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Moral à zéro

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  • CarolineAnne
    Participant

    Bonjour à toutes et à tous,

    Mes deux enfants sont précoces, testés vers 7 ans avec le WISC IV. Je profite de cette tribune libre pour exprimer ma solitude face à l’enseignement public.

    Le cas de mon fils, le plus jeune des deux, est le plus positif. J’en parlerai donc en premier. Tout jeune, il a accusé un vrai retard de langage, en dépit de son extraordinaire don d’empathie et de sa facilité à se faire aimer des autres. Le fait de s’attirer naturellement la sympathie de ses copains, d’exceller en classe et de se passionner pour le sport a fait passer à la trappe son petit souci, qui a été corrigé avec le temps et l’aide d’une orthophoniste. Aujourd’hui, scolarisé à 8 ans en CE2, il est dans la classe qui correspond à son âge, qualifié de « l’élève idéal ». Néanmoins, son hypersensibilité a été mise à l’épreuve plus d’une fois… Nous, ses parents, avons été convoqués lorsqu’il était en CP pour nous faire taper sur les doigts. On nous a reproché de « mettre la pression sur notre fils », qui, manifestement, « prouvait tellement qu’il devait exceller qu’il paraissait souvent très anxieux en voulant obtenir les meilleurs résultats possibles ». La douche a été glacée, car nous n’avions jamais mis la moindre pression sur ses épaules. Après nous être entretenus avec la maîtresse suspicieuse, nous n’avons rien changé avec notre enfant, si ce n’est que nous l’avons fait tester pour tenter de mieux comprendre. Les résultats ne nous ont pas étonné : c’est un enfant précoce et extrêmement homogène. Nous avons continué de le rassurer sur son travail à l’école, et nous avons continué à lui expliquer qu’il est important de trouver de l’intérêt et du plaisir à apprendre, tout en continuant à développer d’autres intérêts. Pour sourire, je relate ici que même au centre de loisirs, les animateurs viennent souvent nous trouver pour nous dire que notre fils est excellent au foot, à tous les postes, et qu’il met un point d’honneur à marquer un max de buts tout en faisant très attention au jeu en équipe (il connait par ailleurs les noms de tous les joueurs de ses équipes favorites, le classement de tous les clubs par ligues, leurs buts par matchs, les dates des matchs, j’en passe et j’en ris même…). Ce qui ne l’empêche pas de se passionner pour la guerre de 14-18, la psychologie, qu’il est toujours en avance (tout seul) s’une semaine sur ses devoirs, qu’il est toujours celui qui organise les exposés à plusieurs, tout en ayant un oeil critique et plein d’humour sur sa soeur ainée et ses problèmes d’ado, qui traine la patte en 5ème au collège. J’y viens.

    Ma fille est donc notre ainée. Hypersensible, cauchemardant toutes les nuits, polyallergique, elle a été diagnostiquée précoce et très dyssynchronique, d’un côté quasiment incapable d’empiler des cubes ou de réaliser des puzzles et de l’autre hyper-efficiente en verbal, avec une capacité de mémorisation hors normes. À la maternelle, elle présentait de grosses difficultés à se positionner dans un groupe d’amis où elle était systématiquement l’enfant « victime » des autres. Plus tard, en CE1, sa maîtresse nous a convoqués pour nous dire que Victoire était « le pire cas de sa carrière »… Une enfant qui répondait sans attendre qu’on lui donne la parole ou qui chantait en cours quand elle n’avait plus rien à faire… Une autre enseignante (venant en remplacement de la précédente, en congé, et qui passait le plus clair de son temps à hurler sur les élèves) nous a tendu avec horreur un cahier (le cahier qui servait aux élèves qui avaient terminé leurs exercices en avance, pour s’occuper en attendant la suite des cours), dans lequel victoire avait fait une galerie de portraits de ses camarades (elle avait saisi au plus juste les expressions de ses camarades avec un trait de crayon façon Munch) mais surtout une scène où elle avait dessiné un enfant qui flinguait la maîtresse. Au secours…
    Le reste en élémentaire s’est déroulé sans difficultés notoires, la pédagogie des enseignants du CE2 au CM2 étant mieux adaptée aux besoins de notre fille.
    Voilà qu’au collège tout s’est à nouveau compliqué. Excellente en français et en anglais, en décrochage total en géométrie et en technologie, très bonne en athlé mais nulle au volley. Bref, les profs la considèrent comme une élève rebelle qui ne fait que ce qui l’intéresse. 16 de moyenne un trimestre, 9 au suivant. C’est l’enfer. Résultat, elle est devenue, sans être une ado voyou, la bête noire des enseignants qui lui collent avertissement sur avertissement pour bavardage (sauf en musique, où elle est la meilleure). Aucun n’a essayé de savoir qui elle était, ce qu’elle avait dans la tête, ce qui lui faisait envie ou peur. Pourtant, elle est d’une intelligence si fine, si pointue et tranchante que je suis à chaque fois stupéfaite de ses analyses sur tel ou tel sujet. Elle est si juste dans ce qu’elle dit et résignée pour son âge, que je ne sais pas comment lui donner l’envie de persévérer sereinement dans ses études. Le principal nous a recommandé de faire un bilan pour savoir si elle est dyspraxique, et nous avons rdv demain avec un pédiatre spécialisé pour faire le tour de la question.
    Moi, je suis en train de craquer.
    Voilà, ce n’est pas un appel à l’aide, c’est juste un ras le bol.
    Demain, ça ira mieux 🙂
    (Je ne me suis pas relue, pardon pour les fautes)
    Merci.

