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Le rythme de développement de l’enfant à haut potentiel, point de départ de tous nos questionnements et actions

Mon enfant avance vite, est-ce grave docteur ? Comment gérer le décalage, comment satisfaire cette soif d’apprendre afin que nos enfants s’épanouissent pleinement ?

Cette semaine, j’avais envie de relativiser un peu la question du haut potentiel en la plaçant sur un autre plan que celui de la théorie. Accompagner l’enfant à haut potentiel semble devenir quelque chose de complexe et d’effrayant pour d’aucuns. Et si nous décidions simplement de nous fier à nos capacités d’écoute et d’observation, de poser sur ces enfants un regard honnête, objectif, pour revenir à une relation plus humaine que technique, ne serait-ce pas suffisant ?

Ayons confiance en nos qualités de parents ou d’adultes accompagnateurs d’enfants, ayons confiance en nos enfants et en ce qu’ils nous communiquent et attendent de nous à travers leurs interactions et interrogations.

En général les parents et/ou personnels éducatifs font un constat par défaut : l’enfant à haut potentiel ne s’inscrit pas naturellement dans les « grilles d’évolution ou d’évaluation ». En discutant avec des parents d’enfants du même âge, nous constatons petit à petit que nous n’observons pas pas les mêmes types de comportement, de réactions que les autres enfants, que nos enfants n’ont pas les mêmes références, les mêmes centres d’intérêts.

Nos enfants peuvent tour à tour paraître en avance ou en retard et, la plupart du temps, évoluent en décalage par rapport aux autres.

Haut potentiel, une absence de repères qui suscite de l’inconfort

C’est précisément la permanence du constat de décalage qui nous pousse à nous questionner. En effet, cette évolution singulière engendre pour l’entourage des enfants à haut potentiel un perte de points de repères et des difficultés à comprendre ces enfants quelque peu différents et à les accompagner sereinement.

L’exercice s’avère peut-être plus périlleux aujourd’hui du fait de la présence, dans tous les actes de la vie quotidienne, de critères d’observation et d’analyse très précis devant aboutir à un constat de « normalité », dans le but de rassurer tout le monde. Ce quadrillage devient de plus en plus présent et détermine pour tout un chacun le rythme de croissance, d’évolution, le rythme alimentaire, le niveau de compréhension, de lecture, l’âge idéal pour telle activité… Il devient difficile de s’abstraire de ces « normes » pour laisser la place à une certaine subjectivité, une liberté d’agir ou d’être.

Au-delà des constats se pose la question de l’adaptabilité de l’enfant à haut potentiel à un groupe ou une structure qu’il va intégrer plus ou moins tôt, souvent dès le plus jeune âge. Il est vrai que lorsqu’il a la chance de grandir dans son environnement naturel sans contrainte extérieure, le poids « social » étant moins présent, le haut potentiel peut passer inaperçu ou comme une évolution normale à laquelle la famille parvient généralement à répondre sans trop de difficultés. Cela se complique et devient plus prépondérant dès lors que la collectivité impose ses propres repères. Et là commencent les questionnements et les inquiétudes pour les parents…

La première difficulté est de constater qu’en effet, cet enfant est différent des autres : cela engendre fatalement quelques angoisses et surtout crée une certaine distance avec la collectivité à la fois pour les enfants mais aussi pour les parents qui, à leur tour, perdent leurs marques et doutent de l’éducation qu’ils vont pouvoir offrir à leurs enfants.

J’en reviens à ma question de départ : est-ce grave docteur ? Non, bien au contraire ; il faut juste en avoir conscience et faire avec, au risque de créer des complications.

La difficulté qui suit le constat réside dans le fait qu’il n’y a pas de modèle éducatif pour les enfants à haut potentiel et que la simple formule englobe tellement de cas particuliers et possibilités que, finalement, il va falloir se faire confiance et se fier à son instinct.

Qu’est-ce qui nous guide et nous intéresse ?

Je replace la confiance au centre de la réflexion sur l’accompagnement à donner aux enfants à haut potentiel car ce que chaque parent recherche avant tout est, au final, le bien-être de son enfant, et nous sommes assez doués pour déceler s’il va bien ou mal.

