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Quid du haut potentiel et des faiblesses associées ?

Sur un article récent, une lectrice se posait des questions quant à la relation souvent mise en avant entre le haut potentiel et les troubles qui y sont associés. Voici ma réponse.

L'enfant précoce à l'école maternelle

Je me fais le relais d’un commentaire posté à bon escient par Valérie sur l’article « Intelligence supérieure ne rime pas forcément avec troubles psy »  qui traite d’une tribune de Nicolas Gauvrit.

En l’occurrence, notre lectrice disait ceci :

Une question me taraude ces derniers temps en est encore renforcée par le texte de Nicolas Gauvrit :  » Est-ce que le surdouement est vraiment un facteur déterminant dans une vie ? » dans le sens de « un facteur ayant une importance quant à la personnalité et au développement d’un individu » ?

Plus j’approfondis le sujet plus j’ai l’impression qu’il y a un florilège d’idées reçues que nous pouvons lire au pire sur des check-listes sur Internet et au mieux trouver dans des ouvrages de personnes acceptées comme spécialistes du sujet.
Or apparemment il n’y a statistiquement parlant (hors la mesure du QI) aucune preuve ou la preuve qu’il n’y a pas de différence (ex. difficulté dans les relations sociales). Chacun se sachant ou croyant HP fait son marché dans ces soi-disant caractéristiques.

Je suis songeuse et en ce moment la seule chose qui me semble tenir la route est de dire qu’un QI élevé aide à comprendre plus vite et à « apprendre » ce qu’il faut faire pour dépasser certaines faiblesses… Mais faiblesses qui en elles-mêmes n’ont rien à voir avec le niveau d’intelligence !

Cela m’intéresserait beaucoup d’avoir des retours sur le sujet !

La question posée par Valérie serait donc de savoir s’il y a une relation étroite entre le haut potentiel et un développement associé de pathologies, troubles… plus important que dans la norme. Effectivement chaque individu est susceptible de réagir plus ou moins bien à la vie, alors est-ce plus compliqué pour une personne à haut potentiel ?

Il est presque impossible d’y répondre puisque, d’une part, les personnes qui vont bien ne font pas l’objet de consultations à ce titre et ne sont donc pas détectées et que, d’autre part, les troubles dont on parle, en majorité, ne sont pas spécifiques aux personnes à haut potentiel.

Par contre, il serait intéressant de savoir, si troubles il y a, pourquoi, comment et quand ils apparaissent dans la mesure où ils ne relèvent pas de la maladie ou de l’accident. Et force est de constater, d’expérience, que la plupart du temps ces « troubles » apparaissent au moment de la socialisation ou de l’entrée à l’école, ou encore découlent d’une inadaptation des enfants à haut potentiel au système scolaire actuel.

Et si on posait le postulat inverse tout simplement ? Ces enfants dits « troublés » vont bien, c’est le système éducatif qui ne leur est pas adapté. Parce que finalement que constate t-on la plupart de temps lorsqu’on détecte un trouble ? C’est que l’enfant à haut potentiel ne s’adapte pas au rythme de l’école. Mais tout change lorsque l’école fait l’effort de tenir compte de son propre rythme ou qu’il se trouve confronté à des personnes qui fonctionnent comme lui.

J’ai publié l’an dernier, un article sur l’étude menée par Sara Coduri au sujet des compétences sociales et langagières des EIP, qui seraient là encore inadaptés en la matière. Effectivement ils ne sont pas adaptés à la norme, mais cette norme est-elle adaptée à leur fonctionnement particulier et que faire alors lorsqu’il y décalage ? Vous pouvez lire ma tentative d’explication ici.

Je pense pour ma part que le haut potentiel bien « utilisé » est un facteur positif qui donne de belles possibilités dans un contexte favorable. Par contre nous ne pouvons nier qu’aujourd’hui tout est normalisé, standardisé, prédéfini, il n’y a qu’à voir les grilles d’évaluation très précises des enfants à l’école maternelle pour se rendre compte qu’il n’est pas permis d’avoir un fonctionnement qui ne rentre pas dans les cases. Ainsi, il est compréhensible qu’un individu  sans cesse obligé de se sur-adapter ou de se contenir puisse, à la longue, développer des pathologies ou des troubles qui n’existeraient pas s’il pouvait avancer à son propre rythme.

Donc, pour répondre à Valérie, les faiblesses, lorsqu’elles sont constatées, ne me semblent pas directement liées au niveau d’intelligence élevé mais seraient plutôt la conséquence de la non reconnaissance et de la non stimulation de cette intelligence particulière.

D’où l’importance de la détection et de la prise en compte du haut potentiel intellectuel, par l’école, mais aussi par les parents, afin que l’environnement global de l’enfant précoce, (la famille d’abord, puis l’école et le cadre élargi ensuite) puisse s’adapter et répondre à ses besoins, à son rythme, afin que le surdouement demeure l’atout qu’il devrait être pour la construction d’une personnalité simplement épanouie.

