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Comment satisfaire la curiosité de l’enfant à haut potentiel et éviter l’ennui ?

Les enfants à haut potentiel intellectuel, comme tous les enfants qui sortent de la norme, ont des besoins particuliers. Parmi eux, le besoin de savoir et de comprendre tient une place importante. Mais comment en tenir compte à l'école, et comment le préserver de l'ennui ?

Enfants précoces et dyslexiques, comment les aider ?

On dit souvent de l’enfant à haut potentiel intellectuel qu’il est “à besoins éducatifs particuliers”. Cette expression un peu vague peut bien sûr également désigner d’autres enfants dont les besoins diffèrent, aussi convient-il de préciser le cas de l’enfant précoce :

L’enfant doué “ordinaire” ne se différencie pas par un manque quelconque ou par une difficulté particulière : s’il a besoin qu’on s’occupe plus spécifiquement de lui, c’est surtout parce qu’il a “besoin” d’être davantage alimenté.

Pour Arielle Adda, en dehors d’éventuels troubles associés tels que les troubles dys ou l’autisme, les enfants à haut potentiel n’ont donc pas de réel problème. La seule difficulté est alors de le prendre en charge correctement à l’école afin d’éviter un écueil majeur : l’ennui.

L’enfant à haut potentiel est naturellement curieux. Avec lui, tout domaine d’apprentissage est sujet à approfondissement, à questionnement et à précision. Sa quête de savoir se prolonge donc logiquement à l’école, le lieu d’apprentissage par excellence. Malheureusement, celle-ci n’est pas toujours en mesure de lui fournir les connaissances et l’attention qu’il demande. Il y a de multiples raisons, plus ou moins valables, à cela : le manque de temps, la difficulté à gérer beaucoup d’élèves à la fois (ou plusieurs élèves à besoin particuliers) ou simplement un manque de volonté de la part d’une partie du corps enseignant.

Le terme “enfant précoce” doit son origine, justement, à la précocité dont ces enfants font preuve dans leurs apprentissages, comparé aux autres. À leurs débuts en école primaire, il n’est pas rare qu’ils sachent déjà la majorité de ce qui est enseigné, surtout pour ce qui est de la lecture, de l’écriture et du calcul. Leur niveau de langage est élevé, et le vocabulaire qu’ils ont acquis malgré leur jeune âge est souvent surprenant. Même lorsqu’une notion qu’ils ne connaissent pas encore est évoquée, ils l’assimilent suffisamment rapidement pour ne pas avoir à y revenir plusieurs cours de suite. De ces prochains cours résulte donc logiquement de l’ennui, qu’il est important de combler.
L’erreur généralement commise consiste à lui donner davantage d’exercices à faire : loin d’être une solution, il s’agit presque pour lui d’une punition ; pourquoi en effet lui faire travailler quelque chose qu’il a compris ? Des exercices plus compliqués peuvent le satisfaire un moment, jusqu’à ce qu’il ait acquis la méthode nécessaire. Mais l’idéal reste de lui permettre d’approfondir ces sujets. C’est ce que dit Arielle Adda en parlant notamment des chercheurs :

Quand on lit leur biographie ou quand ils évoquent la naissance de leur intérêt pour un domaine précis, ils mentionnent le premier aperçu que l’école leur a procuré, mais parfois aussi la frustration de rester tellement en surface du sujet qui les attirait.

Notons au passage que l’élève surdoué peut rapidement être perçu comme perturbateur : non pas parce qu’il est inutilement bruyant ou agité (bien que de tels comportements puissent, dans certains cas, résulter de l’ennui), mais parce qu’il a tendance à poser beaucoup de questions. Poussé par sa curiosité, il peut ne pas se rendre compte qu’il monopolise la parole et interromps le cours de façon intempestive. Il revient aux parents de lui expliquer la situation, et à l’enseignant de trouver un autre moyen de permettre à l’élève à haut potentiel intellectuel d’aller plus loin dans le sujet présent, puisqu’il lui est impossible d’accélérer son cours, d’en faire plus ou de répondre à toutes les questions de l’enfant.

