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Dyslexie et enfants précoces

Les enfants surdoués peuvent comme les autres souffrir de troubles divers, parfois masqués par des phénomènes d’adaptation ou de défense. La dyslexie, comme d’autres « dys » est l’un d’entre eux.

Enfant précoce et décrochage scolaire

Les enfants intellectuellement précoces peuvent, comme tous les enfants, souffrir par ailleurs de troubles et de dysfonctionnements divers. Souvent, ceux-ci sont masqués ou disparaissent derrière des mécanisme de défense ou d’adaptation. Voilà pourquoi il est également important d’en parler ici. C’est la raison pour laquelle nous publions le texte que nous a fait parvenir une maman d’EIP et enseignante, concernant la dyslexie.

A quelques rares exceptions près les enseignants ne sont toujours pas formés au problème posé par les troubles du langage écrit et oral. L’année dernière et cette année, ma circonscription a eu la chance d’avoir une demi-journée pédagogique consacrée à la dyslexie et autres troubles. Il faut préciser que nous devons cette chance à l’initiative d’un inspecteur formidable sensibilisé aux problèmes d’intégration scolaire. J’ai essayé de faire un petit condensé de ces 2 interventions en espérant que ça pourra être utile à quelques-uns uns d’entre vous.

La première intervention était plutôt orientée sur la dyslexie et la dysorthographie. Lors de cette conférence on nous a remis 2 polycopiés, le premier était un document « officiel » émanant du Ministère de l’Education Nationale qui a élaboré un « plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage oral ou écrit ». La mise en œuvre de ce plan a fait l’objet d’une circulaire (n°2002-024) le 31-01-2002. Cette circulaire est adressée aux préfets de région et de département, aux directeurs régionaux et départementaux des affaires sanitaires et sociales, aux recteurs et inspecteurs d’académie, aux directeurs des agences régionales de l’hospitalisation, aux présidents d’université, aux directeurs d’IUFM et enfin aux directeurs des services départementaux de l’éducation nationale. Curieusement cette circulaire n’est pas destinée aux enseignants ! Pourtant à plusieurs reprises la circulaire met l’accent sur le fait que souvent c’est l’enseignant qui permet de repérer ces troubles. Il y a là une certaine incohérence. Dans cette circulaire nous trouvons la définition des troubles spécifiques du langage oral et écrit (plus que succincte) et les objectifs du plan d’action qui sont dans l’ordre : connaître et comprendre ces troubles, assurer la continuité des parcours scolaires des élèves et organiser des réponses. Sur le papier ça a l’air très bien, le seul hic c’est qu’il faut des moyens financiers pour le mettre en œuvre et là malheureusement on constate chaque jour un peu plus qu’il y en a de moins en moins (des moyens) dans l’éducation nationale et dans la santé. Vous pouvez consulter l’intégralité de cette circulaire sur le site http://www.education.gouv.fr. Voici un petit florilège des éléments que j’ai relevé avec parfois un petit commentaire de mon cru !

La définition donnée par la circulaire : « Les troubles spécifiques du langage oral et écrit (dysphasies, dyslexies)… sont à situer dans l’ensemble plus vaste des troubles spécifiques des apprentissages qui comportent aussi les dyscalculies (troubles des fonctions logico-mathématiques), les dyspraxies (troubles de l’acquisition de la coordination) et les troubles attentionnels avec ou sans hyperactivité… »
« On estime à environ 4 à 6 % les enfants d’une classe d’âge, concernés par ces troubles pris dans leur ensemble, dont moins de 1% présentent une déficience sévère » : L’OMS, elle, chiffre les mêmes troubles à 8 à 10 % ! D’où vient la différence ?

« Leur originalité tient à ce que ceux-ci ne peuvent être mis en rapport direct avec des anomalies neurologiques ou des anomalies anatomiques de l’organe phonatoire, pas plus qu’avec une déficience auditive grave, un retard mental ou un trouble sévère du comportement et de la communication. Ces troubles sont considérés comme primaires, c’est-à-dire que leur origine est supposée développementale, indépendante de l’environnement socio-culturel d’une part, et d’une déficience avérée ou d’un trouble psychique d’autre part. »

Une fois cette définition posée, on passe à la description de ce fameux plan. On trouve notamment dans une partie intitulée « prévenir sans stigmatiser » :

« Il apparaît nécessaire de développer dès l’école maternelle des actions de prévention et de repérage des enfants présentant des signes d’alerte pouvant évoquer des troubles spécifiques du langage. Ces actions de prévention se fondent sur une pratique pédagogique diversifiée et structurée, centrée sur l’acquisition de la langue orale… Par ailleurs, des outils d’évaluation pour le langage oral et l’entrée dans le langage écrit en GS de maternelle et en cours préparatoire, élaborés au plan national, commencent à être diffusés aux maîtres » : Ces documents, sous la forme d’un fascicule vert, ont effectivement été distribués en 2002. Mais on peut se demander quel est l’intérêt véritable de ces documents en matière de dépistage quand on voit que certains sont tellement faciles que certains enfants de PS sont capables d’y répondre et par contre d’autres sont quasi infaisables.

