Recherche

Le témoignage sincère et émouvant d’une jeune fille surdouée

Voici le récit de Célia, une jeune surdouée qui nous parle sans détours de son parcours scolaire, de son ressenti et de ses émotions. Un témoignage à prendre tel qu’il est, sincère et émouvant.

Le sentiment de décalage de l'enfant surdoué

Nous publions ici, in extenso et avec son accord, le témoignage que nous a fait parvenir Célia, une adolescente surdouée via la page Facebook d’Enfants Précoces Info. Il faut le prendre tel qu’il est, comme le cri du cœur d’une jeune fille qui ressent le besoin irrépressible d’exprimer ses émotions.

Célia a souhaité nous faire part de sa vision du fameux décalage ressenti avec ses proches, ses camarades d’école, et témoigne ici de sa stratégie d’adaptation afin de vivre au mieux dans un « monde d’incompréhension mutuelle ».

Selon Célia, être une adolescente précoce évoque :

Un décalage comportemental source de solitude et de remarques désagréables :

« Au lycée, personne ne me comprend  »

C’est tous les jours la même chose, je suis tout le temps toute seule. Quand je vais les voir, ils se mettent en groupe. Ils rigolent, ils disent des choses sur moi et ils me rejettent. On me fait un tas de remarques désagréables sur ma façon d’être ou de m’habiller et si je réagis, ça finit mal. A la gym c’est pareil, on m’a dit que j’avais maigris, que j’étais moche et grosse…. A la récré, je reste à côté des adultes, ou je suis toute seule ou je vais voir une amie et j’attends que ce soit fini, j’ai peur de me retrouver seule face à eux. Heureusement que je vois ma famille le soir…

Comme beaucoup d’enfants précoces, je suis entrée à l’école avec l’idée d’apprendre plein de choses et de me faire beaucoup de copains, c’est d’ailleurs ce que m’avaient expliqué les adultes. « Mais tu as vite déchanté. En classe, cela va encore, devant les profs, les autres élèves n’osent pas s’en prendre à toi. Mais dans la cour, les règles changent. Ce sont les enfants qui prennent les choses en main et tu leur poses problème « .

Des codes et des normes ressentis différemment :

« Bien sûr, Célia, ce n’est pas de ta faute. Tu ne fais pas exprès de leur poser problème mais, face à toi, il y a plein de choses qu’ils ne comprennent pas. D’abord tu ne te comportes pas comme les autres, tu crois être comme eux ou presque. Par exemple, tu observes et tu essayes de comprendre le fonctionnement des autres enfants en essayant de te comporter comme eux et du coup tu n’y arrives pas. Mais chez toi ce n’est pas naturel et cela se voit. Tandis qu’eux agissent sans se poser de questions. Du coup tu as toujours un temps de retard ou bien tu développes une logique là où il n’y en a pas ».

Habituellement les enfants agissent en respectant les normes sans réfléchir, pour eux c’est comme ça que l’on doit faire. Ils ont appris que si l’on ne respecte pas ces normes on est en danger. Le premier danger étant naturellement de se faire gronder ou de recevoir une punition mais derrière celui-ci il y a la notion de sécurité du groupe : les règles sont là pour protéger le groupe. C’est ainsi que la plupart des enfants se sentent en sécurité, lorsqu’ils sont dans un cadre où les règles sont fixées et tout le monde les respecte. »

Une nécessité de sécurité qui réside dans la compréhension du bien fondé d’une décision ou d’une norme imposée et non pas dans sa simple application :

« Tout le monde, sauf toi Célia ! Parce que toi, tu as conscience que les règles ne suffisent pas à protéger du danger, parce que toi tu as besoin de comprendre avant d’agir, parce que toi tu n’as pas intégré les normes que tu ne comprends pas. Et dès que les autres enfants voient quelqu’un sortir de la norme, ils ont peur. Ils viennent donc t’agresser, te faire peur pour que tu comprennes que tu les mets en danger.  Pour eux, c’est la peur qui permet d’intégrer les normes. Ils ne peuvent pas imaginer que tu fonctionnes différemment.

Comme par exemple, en cours de gymnastique artistique, tout le monde est habillé en débardeur/tee-shirt et en leggings/short. Moi, je me mets en justaucorps parce que je me sens plus à l’aise et que c’est autorisé. Donc ça les gêne. Et tout le monde m’a dit des méchancetés par jalousie parce que j’étais jolie, gentille, grande, fine et que je suis différente. Et elles comme elles sont mal dans leur peau, alors elles crachent leur mal-être sur des personnes sensibles… »

Un mélange explosif d’émotions, d’informations, de ressentis qui peut se révéler être un frein :

« Le fait d’être précoce ne veut pas forcément dire surdoué… Certains précoces pourront prétendre à de grandes études, pour ensuite viser le métier qui leur plaira. D’autres n’ont pas cette chance, car leurs capacités intellectuelles ne seront pas suffisantes pour entrer et réussir dans ces grandes écoles, car leurs émotions les envahissent trop, ou alors parce qu’une surdouance n’est pas tracée dans leur vie… Avoir le choix est une donnée essentielle pour un enfant comme lui, qui a besoin de contrôler la situation. »

