage que je n’ai pas acquises jusque-là, et je ne sais pas comment faire…
    Parfois, certaines personnes me disent que je suis une ado très intelligente, et me demandent si je connais mon QI. Au fond, je n’ai jamais aimé les histoires de quotient intellectuel: l’intelligence a toujours été, selon moi, quelque chose de très indéfini, de tellement vaste qu’il est insensé et prétentieux de prétendre pouvoir la mesurer. Les gens qui se vantent d’avoir un QI bien plus haut que la moyenne me dégoûtent: ils ne sont pas responsables de leur intelligence et c’est absurde de se vanter d’une qualité innée.

    J’en peux plus. Mettre fin à ma vie est la seule solution qu’il me vienne à l’esprit. J’ai besoin de parler à quelqu’un qui a déjà vécu cela…
    S’il vous plaît, aidez-moi.
    S’il vous plaît, sauvez-moi.

    Juliette.

    PS: Je n’ai pas précisé mon âge, afin que vous essayiez de le deviner. En fonction de votre réponse, je saurai si j’étonne réellement par le niveau de mes réflexions, et par « mon vocabulaire extrêmement varié » (phrase d’un de mes profs).

  • Anonyme
    Inactif

    Salut Camille,

    Les seules choses qui nous différencient sont nos âges, différents, et le fait que tu saches que tu es surdouée.
    En effet, j’ai quant à moi 13 ans (je suis actuellement en 3ème), et je ne sais même pas si je suis réellement surdouée…
    Je pense que l’on pourrait s’aider mutuellement: tu pourras me dire comment faire pour accepter cette différence, et je pourrais t’aider à résoudre ton problème d’intégration (même si je ne suis pas un bon exemple en cette matière).
    Nous avons toutes deux un besoin intense et impulsif d’assistance.
    Je t’ai décrit mon cas ci-dessus, et rien que le fait de le lire serait pour moi un immense présent.

    Un grand merci aux personnes qui liront ce message.

    TheOnlyGhost

  • Françoise
    Maître des clés

    Bonjour Camille et Juliette,

    Le souci d’intégration et une certaine difficulté à se faire des amis est certainement une caractéristique commune à beaucoup d’enfants précoces.
    C’est lié bien sûr à ce décalage au niveau des centres d’intérêts qui se fait sentir très jeune, mais peut être aussi à une certaine forme d’exigence qui lie l’amitié à une entente parfaite sur tous les plans ou sinon rien. On peut très bien avoir des amis pour rigoler, d’autres pour discuter, d’autres pour le sport…., à condition d’accepter que la relation ne soit pas entière ou intégrale. Je crois que c’est un premier point, sans doute une piste pour Camille, l’essentiel étant de ne pas être seul.
    Ensuite vous avez certainement plus peur de perdre vos amis du fait de ce niveau d’exigence élévé, alors qu’eux ne se posent pas la question par rapport à vous et vous prennent telle quelle.
    Plus particulièrement pour Juliette, pour vivre mieux il faut d’abord vous accepter telle que vous êtes. Le qualificatif de « surdouée » n’est pas important, c’est uniquement un mot, on pourrait en trouver un autre, pour exprimer un état de fait, ce qui compte c’est de savoir comment vous fonctionnez et pourquoi cela vous pose des problèmes relationnles, d’apprentissage…Pour ceci, il ne faut pas vous renier mais vous accepter avec vos qualités et vos défauts, et cela vous permettra aussi de mieux accepeter celles et ceux des autres.
    La première des choses à faire est d’en parler à vos parents, tant pis s’ils tombent des nues ou si cela les attriste, vous ne pouvez continuer à faire semblant d’être heureuse et à vous cacher. Par ailleurs, s’ils ne se doutent de rien ils ne peuvent vous aider, et peut être sont-ils un peu comme vous, votre soeur aussi, et vous ne soupçonnez rien non plus. Donc ne restez pas seule et parlez-en à vos proches. Commencez par discuter avec eux.
    Pour vous rassurer, ce que vous décrivez est fort compréhensible, je comprends votre détresse, mais il existe des solutions. La première est d’en parler, vraiment j’insiste, et à vos parents en premier. Ensuite il y a les psychologues, les associations, les livres …., mais il faut commencer par le début.
    Pour en revenir au qi, c’est pareil, il n’est qu’un outil de mesure dont nul n’est censé se vanter, ce qui compte comme vous le dites est ce que l’on fait de bien avec un avantage (parfois mal vécu) inné. Il permet aussi à l’inverse de comprendre, selon votre niveau (que vous garderez pour vous bien sûr !) que tout le monde ne peut pas se mettre à votre portée et donc que c’est à vous d’être moins « sarcastique » et plus tolérante avec les autres.
    En tous cas, vous faites bien de parler, effectivement vous avez besoin d’aide car malgré tout vous n’êtes encore qu’une « enfant », et ne pouvez gérer cela toute seule, il faut que votre entourage, vos parents, vos profs, des professionnels vous aident et vous expliquent comment gérer tout ceci.
    Mes enfants, l’un de votre âge, éprouvent la même chose que vous mais le vivent bien car ils savent pourquoi ils ne sont pas toujours compris, ils ont l’occasion, et nous travaillons en ce sens, de fréquenter des personnes plus âgées, discutent avec des adultes….et surtout savent que nous les comprenons et les aimons pour ce qu’ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts (nombreux aussi !!!).
    Donc courage vous n’êtes pas seule, (des enfants comme vous il y en a beaucoup, en parlant vous pourrez éventuellement en rencontrer) prenez le taureau par les cornes, allez voir vos parents pour commencer.
    J’espère vraiment vous aider,
    Françoise