Pour vous donner un exemple, il y a un exercice qui concerne l’attention partagée. Dans cet exercice, les enfants doivent recopier une liste de signes graphiques pendant que l’enseignant lit une histoire avec des noms de couleur. On demande aux enfants d’entourer le signe qu’ils sont en train de copier à chaque fois que le maître lit le nom d’une couleur. Convaincues que ce test n’était pas adapté au niveau de nos élèves, ma collègue de CP et moi-même (GS) avons demandé à une collègue de CE2 de faire passer ce test à ses élèves. Le score a été sans appel, plus de la moitié des enfants a échoué ! Ne vous étonnez donc pas si vos enfants de GS ou CP n’ont pas passé ses fameux tests, d’une part leur fiabilité est plutôt douteuse (à mon avis) et d’autre part, vu le nombre qu’il y en a qui doivent être fait à l’oral individuellement, il faudrait le premier trimestre entier pour les faire ou alors plusieurs enseignants dans une même classe !

Ensuite dans la partie intitulée « repérer, dépister, diagnostiquer » on nous parle des dépistages réalisés à l’école.

« Le 1er dépistage sera réalisé par le médecin de PMI, à l’occasion du bilan 3-4 ans…Une attention particulière devra être apportée à l’effectivité de ce bilan de 3-4 ans dont le taux de couverture est actuellement très variable selon les départements » : Comme tous les parents, j’ai assisté cette année au « bilan » de mon fils et perso je n’ai pas vu où était le dépistage de la dyslexie ! Quant au taux de couverture, ça se passe de commentaire !

« Un second dépistage sera organisé dans les mêmes conditions, auprès des enfants de 5-6 ans par le médecin de l’Education Nationale » : Normalement cette visite médicale doit se faire au cours de la 6e année donc en fin de GS, mais en pratique elle est souvent faite au premier trimestre de CP par manque de personnel médical.

Ensuite dans la partie consacrée à la continuité des parcours scolaires nous avons la description des modalités de prise en charge. « Dans une majorité de cas, l’existence de troubles spécifiques du langage est compatible avec une scolarité dans une classe ordinaire, moyennant une information satisfaisante des enseignants. Cette information doit leur permettre de mieux appréhender l’impact de ces troubles sur les différentes situations d’apprentissage… et d’en tenir compte lors des évaluations. » : C’est très bien mais il devient urgent d’informer et de former tout court les enseignants à tout cela, sinon ils auront du mal à appliquer la circulaire !!!

« Le déroulement de la scolarité peut s’effectuer :

Pour la majorité des enfants et des adolescents concernés:

– dans une classe ordinaire avec des stratégies pédagogiques diversifiées…
– dans une classe ordinaire conjuguant une adaptation de l’enseignement avec des interventions des membres du RASED et un suivi par les médecins de l’EN en lien avec des dispositifs d’accompagnement médico-social ou encore des professionnels libéraux. Dans ce contexte, il n’y a pas lieu de s’opposer à des soins ou à des rééducations extérieurs à l’école pendant le temps scolaire…

Pour les enfants ou adolescents présentant des formes sévères (- de1% des élèves) :

– dans une classe d’intégration scolaire (CLIS) dans une école ordinaire…
– dans des unités pédagogiques d’intégration (UPI) en collège…
– dans la classe d’un établissement spécialisé, avec des rééducations et des interventions thérapeutiques intensives et pluridisciplinaires… »

Puis viennent les modalités d’orientation « Toute orientation vers un dispositif collectif d’intégration (CLIS, UPI), à fortiori vers un établissement spécialisé, requiert la décision d’une commission de l’éducation spéciale… »

Et enfin les modalités d’évaluation des compétences « Tout au long de la scolarité, il est nécessaire de veiller aux conditions… et aux critères d’évaluation pour les élèves porteurs de troubles spécifiques du langage. Afin d’éviter que ne s’installe un vécu global d’échec chez ces élèves, on s’attachera à distinguer, dans leurs productions, les acquisitions réelles dans les différentes disciplines et l’impact des troubles sur la qualité de l’expression. »: Ceci me paraît effectivement très important mais encore faut-il avoir un minimum de formation sur la question.

