14 octobre 2017 à 21h07
J’ai toujours eu de gros problèmes de comportement, surtout à l’école. Un jour, une travailleuse sociale vient me rencontrer à la demande de ma mère et de l’école. À cette époque, j’avais 7 ans. Le résultat de la rencontre n’était pas celui désiré par ces adultes, mais la travailleuse sociale en est sortie bouche-bée. Je vous raconte une petite partie de cette rencontre comme ma mère me l’a racontée:
Je suis seule avec la travailleuse sociale dans son bureau. Elle se penche vers moi et me dit:
<<Jasmine, pourquoi ne souris-tu pas? >>
Je roule des yeux et lui répond:
<<Pourquoi j’devrais sourire? Vous me rencontrez parce que je fais du trouble à mes profs. J’comprends, mais je ne suis pas la seule élève de la classe qui dérange. Si les autres peuvent, alors pourquoi pas moi? >>
Elle me caresse la cuisse. Mal à l’aise, je la secoue. La travailleuse sociale semblait choquée par mon geste. Elle poursuit en me demandant:
<<Écoute Jasmine, ce n’est pas parce que les autres dérangent que toi aussi tu peux déranger. Si je te demande de sauter en-bas d’un pont, le ferais-tu?>>
Je croise mes bras et commence à bien rigoler. Je secoue la tête et dévisage la dame. Je n’ai hésité à lui répondre:
<<Ah… Eh bien là, ça dépend quel pont.>>
La travailleuse sociale me fixait sans rien dire. Elle ne comprenait pas. J’ai appris, quelques jours plus tard, qu’elle avait téléphoné à ma mère pour lui raconter. Croyez-moi, cette Histoire les a marquées à jamais. Ma mère m’a dit:
<<C’était la première fois de ma vie que je ne savais pas comment réagir. C’était comme si tu cherchais le trouble, mais en même temps, c’était vrai. >>
Je lui coupe la parole:
<<Eh bien oui. Ç’aurait pu être un mini pont fabriqué en bloc Légo, comme ç’aurait pu être celui qu’on prend pour aller chez grand-maman.>>