Le principe de base est donc d’admettre le haut potentiel de son enfant pour évoluer à ses côtés en respectant son rythme. Je conseillerais personnellement de faire pratiquer une évaluation dès que le doute se fait sentir, afin de bien comprendre la hauteur des besoins et décalages des enfants.

Notre fil conducteur sera donc le bien-être de notre enfant en toute situation, et ceci passe par la satisfaction de ses besoins intellectuels et psycho-affectifs. On nous a récemment posé la question de l’accompagnement en ces termes, pour des enfants en bas-âge :

Comment être sûr de ne pas sur-stimuler l’enfant concerné et ne pas léser les autres enfants ?

La sur-stimulation est une idée préconçue qui revient souvent dès lors qu’on évoque le haut potentiel, et nombre de parents hésitent à répondre aux questionnements de leurs enfants par crainte d’être accusés de les forcer à apprendre (cas de la lecture notamment) ou de ne pas respecter « l’âge légal ».

Là aussi, il faut se rassurer et faire confiance à l’enfant et à ses envies : l’enfant à haut potentiel saura vous guider à travers les questions qu’il pose. Il est nécessaire d’assouvir sa curiosité en répondant à ses questions, de façon simple et naturelle, sachant qu’il vous mènera tout seul vers ses limites. Si l’envie d’apprendre à lire se fait sentir, vous ne prenez aucun risque à commencer ce chemin avec lui s’il le demande et si cela reste un plaisir. L’enfant à haut potentiel s’oriente naturellement vers ce qu’il a envie d’apprendre et vers ce qu’il est capable d’intégrer. Il posera tout seul ses limites, à vous de les respecter.

Le choix peut se poser d’une autre façon :

  • je ne réponds pas à sa demande : il est triste et frustré, ai-je bien agi ?
  • je réponds à sa demande : il est heureux et a l’œil qui brille, ai-je bien agi ?

L’autre difficulté des parents est de ne pas savoir comment satisfaire son enfant ou quelle activité lui proposer. C’est vrai, là encore les parents et les enfants sont livrés à eux-mêmes et il faut expérimenter et tâtonner pour trouver des occupations satisfaisantes. Les plus jeunes en particulier peuvent se sentir désemparés car ils ne savent pas comment exprimer ce dont ils ont besoin, c’est par conséquent aux parents de réagir à une forme d’insatisfaction et d’être forces de proposition. Pour cela voici quelques conseils :

  • prendre bien conscience du niveau de décalage et des capacités de compréhension des enfants
  • ne pas se limiter à l’âge recommandé, tester ses capacités de compréhension
  • poser des questions, aborder différents sujets avec eux
  • proposer des livres, jeux, vidéos… répondant à ses préoccupations et surtout partager ces moments d’activités avec eux
  • vous rendre en médiathèque, ludothèque, clubs sportifs, artistiques…
  • vous fier à ce qui lui plaisir et du bien, indépendamment des écarts d’âge.

Il y a certes un vrai travail de recherche à effectuer, rendu d’autant plus difficile par les limitations que l’on se fixe par rapport aux codes énoncés plus haut mais dont il est primordial de savoir se départir, dans l’intérêt des enfants et donc sans culpabilité. Nous sommes contraints d’élargir nos propositions éducatives et ludiques, de faire des tests et suppositions, mais lorsque ceux-ci rencontrent une réponse favorable, quel bonheur pour nous et nos enfants en particulier.

N’est-ce pas tout ce qui compte, les voir épanouis ?

De la même façon que nous, parents, remettons nos certitudes en doute pour le bien de nos enfants et procédons par tâtonnements, sur la base de nos ressentis, nous souhaiterions que le corps éducatif s’autorise aussi, sans plus de formalisme, à libérer sa créativité, à aller au-delà du programme pour découvrir la face immergée des enfants à haut potentiel. Nous pensons que c’est possible en établissant une vraie relation de confiance, entre nous, nos enfants et le corps éducatif, dès lors que le haut potentiel est validé et admis.

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