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Comment optimiser le temps scolaire de l’enfant à haut potentiel ?

On parle souvent des problèmes des enfants surdoués à l’école, et notamment de l’ennui qu’ils peuvent ressentir. Quel rythme l’école devrait-elle adopter pour que l’élève à haut potentiel s’y trouve bien ?

Plongée au cœur d’une école pour enfants surdoués

L’objet de cet article est de discuter de la réalité de l’accompagnement possible de l’enfant à haut potentiel dans la grande période de sa vie (un quart du total tout de même) placée sous le règne de l’école.

En effet, en considérant que l’enfant passe en gros, durant les 18 premières années de sa vie, la majorité de son temps sur les bancs de l’école, et que ce rapport à l’« école » va conditionner son bien être et sa vie future, il est utile de s’interroger sur les facteurs nécessaires à l’expression du haut potentiel des enfants concernés dans ce cadre.

Au fond, de quelle manière parvenons-nous à appréhender et accompagner les besoins réels de l’enfant identifié à travers un test de QI ? Les enfants à haut potentiel ont des besoins approfondis, oui, mais sommes-nous à même d’apporter des réponses à la hauteur de leurs besoins ? Avons-nous une idée concrète de ce qu’il faudrait faire et avons-nous les moyens de leur proposer une solution efficace ? Est-ce jouable dans un cadre inclusif ?

Des questions de rythme et d’environnement à remettre au centre de la réflexion

Ces questions font suite à ma quête permanente d’ouvrages scolaires permettant à ma fille de progresser à son rythme et à l’écoute d’un entretien fort intéressant diffusé lors du congrès douance entre Nathalie Alsteen, son initiatrice, et Emilie Rouaud, conseillère pédagogique en douance au Québec, auteur d’un mémoire autour de l’expérience scolaire des élèves doués.

Il me semble que le rythme particulier des enfants à haut potentiel est un point sur lequel l’accent n’est pas assez mis. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il n’existe pas de programme éducatif conçu pour une progression différente qui permette de répondre à leur besoin de sens, de rapidité, de complexité, d’entrainement, d’élargissement, tout en tenant compte des décalages physiques et affectifs liés à leur âge.

Un rythme en décalage

Au fil de mes recherches pour ma fille, je me rends compte que, bien qu’elle bénéficie d’un cours à distance de bon, voire très bon niveau, une sorte de lassitude s’installe sur la forme des apprentissages et sur le rythme, malgré tout répétitif. En fait si l’on s’en tient à la méthode scolaire, la progression n’est pas assez rapide et la forme n’est pas assez stimulante.

J’ai eu l’occasion de vérifier ces points par deux fois au cours de mes recherches :

  • Sur la progression : je me suis arrêtée sur des tests de niveau proposés par un cours par correspondance afin de situer les élèves lors de leur inscription, que je me suis empressée de proposer à ma fille. Le test qui a permis de la mettre en mode « réflexion » correspond au niveau CM2 à sixième, elle est en CE2 ! Elle a pris un réel plaisir à le faire en le prenant comme un défi et a adopté une attitude beaucoup plus studieuse et réfléchie que d’habitude.
  • Sur la forme des apprentissages : nous avons découvert, par exemple, les cahiers Les Légendaires, petites énigmes extraordinaires, dans le même style que les énigmes des petits génies ! Quel bonheur ! Tous simples mais l’emballage joue énormément ! Là encore le niveau qui la stimule est celui de CM2 à la 6ème et la forme ludique apporte le petit plus dont elle a besoin pour pratiquer avec plaisir des exercices de français et de mathématiques.

Loin d’être rassurée, je suis surtout dépitée face à la difficulté à lui proposer au quotidien un rythme adéquat, qui sollicite suffisamment son esprit et son engagement cérébral dans les processus d’apprentissage pour lui assurer un avenir serein. Un travail minimal de quelques heures est-il suffisant pour développer le sens de l’effort et les qualités de persévérance qui seront utiles plus tard ? La part de travail dit « scolaire » peut-elle sur ces points être remplacée par des activités ludiques et créatives ? En réalité il est difficile de se dire que la scolarité classique n’apporte pas l’épanouissement nécessaire à nos enfants, qu’ils trouveront plus facilement dans des activités extra-scolaires, sans culpabiliser et se poser mille questions.

Quelle réponse dans une scolarité classique ?

Finalement aujourd’hui il n’existe aucune (ou très peu) d’offre scolaire, en dehors des solutions privées, qui permette à l’enfant à haut potentiel d’avancer en fonction de ses aptitudes réelles et de ne pas développer de troubles liés à une prise en charge insuffisante (inattention, démotivation…), sans se marginaliser par ailleurs du fait du décalage avec sa classe, avec ses pairs.

Emilie Rouaud a étudié le ressenti d’élèves doués au Québec ayant fait partie d’un regroupement dans le cadre d’un programme douance. Malgré les adaptations dont ils ont bénéficié, ceux-ci expriment quelques regrets par rapport aux formes d’enrichissement proposées : ils auraient voulu aller plus loin, expérimenter, mener des projets, discuter avec des professionnels… Le point positif est le regroupement des enfants entre eux, qui a permis une meilleure communication, une cohésion dans un groupe qui se comprend et peut plus facilement nouer des relations amicales.

