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L’enfant décrocheur

Rejet de l'école depuis la maternelle

8 sujets de 1 à 8 (sur un total de 8)
  • Zarbi
    Participant

    Bonjour à tous,

    Avec mon mari, nous sommes perdus concernant notre fils de 12 ans, et nous avons besoin d’aide.
    Pour résumer la situation :

    – Dès bébé, il refuse de faire la sieste, il veut rester avec les autres. Il tient assis seul à 5 mois, il marche le jour de ses 11 mois, c’est un enfant très curieux, très tonique et drôle. En revanche, il est toujours dans l’opposition, notamment face à l’autorité, c’est un défi.

    – Première année de maternelle, il refuse toute activité de groupe, ne semble pas intéressé par la classe et fait le pitre. En fin d’année, il me restitue le programme qu’il avait finalement retenu. Il me demande à apprendre l’alphabet, à compter.

    – Seconde année de maternelle, idem. Il fait le pitre en classe, ne tient pas en place, la maîtresse ne sait pas comment l’intéresser à la classe. Lorsqu’il est avec moi, il est demandeur pour apprendre. Il sait faire des additions de nombres de 3 chiffres de tête. Il sait épeler son nom sans le voir écrit. Il n’aime pas l’école.

    – Grande section, idem, toujours ingérable en classe. Il commence à régresser mais sait lire.

    – Ecole primaire : gros pb de graphisme. Dès qu’il est en âge de mettre des mots sur la situation, il nous dit qu’il se sent différent des autres enfants de son âge, il se sent nul et se demande s’il a un pb à la tête. Nous frappons à bcp de portes (psy, psychomotricienne, neuro-pédiatre, neuro-psy, etc) car le comportement de notre fils n’est pas adapté en classe, et il a des périodes de grande tristesse et d’anxiété. Il a une grande capacité d’analyse et en même temps il se comporte comme un enfant de 3 ans. Le psy scolaire lui fait passer un test de QI en CE1 et nous dit qu’il est ininterprétable au regard de la dyssynchronie qui s’en dégage. Il nous dit que notre fils est touchant, qu’il a un vocabulaire fourni, qu’il se sent incompris et qu’il a un fond dépressif. A 2 reprises, lors d’une consultation de contrôle, l’ophtalmo nous dit qu’il est précoce, mais qu’il a un pb visuo-spacial qui sera réglé avec des séances d’orthoptie. OK. Pb de dysorthographie également. Séances d’orthophonie. Le neuro-pédiatre rencontré en CM1 pense d’emblée que notre fils est EIP, mais maintenant il refuse de passer un autre test. Le médecin nous oriente vers une neuro-psy qui diagnostique (avec difficulté) un syndrome d’Asperger. Le neuro-pédiatre n’est pas d’accord avec son diagnostic. On arrête tout ! Notre fils nous dit qu’il s’ennuie en classe, qu’il doit faire le pitre pour se faire des amis, qu’il s’oblige à rire aux blagues de ses potes pour se faire intégrer. Il n’est pas très attaché à eux. En CE2, il reste avec l’instit durant la récré pour échanger sur divers sujets, notamment Tchernobil, car il vient de faire des recherches sur Internet sur le sujet. Il s’ennuie terriblement en classe mais ses notes ne sont pas bonnes, ça ne l’intéresse pas. Gros pb de graphisme. A la maison, il est difficile, tout est compliqué tant il est dans l’opposition.

    – Collège (il est en 5ème cette année), il est heureux d’entrer enfin au collège. Il trouve ses marques tout de suite. Mais les cours le déçoivent rapidement, il ne suit plus, ne s’intéresse pas. Il aime cependant un sujet abordé en cours en 6ème et fait des recherches qui épatent les profs. Ils parlent de « Pensée fulgurante ». Mais ses notes globalement sont mauvaises… Ses profs sont déstabilisés par cet enfant « complexe » qui ne rentre pas dans les cases. Son comportement en cours est maintenant OK. Cette année, une de ses profs pense qu’il est EIP et préconise l’aide d’un grapho-thérapeute et nous oriente vers une professionnelle qui nous reçoit rapidement. «As-tu un sujet de prédilection ? » oui, la mort. « As-tu des amis de ton âge ? »… pas vraiment, je suis obligé de me rabaisser pour avoir des sujets de conversation avec eux. « Es-tu d’accord pour faire un bilan pour que je puisse t’aider ? »… pas de réponse. Finalement, mon fils me dit qu’il en a marre et qu’il a peur de perdre son temps. Les autres bilans qu’il a faits n’ont servi à rien. Il ne veut plus qu’on lui pose de questions sur sa vie privée…

    Avec son père nous sommes désappointés. Notre fils n’aime pas l’école, il voudrait étudier la 1ère, la seconde guerre mondiale, faire de la philosophie et de la mythologie. Nous ne savons plus quoi faire… Il décroche complètement, l’enseignement ne l’intéresse pas. Il n’y a pas de collège Montessori à proximité, nous sommes très inquiets pour la suite.