Arielle Adda prend l’exemple du tiers-temps que l’on accorde aux enfants qui ont des difficultés, notamment à lire, à écrire ou à se concentrer, lors des contrôles et examens.

C’est la passion qui permet une transmission […] Il a fallu qu’un enseignant sache transmettre cette passion à un auditoire fasciné qui y a trouvé sa vocation. Le tiers temps supplémentaire serait vraiment bien occupé…

Un tiers-temps donc, un moment supplémentaire où l’enfant pourrait explorer davantage les sujets étudiés. Mais un tel aménagement ne résout en rien le problème de l’ennui pendant le temps de cours “normal” ; tout au plus ferait-il office de motivation. La solution serait que le “tiers-temps” soit, en quelque sorte, intégré au temps de cours, qu’il en remplace une partie, ce qui nous fait retomber dans la problématique précédemment évoquée : pas plus de temps de cours, mais plus de contenu…

Pour finir, Arielle Adda livre son habituel conseil de fin de chronique. Pas de solution miracle ici, chacun doit faire sa part du mieux possible, enfant comme adulte, à la maison comme à l’école. Parmi les complications auxquelles ont doit faire face lorsqu’on a un enfant à haut potentiel, l’ennui est l’une des plus complexes à surmonter.

Autant qu’il est possible, il est souhaitable de s’assurer que son enfant ne s’ennuie pas (mais attention, ce peut être parfois un prétexte, qu’il espère plausible, pour justifier le refus de travailler et déguiser sa peur de l’échec). Il s’agit de favoriser la curiosité, même dans des domaines peu familiers, et d’essayer d’alimenter son désir d’approfondissement.

Si le sujet de l’ennui vous interpelle, vous pouvez aussi lire notre article sur le sujet. N’hésitez pas à exprimer votre ressenti et votre vécu en commentaires ou sur les forums pour échanger avec d’autres parents en quête de réponses. Vous pouvez aussi retrouver la chronique complète d’Arielle Adda sur le site du Journal des femmes.

1 commentaire

  1. Isa LISE le 19 octobre 2023 à 7 h 38 min

    Merci pour cette réflexion partagée et le lien, Laurent. En fait il me semble urgent de refondre le modèle de l’école, pas seulement pour les enfants à haut potentiel même s’ils seraient parmi les premiers à en bénéficier. Le souci actuel est que le système éducatif tend à fonctionner sur un modèle vertical où l’enseignant “pose” ses connaissances. L’enfant qui sait déjà soupire. C’est un peu comme une radio diffusée qui tourne en boucle sur un sujet déjà connu, le décrochage est plus ou moins rapide. Une piste pourrait être de laisser agir librement l’enfant qui sait, de le laisser s’occuper d’une autre façon, mais cela risque de créer des tensions avec d’autres qui savent et n’ont pas osé le dire ou bien n’ont tout simplement pas été reconnus et des tensions avec ceux qui ne savent pas, ne comprennent pas et sont en situation de blocage volontaire ou plus souvent involontaire.
    En s’inspirant d’un modèle comme celui proposé par Célestin Freinet ou de la pédagogie de projets comme je le propose, on sort d’un modèle vertical pour un modèle horizontal. Les enfants suivent alors des projets, la classe devient “ruche”. On peut concevoir que dans un tel modèle, l’enfant à haut potentiel pourra laisser libre cours à son besoin d’exploration.
    Le modèle semble idéal, il est plus facile à mettre en place à la maison qu’à l’école car une classe ruche suppose une bonne dose de socialisation, une capacité à entendre d’autres avis, à gérer potentiellement plus de bruit, à accepter la non exploration personnelle de tel ou tel aspect car c’est un autre enfant ou autre groupe d’enfants qui en a la charge, à accepter que peut-être il s’investira beaucoup plus et à gérer cette frustration (“c’est moi qui ai tout fait ou presque!”). C’est un challenge qui n’est pas évident à relever, mais qui, selon moi, devrait être pensé. Le “tiers temps” idéal étant alors bien plus qu’un tiers temps puisque les apprentissages plus standards seraient plus brefs.

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