« En fait, être précoce c’est le fait qu’on ne pense pas comme vous et on n’a pas les mêmes ambitions que vous , notre cerveau va plus vite, on est plus mature. Notre cerveau est comme une voiture de formule 1. On a la capacité de recevoir plein d’informations en même temps et donc on s’emmêle et cela nous créé des émotions très fortes que nous sommes les seuls au monde à pouvoir ressentir. La vitesse habituelle de conduction nerveuse est de 2 mètres par seconde. Chez un précoce, elle est plus rapide. Le résultat c’est que tu vas très vite d’une idée à l’autre, parfois trop vite pour te souvenir de toutes les idées que tu as associées d’où des difficultés pour expliquer ton raisonnement. Il y a deux choses principales qui empêchent les émotions de circuler librement : la peur et la culpabilité. Lorsque tu as très peur ou que tu te sens vraiment coupable, ce n’est plus ton intelligence qui guide tes actes. »

Une sensibilité à fleur de peau :

« Comme tous les précoces, tu es hypersensible. Tu sens la peur de ceux qui t’embêtent qui est très forte et elle s’ajoute à la tienne, qui finalement est énorme. Mais il y aussi une peur qui est en toi depuis très longtemps et qui vient de très loin. Tes émotions sont tellement fortes, que tu fais des malaises, des crises de nerfs, de tétanie, tellement que tu n’arrives pas à exprimer, à expliquer aux autres ce que tu ressens réellement et les gens, ils ne comprennent pas, ils te rejettent, ils se moquent de toi et sont méchants avec toi… Mon papa avait du mal à me comprendre…  Et mes anciennes amies m’ont fait énormément de mal… Elles m’ont abandonnée parce qu’elles ne me comprenaient pas, parce que j’étais différentes d’elles et elles me disaient que je faisais semblant, elle étaient aussi beaucoup jalouses de moi.. »

« Christine, vous n’êtes pour rien dans ce qui arrive à Célia, vous n’avez pas fait d’erreur avec elle. Célia a sûrement vécu quelque chose de très difficile lors de ses premières années d’existence : accouchement qui s’est mal passé, grave maladie infantile, ambiance angoissée dans la famille, maltraitance d’une nourrice. Quelque chose de certainement très difficile pour toute la famille mais que tout le monde s’est dépêché d’oublier lorsque la situation s’est améliorée. »

Comme tous les bébés, mais plus encore dans le cas des bébés précoces, Célia a avalé toutes les émotions présentes autour d’elle et en particulier, la peur présente à ce moment-là. A cet instant-là, s’est constitué un maelstrom avec tout ce qu’elle a pu ressentir autour d’elle et à l’intérieur d’elle, comme un trou noir qui engloutit toute sa personnalité lorsqu’elle se retrouve en difficulté.

Moi c’était l’accouchement qui s’est mal passé. J’ai eu peur de mourir et lorsque j’avais une émotion ou un événement difficile dans ma vie, je revivais avec impuissance ma naissance et j’étais énormément en souffrance.

J’ai aussi été opérée de mon œil à 4 ans. J’ai été traitée comme un objet… Un chirurgien ne peut pas se dire qu’il opère un enfant, sinon il aurait trop peur de lui faire mal… Alors, il te traite comme si tu étais un objet en plastique… C’est pour cela que j’ai été attirée vers le monde du mannequinat, le fait d’être traitée comme un objet… Je suis allée chercher pour essayer de comprendre pourquoi j’avais tant souffert…

Aussi, j’ai perdu mon papi à 9 ans et ma mamie à 16 ans… C’est là que mon hypersensibilité s’est vraiment déclenchée…
Après, mon mal-être est parti dans une restriction de nourriture, j’ai essayé de tout contrôler. Je ne voulais pas montrer mes défauts aux gens. J’ai perdu beaucoup de poids et puis après, mon cerveau me demandait beaucoup de sucre…. Je me suis mise à mettre des lentilles et à changer la couleur de mes cheveux… »

Le nécessaire besoin de reconnaissance et d’affirmation de soi associé à de ponctuelles stratégies d’adaptation :

« Pour que cela ne se reproduise pas plus tard avec ceux de ton âge, il faut que, soit en première solution tu te poses, tu réfléchis en te demandant si c’est méchant ou pas ce qu’ils te disent, tu parles calmement ou tu fuis. La deuxième solution c’est de te constituer un personnage intermédiaire. C’est à dire qu’à l’école, et uniquement à l’école, tu joues à être un enfant normal.

C’est important que tu comprennes que tu ne seras jamais comme les autres. Car si tu essayes d’être comme eux, tu n’y arriveras pas. Mais tu peux réussir à faire semblant d’être comme eux. Mais surtout n’oublie pas de retrouver ton identité réelle dès que tu sors de l’école, car c’est dans celle-ci que tu réussiras à te construire une vie épanouie. Tu peux d’ailleurs te construire plusieurs personnages en fonction des situations rencontrées. Mais montre qui tu es vraiment à ceux que tu aimes, sinon tu finiras par l’oublier toi-même et tu auras l’impression de porter des habits mal taillés toute ta vie, ce qui est vraiment désagréable. »

Ces mots sont extraits d’un article que Célia souhaite publier dans un livre en projet, à paraître pour 2020-2021, souhaitons-lui bonne chance  et merci pour son témoignage !

Partagez un max !! 😉😘

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.