    Nous sommes intéressés par toute suggestion !
    Merci d’avoir pris le temps de me lire.

  • Françoise
    Maître des clés

    Bonjour,

    Votre fils a très certainement toujours eu beaucoup d’attente dans l’école, sans jamais y trouver satisfaction.
    Ce qui est impressionnant je trouve pour un garçon de son âge est sa grande conscience de lui-même, de ce qu’il ressent, de ce qu’il aimerait faire et de sa différence. Son mal être nécessite d’être pris en compte, surtout s’il évoque la mort. Le bilan serait sans doute une bonne chose pour évaluer à quel point il peut être différent et l’impact que cette différence a eu sur son passé, pour le rassurer aussi par rapport à ses capacités, son décrochage, son rapport aux autres.
    Personnellement je pense que l’urgent est de réparer, de le rassurer et de l’aider à s’occuper la tête avec ses sujets de prédilection. Il peut aborder la philo, l’histoire, la mythologie dès maintenant, sans que ce soit à l’école ni trop scolaire, ou encore aller de l’avant sur l’un ou l’autre de ces sujets, préparer des exposés… Adhérer à une société d’Histoire pourquoi pas ? De toutes façons il ne faut pas attendre de l’école qu’elle leur apporte toute la stimulation dont ils ont besoin. C’est dur de dire ça à un enfant en demande mais en même temps cela leur évite de grandes déceptions.
    Par contre l’école est là pour leur apprendre des méthodes, une façon de raisonner et de travailler, pour les préparer au passage d’examens, et des efforts peuvent être faits par l’équipe scolaire lorsqu’elle est prévenue de la précocité des enfants sur la façon d’enseigner avec eux, pour s’adapter à leurs difficultés (graphismes par exp, retravailler la méthode…) et aussi leur permettre de se trouver face à des défis et des activités plus approfondies quand le besoin s’en fait sentir. Si la prof qui le pense eip peut l’aider, ça peut être une chance.
    Sinon, une autre alternative pourrait être une année de déscolarisation si c’est possible pour vous, en travaillant à fond et autrement les matières principales et en approfondissant vraiment l’histoire, en le laissant aborder la philo…, tout ça pour se remettre en confiance et oublier les idées noires. La précaution à prendre par contre, selon mon expérience de maman d’enfant pratiquant l’école à la maison, est de faire en sorte qu’il ne « travaille » pas seulement avec sa tête mais produise aussi un travail écrit, pur justement éviter ou réparer les problèmes de graphisme, de lenteur…
    En gros votre fils a de fortes chances d’être très différent, je pense que de savoir exactement où il en est lui permettrait à la fois de se rassurer et de réparer, il est complexe sans doute et savoir à quel point lui permettrait de débrouiller petit à petit les noeuds.

  • Baleineblanche
    Participant

    Bonjour,
    Je lis avec intérêt le récit de la scolarité de votre fils, j’aurai quelques question vous concernant? Quelle est votre activité professionnelle? n’y a-t-il pas la possibilité de le sortir du système scolaire, d’envisager une scolarité à domicile? Votre fils a-t-il des activités extra-scolaires? lesquelles?

    Bien à vous,

  • Zarbi
    Participant

    Bonjour Françoise et Baleineblanche et merci pour vos messages.

    En réponse à votre suggestion d’école à domicile, cela me parait compromis. D’une part, mon activité professionnelle ne me permet pas de prendre une disponibilité, et d’autre part, je crains qu’une déscolarisation ne mette encore plus mon fils en dehors du monde réel… Par ailleurs, et vu son âge, je crains également que nous rentrions en conflit dans le cadre d’une trop grande relation de proximité. Enfin, il est en opposition dès qu’il s’agit de faire les devoirs, donc une scolarité à domicile…

    Les instits de primaire m’avaient mise en garde « tant qu’il est en primaire, ça va, mais vous allez voir, au collège, les profs ne vont pas s’embarrasser avec un profil comme celui d’Eliot ! ». Et bien, c’est faux, je trouve les profs bienveillants et très demandeurs d’informations concernant mon fils. Ils sont interpelés par ce jeune qui sort du cadre et veulent vraiment l’aider. Nous avons l’adhésion du prof d’histoire et de français (dithyrambique concernant les productions d’Eliot qu’il cite en exemple). Maintenant, ils n’ont pas que lui dans la classe.