  • Anonyme
    Inactif

    Merci infiniment pour vos réponses Juliette, TheOnlyGhost et Françoise :).
    Si cela ne vous dérange pas, j’aimerais beaucoup garder contact avec vous afin de continuer l’échange (via e-mail si vous pouvez, à moins que cela ne vous déplaise, dans ce cas je m’excuse de ma demande).

    Juliette, j’aimerais beaucoup pouvoir t’aider (tu m’excuserais si je te tutoie), si tu me le permets, car avec des amies nous avons fondé comme un « groupe » entre nous pour aider des gens qui pensent à se suicider. Certes, nous ne sommes pas diplômées ou psychologues, ni célèbres ou rien, mais c’est un besoin pour moi de ne pas laisser les gens dans ton cas de se donner la mort. N’oublies jamais que tu as une famille, des amis, des passions, un Roméo (puisque tu es Juliette, ahahah la blague, d’accord je sors…) et des anges qui veillent sur toi.
    Je te conseillerais tout d’abord d’être toi-même, quitte à déplaire aux autres, parce que faire semblant d’être quelqu’un d’autre n’est jamais bénéfique (du moins c’est ce que j’en retiens) et te donne l’impression d’être gênée en public. Tu te forces à être quelqu’un qui ne te ressemble pas, alors tes amis t’aiment pour ce que tu n’es pas et tu n’arriveras peut-être jamais à être à l’aise avec eux. Mais peut-être que si tu leur montrais ce que toi tu fais, ce que tu pratiques et ce qui te plaît, peut-être qu’ils s’intéresseraient à toutes ces nouveautés et que toi tu réussirais à t’épanouir avec eux. Bien sûr tu fais ce que tu plais, je ne t’harcèlerai pas pour que tu essaies, ce sont juste des conseils qui, je pense, t’aideraient à te sentir mieux avec les autres. C’est ce que moi je fais et c’est ce qui m’a permis d’avoir des amies peu nombreuses, mais exceptionnelles.
    Enfin, pour ton âge, Juliette, je suppose que tu as entre 13 et 15 ans ? Tu me diras si je me trompe ^^.

    Merci à vous tous pour vos témoignages, cela m’a démontré que je ne suis pas la seule à me sentir comme ça. Ça me rassure de le savoir puisque j’aurais continué à penser que je suis nulle et bizarre si je n’aurais pas découvert tout ça.

    Pour finir, je souhaiterais vous donner mon point de vue sur le terme de « surdouée », « zèbre », ou encore « EIP » et « HPI », qui est souvent sujet de désaccord lorsqu’on en parle.
    Pour moi, le terme de « surdoué » est beaucoup trop prétentieux sachant que nous sommes tous égaux quelque soit notre potentiel intellectuel. De plus, « surdoué » signifie normalement « plus que doué » alors que c’est totalement faux. Il y a des avantages (sensibilité, réflexion, orthographe,…) mais aussi de lourds inconvénients (hypersensibilité pour quelques-uns, incompréhension, rejet,…). Mais il est vrai que nous ne pensons pas comme les gens « normaux » et que nous ne partageons pas les mêmes centres d’intérêts qu’eux.
    Personnellement, je remarque que l’enfant/adolescent à « haut potentiel intellectuel » a de plus grandes ressemblances et affinités avec l’adulte plutôt qu’avec l’enfant de son âge. Ainsi, selon moi, le terme le plus adapté serait « précocité ».
    Qu’en pensez-vous ?

    Avec toute mon amitié, Camille.

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