  • Françoise
    Maître des clés

    Bonjour Caroline,

    Je ne sais si vous êtes toujours là ….votre message étant resté longtemps sans réponse et j’en suis navrée.
    J’espère que vous tenez toujours le coup et que le pédiatre a pu vous aider.
    Je comprends votre ras le bol, et c’est d’autant plus dommage que la seule envie de nos enfants est d’avancer et d’apprendre et qu’ils se trouvent confrontés à un système éducatif qui n’est absolument pas adapté à leur rythme et à leur fonctionnement , et pour tellement longtemps ! Bien qu’il y ait du progrès quand même, mais trop peu et trop lent. On aurait parfois envie de tout lâcher, de pouvoir sortir de ce cadre beaucoup trop rigide et les laisser aller vraiment à leur rythme, en roue libre en fonction de leurs aspirations, mais ce n »est qu’un rêve… Pour notre part nous avons opté pour la scolarisation à distance, un moindre mal qui leur laisse tout de même plus de liberté et d’autonomie.
    Voilà, c’était un petit message d’encouragement pour vous dire qu’on comprend et que vous n’êtes pas seule.

  • Mon fils a 17 ans et je viens d’apprendre il y a deux mois qu’il est surdoué. Je reconnais mon fils en tout ce que vous expliquez à propos des votres. Par contre vous avez la chance qu’ils sont tous les deux scolarisés. Le mien a decroché complètement il y a trois ans, au bout du premier mois de sa 3ème annnée au collège, et il est descolarisé depuis. J’ai galeré pendant tout ce temps pour voir comment l’aider, parce que en même temps il est en plein dedans une forte depression nerveuse (en plus de ses soucis scolaires il a été maltraité pendant très longtemps par son père) et moi je suis seule face à l’administration pour me battre pour lui. Avec la participation de plusieurs organismes et services telles que CMP, DEAT, MDPH, assistante sociale, etc, il a été interne en MGN pour avoir un suivi medicopsychiatrique en même temps que scolarisé (il a tenu quinze jours, jusqu’au premier fin de semaine qu’il lui a été permis de rentrer à la maison); j’ai eu recours à une Information Préocupante pour faire appel au juge pour enfants et qu’il soit hospitalisé et suivi pendant six mois au service pour adolescents Intermed de la Clinique des Vallées à Ville la Grand (il a menti sur son intention de reprendre son scolarité pour qu’il lui soit permis de finir cette hospitalisation); on l’a convaincu de refaire un 3ème Orientation en MFR pour pouvoir s’orienter vers une formation professionnelle (il a tenu quinze jours, jusqu’à qu’il se voit confronté à la nécessité de faire un premier stage professionnel de deux semaines). Là il se retrouve de nouveau à la maison et sans rien. Tout ça car personne n’a voulu nous entendre chaque fois que je demandais qu’on lui fasse passer des tests psychotecniques comme le medecin scolaire avait proposé à la dernière réunion au collège à la fin de sa 4ème, quand les problèmes de decrochage ont commencé. Trois ans perdus à me faire tourner en bourrique pour rien, parce qu’on ne nous a pas écouté, et pendant lesquels on m’a traité de manipulatrice, de pas assez sevère, de monter mon fils contre son père, et d’etre moi même qui provocquait la situation dans laquelle se trouve mon fils. Lui a été traité de fainéant opiniatre, de se victimiser, de manque de volonté pour changer l’état des choses… Bref, on est fini tous les deux avec une depréssion sevère, avec un enfant de 17 ans et demi, sans obligation scolaire, qui ne peut obliger aucun etablisement à le scolariser, et qui va perdre tout accompagnement à sa majorité, dans six mois. Finalement, je vais tenter, comme Françoise dit dans sa reponse du 16 octobre à votre message, l’éducation à distance. Je prie pour que cette solution soit la bonne, qu’il puisse suivre des cours à son rythme et à son envie, sans craindre d’être jugé pour ses notes décévantes en certaines matières et brillantes dans d’autres. Car si j’ai appris quelque chose de ce cauchemar c’est que l’on est seuls face à l’administration et que c’est moi la seule personne qui va pouvoir encourager mon fils quand il le faudra, le rasurer quand il soit déçu de soi même car les résultats dans les matières qui ne lui intéressent pas ne soient pas à la hauteur de ses propres éxigences, et l’étayer et aider en tout moment pour le rendre heureux, même s’il n’arrive pas à accomplir son rève de devenir astrophysicien ou chercheur scientifique. Ou oui. En tout cas, je sens que la force me revient, et je veux que vous sachiez que vous n’êtes pas seule. Revenez, discutons, échangeons, donnons nous du courage pour eux.

  • Françoise
    Maître des clés

    Bonjour,

    J’espère que votre fils trouvera la force de réaliser ses rêves. Même si cela n’est pas facile, à condition d’en avoir envie, il est vrai qu’aujourd’hui l’enseignement à distance reste une possibilité de recommencer dans la voie des études, de se reconstruire, même si c’est plus long parfois (il faut seulement l’accepter, le jeu en vaut la chandelle).

    Bravo pour votre persévérance et bonne chance à vous et à votre fils.

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