    Il a effectivement une activité extra-scolaire : la piscine, 2 x 1h30 par semaine. Pour une fois, ça lui plait. Il a testé : karaté, foot, basket, ping-pong, multisport… une chose est claire, les sports collectifs ne sont pas pour lui.
    Il s’est enfin décidé pour le suivi avec la grapho-thérapeute, il nous a dit hier soir qu’après réflexion, il était d’accord, à condition qu’on ne lui pose plus de questions d’ordre privée. Au vu du premier rdv que nous avons eu avec elle, son aide devrait être rapidement mesurable.

    Eliot nous a demandé s’il serait possible d’aller dans d’autres classes pour voir si le programme est plus intéressant (on reste principalement sur la mythologie et la philo)… On essaie de lui expliquer qu’il aura le choix de ses études plus tard, mais rien ne l’empêche en attendant de faire des recherches comme il est capable d’en faire sur les sujets qui l’intéressent. L’année dernière, il s’est passionné pour la Bible (abordée en cours de français et d’histoire)… allez savoir pourquoi ? Un soir, entre la poire et le fromage, il nous a restitué tout ce qu’il avait retenu (nous ne sommes pas du tout calés en la matière), et il nous a impressionnés par sa capacité à retenir des noms complexes, le tout respectant la chronologie. Parti sur sa lancée, il nous a dit que Dieu décidait de tout concernant les êtres humains. Ce à quoi j’ai répondu « notre vie est donc pré-déterminée ? ». Réponse d’Eliot : « non, sinon le doute n’existerait pas… Mais ça va plus loin… le doute existe peut-être aussi pour faire croire aux hommes qu’ils peuvent choisir, mais à la fin, le résultat est le même. Un exemple : si je dois choisir entre un cheeseburger et un big mac, je peux choisir l’un ou l’autre mais au final, c’est pareil : j’aurai de toute manière du cholestérol ! ». Bon, ben moi je reprendrais bien du fromage…

    Mais à côté de ça, il a ramené encore un 5 en maths « je n’arrive pas à me concentrer sur des sujets qui ne m’intéressent pas ». Le problème, c’est que le monde ne va pas s’adapter à lui !
    Alors vos réponses m’ont amenée à réfléchir, et à chercher des forums d’ados intéressés par certains sujets susceptibles de l’attirer. Et pourquoi pas créer lui-même un blog… l’idée est à creuser…

    Merci encore pour vos suggestions et bonne journée.

  • Baleineblanche
    Participant

    Bonjour,
    Je pense que la scolarité a domicile est peu envisageable sans un grand nombre d’activités extra-scolaires et elle demande effectivement un grand investissement et une grande disponibilité familiale. Je te demandais ça car notre fils de 7 ans est en total décalage avec les enfants de son âge et que nous envisagé de le sortir du système scolaire. Il fait du sport mais surtout de la musique, beaucoup de musique, ainsi il fréquente de gens d’âges très divers et a de multiples projets car en musique on s’appuie sur le niveau et non sur l’âge!. Depuis qu’il fait partie de trois orchestres (un d’enfants de 8 à 10 ans, et deux autres composés d’adultes et d’adolescents de même niveau que lui) il s’est tout à fait épanoui. Il va à l’école, sans passion mais sans rejet et apprécie même la compagnie d’enfants de son âge avec qui chahuter. Je pense que cet équilibre vient du fait qu’il va au bout de lui-même et de ses capacités en musique, que ça lui demande beaucoup de travail et que ça lui donne beaucoup de plaisir. J’ai toujours l’impression que ces enfants sont avant tout victimes de leur désœuvrement, celui-ce poussant à l’oisiveté intellectuelle d’où les problèmes de concentrations. Depuis que Nathan est poussé dans un domaine, qu’il est confronté à la difficulté et qu’on lui demande des efforts il est devenu plus calme, plus serein…
    Bon courage à toi, à vous!!