Voilà pour mon avis tout à fait personnel, et vous, qu’en pensez-vous ?

3 commentaires

  1. Bonjour Françoise,
    Je viens de découvrir que vous avez pris le temps de faire tout un article sur ma question, merci 🙂
    La socialisation, c’est vrai qu’il semble qu’à ce moment-là subitement des enfants absolument normaux pour leurs parents paraissent tout à coup bizarres, différents. Toutefois ce cera toujours une petite partie de la population totale des HP qui seront concernés, donc peut-être que ça n’a rien à voir avec le fait qu’ils sont « aussi » HP. Vous répondez fort justement que c’est impossible à dire; une histoire d’oeuf et de poule.
    Je trouve la piste de la non-reconnaissance, je dirais non-acceptation très intéressante et constate que quoiqu’en théorie notre système scolaire et social devrait être plus ouvert à la différence qu’il y a 30 ans j’ai l’impression que c’est tout le contraire; la pression est énorme dès les petites classes, pression à réussir, à entrer dans le moule à faire comme tous les autres. Mais c’est une discussion de société par forcément de QI.
    Difficile questionnement….
    Bien sûr que je me suis fait toutes ces réflexions par rapport à notre cas particulier et personnellement j’ai décidé de laisser de côté l’intelligence de ma fille comme explication à certaines singularités qu’elle présente; par contre son intelligence est très importante afin qu’elle puisse comprendre certaines faiblesses et apprendre à les surmonter.

  2. Bonjour,

    Comment bien gérer détection précoce du surdouement? Notamment:

    – Lorsqu’un enfant est testé mais que la conclusion lui attribue un Q.I. normal voire faible (c’est un risque, quand on teste): quelle sera sa réaction? Et celle de son entourage?

    En cas de test « systématique » parmi une population d’enfants: celui qui n’est pas révélé surdoué est donc clairement révélé comme non-surdoué. Comment va-t-il se construire? Par exemple, dans une fratrie aux Q.I. disparates?

    Le doute permis par l’absence de détection systématique n’est-il pas bénéfique à certains, quand-même?

    – Ne risque-t-on pas de créer des inégalités voire des pressions anxiogènes « misant » plus sur les hauts potentiels une fois identifiés? (Par les parents, le système scolaire…)

    – Si au lieu de prévoir des dépistages systématiques, on les rendait tout simplement accessibles à ceux qui les souhaitent -par exemple remboursés par les systèmes de santé et avec confidentialité bien hermétique des résultats-, cela serait-il plus simple?

  3. Bonjour,

    Gwen, votre questionnement sur la détection et ses conséquences sur l’enfant lorsqu’on lui attribue un QI normal ou faible se trouve être actuellement au centre de mes préoccupations.

    Mon fils de 4 ans et demi présente de nombreuses caractéristiques générales d’enfants doués. Des parents d’EIP voient en lui un enfant précoce et quelque chose au fond de moi me dit aussi que c’est très certainement le cas (ses propos, sa perception des gens/choses, la profondeur de ses réflexions… et aussi sa solitude à l’école, qui ne fait que s’aggraver)

    Cependant, même si nous avons demandé un RDV avec la psy scolaire car sa solitude lui pèse et lui fait mal (fait constaté également par son enseignante), je n’ose pas passer le cap d’une évaluation de QI. Ma crainte justement rejoint votre question : et s’il n’était pas précoce en fait? que lui dire? J’ai peur également de notre réaction de parents.

    De plus, il y a aussi je crois pour moi une double peur : en lisant des ouvrages (de J. Siaud Facchin entres autres) par rapport à mon fils, je me suis brutalement reconnue dans de nombreuses descriptions et malgré moi, des moments douloureux sont remontés à la surface… Mes parents ont refusé un saut de classe pour moi et j’ai quand même bâti ma vie (bien compliquée…) J’aurais peur si mon fils était diagnostiqué EIP, qu’outre le fait de devoir trouver les meilleures solutions pour lui et son épanouissement, cela remette entièrement en cause ce que j’ai réussi à bâtir dans ma vie…

    S’il était précoce, je crains justement de tomber dans le travers que vous évoquiez, à savoir lui en demander beaucoup trop, « pression anxiogène » surtout au regard de ma propre expérience…
    Et d’un autre côté, s’il n’était pas précoce? Comment comprendre son isolement?

    Cette « catégorisation » m’angoisse… Vient enfin un autre point que vous soulignez : la construction des individus d’une même fratrie aux QI disparates… (son frère de 12 ans a été testé pour des craintes « inverses », questionnant plutôt « la normalité ou non » de son QI….)

    En bref, merci d’avoir posé ces questions auxquelles je suis loin d’avoir trouvé des réponses!! Des retours d’expériences, si votre vécu se rapproche du mien, m’éclaireraient grandement. Je redoute que mes peurs, mes « blocages » ne desservent mon fils…

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