La dernière partie du plan est consacrée à l’organisation des réponses et dans la partie intitulée « former les acteurs et favoriser les coopérations » on trouve une phrase magnifique « Une information sur le repérage des signes d’alerte et les prises en charge spécialisées, ainsi qu’une formation aux réponses pédagogiques diversifiées nécessaires seront intégrées à la formation initiale des enseignants du 1er et 2nd degrés (dans le cadre de la maîtrise des langages et quelle que soit la discipline) » : Alors là on se dit  » super les enseignants vont enfin être formés !  » Sauf que la circulaire c’était en 2002 et que le mois dernier (donc 2 ans après) j’ai reçu dans ma classe des maîtres en dernière année de formation qui n’avaient toujours pas entendu parler de dyslexie au cours de leur formation. Les directeurs d’IUFM ont-ils lu la circulaire ?

Le second document était une sorte de note d’information de base rédigée par les associations « Les lavandes » et « CORIDYS » à partir d’apports scientifiques de la part des docteurs HABIB (neurologue), LIVET et MANCINI (neuropédiatres) et PECH (phoniatre) du CHU de la Timone à Marseille. Dans un premier temps j’ai essayé de faire un résumé mais finalement j’ai renoncé car j’avais du mal à supprimer des choses car tout me paraissait intéressant. Donc je pense que le mieux pour les personnes que ça intéresse est d’aller consulter ces documents dans leur intégralité sur le site www.coridys.asso.fr qui contient une mine d’informations sur le sujet. Dans la partie documentaire du site de Coridys vous pouvez trouver de nombreux articles sur la dyslexie, les dysphasies, la dyspraxie. Je vous recommande en particulier « les troubles du langage écrit dyslexie, dysphasie », « le cerveau extra-ordinaire ou la dyslexie en question » ainsi que « apprentissage de la lecture et dyslexie » que j’ai trouvé extrêmement intéressants. On y trouve également un article d’Edith Conte qui donne des pistes pédagogiques pour aider les enfants dyslexiques à la maison et en classe.

Article envoyée par Franckie, maman d’EIP et enseignante. Merci pour sa contribution.

4 commentaires

  1. Mon petit fils déclaré « enfant précoce  » à l’âge de 4 ans par un test de QI évalué à 130. Il ne se plaint pas de sa classe 3ème année de maternelle mais, revient pratiquement tous les jours battu par d’autres enfants (ne peux se rendre car, comme il le dit c’est interdit), n’a pas de copains et, sa maitresse semble incommodé par cet enfant qui l’observe et, qu’elle puni parce qu’il chante ou parle en classe. Ma fille et mon gendre sont allés voir la maitresse qui, malgré la preuve …à très mal réagit. Que va-il se passer l’année prochaine en CP ? ?? Depuis septembre 2013 il est suivi une fois par semaine par une psychomotricienne avec laquelle il se plait énormément, soutien qui lui est indispensable pour son avenir scolaire. Pouquoi, le personnel scolaire n’est il pas formé ? et, aucune aides accordées à l’enfant et aux parents ? pourtant, la précocité de l’enfant est une pathologie…Quant à l’école, existe t-il en Haute-Garonne des structures scolaires gratuites et en adéquation avec l’enfant car, pour le moment il fait semblant de s’adapter ….mais jusqu’à quand ? Merçi pour votre aide.

  2. bonjour, je suis orthophoniste et comprend ce que vous décrivez; peut être pouvez vous déjà vous mettre en relation avec l’AFEP, association des enfants précoces?

  3. Je suis dyslexique et maman d’un garçon de bientôt 11 ans précoce et dyslexique et une fille de 9 ans dyslexique tous les deux reconnu par un Professeur spécialisé dans les troubles du langages et de l’apprentissage à l’hôpital d’Amiens. Bien que dans une école public dans un village de l’oise avec une très bonne équipe pédagogique au niveau des enseignants,nous manquons de moyen pour ces enfants et encore cette école est une chance les instituteurs sont dynamiques présent à l’écoute très pédagogue, ce qui n’est pas le cas partout il y a deux ans encore nous étions dans une autre école plus grande en ville et mes enfants « différents » étaient délaissé, écartés,jugés, on ne voulait pas s’embêter avec eux ! Je trouve qu’en France nous manquons de moyens et d’intérêt pour ces enfants !

  4. Bonjour, je suis dyslexique. Et quand j’ai était en primaire (CP) on se moquer de mois car j’avais beaucoup de difficultés. Et la professeurs me aider par car elle vous les pas s’embêter avec mois. Et alors j’ai redoubler le CP et tous les autres élèves se moquer encore plus de mois. Et maintenant je suis en Seconde professionnel vigne et vin et je suis le premier de la classe avec 16 de moyenne générale. Alors les enfants vont se faire des repères tout seul il vont y arriver.

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