Cela veut peut-être dire que l’on sous-estime les capacités intellectuelles, novatrices et créatives de ces enfants et surtout que les conditions d’expression de ces capacités dans un environnement scolaire restent à imaginer.

D’où la question de l’environnement : si l’on se réfère à l’étude de différents modèles d’expression de la douance, il s’avère que les conditions optimales sont réunies si et seulement si il existe une rencontre entre un individu et cet environnement, globalement favorable et adapté, qui permette de soutenir la motivation et l’enthousiasme des élèves à haut potentiel.

Il est dommage que cette rencontre soit encore trop souvent le fruit du hasard ou d’efforts considérables portés par des personnes motivées seules dans leur coin.

À quand un réel programme inspiré d’expériences réussies, pour mieux comprendre ce que signifie dans les faits le haut potentiel intellectuel et aider les élèves à l’exprimer pleinement. Le tout pour enfin faciliter la vie des enfants, parents et enseignants concernés par le sujet. Faudrait-il imaginer une organisation scolaire de type « groupes haut potentiel », hétérogènes en âge pour faciliter les rapports individuels et la différenciation en fonction des besoins individuels pour des élèves unis par un mode de fonctionnement particulier ?

Qu’en pensez-vous ? Quelle solution a été bénéfique à vos enfants ? Parlez-nous de votre école idéale et n’hésitez pas nous faire part de toutes vos idées, même les plus originales.

5 commentaires

  1. L’école est la plupart du temps incapable de s’adapter aux particularités des enfants qui sortent des normes. Pour nous la seule solution a été de faire l’école à la maison ! Ce qui permet de s’adapter au jour le jour, aux envies et besoins des enfants. On conserve une part de travail scolaire pour les apprentissages formels et maintenir un « effort » d’apprendre ce qui ne les intéresse pas forcement. Mais le reste du temps on fait suivant les opportunités, les envies… On multiplie les façons d’aborder les sujets, on propose de nombreuses activités diversifiées pour les ouvrir sur des thèmes qu’ils n’auraient pas forcement choisis et on a tout le temps pour approfondir ce qui les intéresse ! C’est super mais épuisant pour moi qui prépare les activités, j’ai l’impression d’avoir toujours un train de retard sur leurs découvertes…

    1. Bonjour Sarah,

      Oui c’est ça. En fait comme rien n’est calibré pour eux, on a toujours l’impression d’en faire soit de trop, soit pas assez…Je constate pour ma part que finalement les apprentissages réels se font beaucoup par le jeu ou les activités extrascolaires, bien sûr toujours en décalage par rapport à la norme, et c’est cela qui est usant, de ne jamais pouvoir se fier à un modèle car il n’y en a pas pour eux.

  2. Bonjour, en tant qu’enseignante d’allemand et ayant eu des élèves HPI dans les différents niveaux de collège, j’ai fait l’expérience que les projets/incitation à une réalisation personnelle permettent plus facilement aux élèves d’exprimer leur potentiel. De la même façon tous les exercices présentés comme un défi stimulent bcp plus les HPI, mais aussi un grand nombre d’autres élèves. Je donne un exemple concret, pris dans la grammaire d’allemand: la place du verbe dans une phrase déclarative, interrogative ou subordonnée. On procède par une démarche déductive ,càd on fait d’abord observer et on leur demande d’établir la règle. Ce sont des mini-défis qui leur demande d’observer d’abord ( les HPI sont de grands et bons observateurs) et de proposer une solution qui sera par la suite mise en commun. Ce sont des démarches très simples à mettre en route en cours, qui permettent aux HPI d’être stimulés, d’aller vite et en plus d’aider (malgré ou grâce à leur rapidité de réflexion) leurs camarades. En général je dirai plus les enseignants travaillent par défis, plus ils donnent la place a l’observation, la déduction et des réalisation personnelles en fin de phase, plus les HPI (mais aussi les autres élèves) seront motivés. Il faut arrêter de ‘prémacher ‘ tout et de réduire les cours à des répétitions et des applications à l’infini.Je me permets de dire que c’est plus stimulant et motivant pour l’enseignant également, car parfois les élèves trouvent des solutions ou réflexions qui nous surprennent par leur lucidité. et qui n’aime pas être surpris par la lucidité d’une réflexion de temps à autre?

    1. Bonjour Luntz,

      Oui vous avez raison, ils fonctionnent beaucoup mieux lorsque leur réflexion est sollicitée et le défi est une bonne méthode pour eux. Ils ont le mérite d’être progressifs en général et leur donnent donc des objectifs à atteindre les uns après les autres, ainsi ils ont le sentiment d’avancer et d’être partie prenante au cours.
      Merci pour cet éclairage et bravo pour votre démarche.

  3. Bonjour
    Et bien une école qui s’inspirerait du Monde de Mei et Noé.
    – avec la possibilité d’apprendre à son rythme en proposant des activités sur plusieurs niveaux, permettant de s’arrêter à un niveau x ou d’aller jusqu’au moins la 3e année du cycle correspondant (cycle 1, 2, 3 ou 4)
    – des apprentissages par projets parce qu’ils permettent de rendre vivant les apprentissages, parce qu’ils permettent aussi de créer (dimension trop souvent oubliée et pourtant oh combien indispensable chez nos zèbres) parce qu’ils permettent d’aller aussi loin qu’on veut !
    Bon week-end !

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