  • Françoise
    Maître des clés

    Oui, l’exploitation d’une passion s’ils ont la chance d’en manifester une est formidablement libératrice.
    Baleine blanche, pour votre fils il y a la piste des classes cham (à horaires aménagés) option musique à exploiter.
    Le grand inconvénient aujourd’hui pour les activités qu’elles qu’elles soient est la segmentation par âge qui finalement est très restrictive. Quand on peut en sortir pour aller au rythme réel de l’enfant, c’est tout bénéfice! Je suis d’accord avec vous, ils ont besoin d’être poussés, la difficulté étant que même lorsque des profs se rendent compte qu’ils comprennent vite (comme vous mes enfants font de la musique, on nous dit toujours qu’ils comprennent vite), sauf à avoir vraiment un prof particulier, les profs ne peuvent mesurer l’étendue de leurs capacités et sont limités par un programme ou par un groupe. C’est à eux donc d’en faire plus et d’aller au delà de ce qui est demandé.
    J’aime bien la logique de votre fils, Zarbi, sa remarque est pertinente, amusante et effectivement décalée !
    Tout votre travail à vous sera de l’aider à faire de ses caractéristiques une force pour qu’il ait confiance en lui et ses capacités, le blog est une très bonne idée, si un jour il le fait ça nous fera plaisir de le lire!
    Pour mon 3ème qui a aussi du mal à se motiver pour certaines matières, nous reprenons au départ à l’aide de bouquins synthétiques de type bled collège maths http://amzn.to/2jLInY9 qui donnent une leçon, la méthode, des exercices.
    Cela permet à la fois d’assurer le minimum et d’aller à son rythme s’il a envie d’aller plus loin.

    Tenez nous au courant de vos avancées si vous le souhaitez.

  • Baleineblanche
    Participant

    Notre fils s’est pris d’affection pour un instrument plutôt rare (il fait du tuba depuis l’âge de 5 ans…), ainsi il est très « narcissisé » par le département des cuivres du conservatoire, tout simplement parce-qu’il le seul. Comme il a d’évidentes dispositions et le goût du travail son enseignante et qu’il n’y a pour ainsi dire aucune activité prévue pour un enfant de son âge en tuba, il a été intégré aux activités (divers groupes) du département des cuivres « graves » en dépit de son jeune âge. Nous avons constaté tout de suite que cela faisait un bien fou (au point de le réconcilier avec l’école et de s’y plier sans rechigner). Nous avons donc cherché d’autres choses à lui faire faire avec des personnes de tous âges et l’avons inscrit à la capoeira (sport brésilien) qui se pratique (ici du moins) tous niveaux et âges confondus, la pédagogie reposant sur le mimétisme. Lui qui avait toujours préféré les sports solitaires (il nage beaucoup, plonge en mer avec son père…) a découvert le plaisir d’être en groupe, de pratiquer un sport à plusieurs. Je pense que nous avons beaucoup de chance d’avoir trouvé des activités qui permettent à Nathan de s’épanouir mais je pense aussi que tous ces enfants sont des trésors, ils ont le plus souvent en eux la solution à leurs difficultés et tant que le dialogue est possible il y a une chance de les voir grandir avec plaisir! (voir le sujet que j’avais ouvert en début d’année « enfant de 7 ans qui refuse d’aller à l’école »).
    Bon courage et tenez-nous au courant!

  • Zarbi
    Participant

    Merci à toutes pour vos réponses et suggestions éclairantes, et félicitation pour votre implication…
    Suivre un enfant hors cadre n’est vraiment pas simple, surtout s’il rejette le système scolaire. Ma fille ainée a 18 ans, elle a d’excellentes prédispositions comme nous l’avait précisé son instit en CP, elle a une grande capacité d’adaptation et sa scolarité a été un « jeu d’enfant ». Aujourd’hui en double licence, je ne la vois pratiquement pas travailler, elle profite de la vie, sort, s’amuse et réussit ses études. Tout va bien pour elle et son petit frère en retire je pense une grande frustration.
    Le concernant, il a toujours été déconcertant (dès bébé, on a vu qu’il était particulier). Que de tracas et d’inquiétude surtout. Quand tout jeune encore il se demandait ce qu’il faisait sur terre et quel était le but de la vie, qu’il se demandait aussi si c’était normal d’être envahi de plein d’idées en même temps, qu’il était obligé de bouger tout le temps, sinon « des mauvaises pensées envahissaient sa tête »… quand il nous disait que selon lui, « la mort, ce n’est pas la fin, sinon à quoi ça sert d’être en vie »… quand aujourd’hui encore il s’inquiète de ne pas découvrir son talent (puisqu’on a tous un talent selon lui)… combien de fois je me suis culpabilisée (et me culpabilise encore) de ne pas être à la hauteur. Une chance encore qu’il puisse exprimer ses sentiments, on peut dialoguer et tenter de le rassurer.

    Pour info, je viens de commander un ouvrage « la philo 100 % ado », nous verrons s’il accroche au concept…

    Bonne journée

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