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Des doutes

5 sujets de 1 à 5 (sur un total de 5)
  • carole
    Invité

    Bonjour,

    je vous écris après avoir parcouru le site de long en large. Je ne peux pas dire que je pense que mon fils soit précoce mais je me pose des questions. Il est entré en petite section de maternelle cette année et c’est l’élément déclencheur de mes doutes. Les deux premières journées se sont très bien passées, il avait hâte d’aller à l’école d’autant plus qu’il exprimait son ennui à la crèche depuis quelques temps. Mais dès le 3ème jour de classe, les choses se sont gâtées. Il ne veut plus y aller et s’est arrêté de hurler quand on le dépose depuis 1 semaine seulement. Ce qui m’ennuie le plus, c’est que j’ai l’impression de voir mon fils « s’éteindre » lorsqu’il est à l’école alors que le petit garçon que je connais est éveillé, curieux et toujours en activité. Certes il a un tempérament très prudent, il a besoin d’un long temps d’observation avant de se lancer et se lance toujours quand il maitrise…mais là, le temps me parait long. Selon la maitresse, il participe aux ateliers mais passe aussi beaucoup de temps seul sur son banc ou à côté d’elle durant la récréation. Elle me dit qu’il a peur des autres enfants. Lorsque je le questionne, il me dit que ceux qui courent tombent et viennent ensuite se plaindre chez la maitresse…que le toboggan, c’est pour les grands et qu’il est chez les petits…(alors qu’il sait en faire et adore ça). Mardi soir, lorsqu’il nous a raconté sa journée, il nous a expliqué qu’ils avaient trié des couleurs…il a imité la maitresse avec lenteur « qu’est ce que c’est que cette couleuuuur?? Le bleuuu? On le met sur le tas des bleuuuus!! » L’ironie était largement perceptible et il a rajouté qu’il s’ennuyait.

    Il s’isole dans cette classe. Je ne serais pas étonnée d’être bientôt convoquée par la maitresse pour me dire qu’il ne participe pas assez.
    Pourtant, il parle très bien et préfère la compagnie d’enfants plus grands et d’adultes avec lesquels il a souvent de vraies conversations et beaucoup d’humour. Il n’a pas parlé très tôt mais est passé de 3 mots (papa maman et mamam pour manger) à 2 ans et 1 semaine à « j’ai fait du bateau sur le lac avec papa » à 2 ans et 2 semaines…

    Pour autant, il ne sait pas lire (et je ne le pousse pas là dedans), il dénombre jusqu’à 26 mais ça ne me parait pas exceptionnel, il est extrêmement curieux et s’endort en posant des questions..mais quoi de plus naturel à cet âge là ?

    Il a une excellente mémoire qui étonne régulièrement notre entourage. Comme je le disais plus haut, il fait les choses quand il les maitrise…il a décidé un jour qu’il n’avait plus besoin de couches, ni le jour, ni la nuit et il n’y a jamais eu d’accident….il est hypersensible…comme ses parents finalement.

    Je me pose peut-être des questions inutiles mais je me dis que la route scolaire est encore longue. Un pédiatre m’a dit un jour que je devais rester vigilante car il trouvait mon fils intelligent. Cela m’était sorti de la tête et m’est revenu ce matin. Je ne souhaite pas qu’il soit précoce, j’aimerais juste le voir épanoui et le voir évoluer…là je le sens se diminuer.

    Je me rends compte de la longueur de mon récit….mais j’attends avec impatience, si ce n’est des réponses, au moins des avis.

    Merci.
    Carole

  • Olivier
    Maître des clés

    Je pense que vous devriez suivre le conseil avisé de votre pédiatre et prendre dès à présent les mesures qui s’imposent : une visite chez un psychologue compétent et, en fonction du résultat, la mise en oeuvre rapide des solutions qu’il aura préconisées.

    D’après mon expérience, j’imagine que ça passe par le fait de donner à votre enfant un intérêt pour l’école qu’il a rapidement perdu (deux jours) en constatant qu’il n’y faisait rien d’intéressant et que ses petits camarades étaient bien incapables de communiquer avec lui.

    Encore une chose : Vous ne pouvez pas souhaiter ou non que vote enfant soit précoce ou surdoué, c’est un fait et mieux vaut en tenir compte pour son épanouissement personnel. C’est une chance de pouvoir agir tôt et pas à l’adolescence par exemple. En réagissant et en prenant les bonnes décisions dès maintenant vous éviterez à votre garçon des années de souffrance.

    Bon courage, tenez-nous au courant de la suite des évènements.

  • carole
    Invité

    Merci Olivier pour votre réponse.
    Je vais en parler à ma pédiatre. La difficulté est encore du côté de mon mari, qui ne connait des enfants précoces que le cliché « du surdoué »et qui ne veut donc pas en entendre parler (il ne considère pas l’isolement et son hypersensibilité comme des signes mais plutôt comme le problème de notre fils face à l’école, à laquelle il doit s’adapter..)….mais je reste vigilante.

    Je sais bien que la précocité est un fait et qu’on ne la choisit pas. Mais j’ai peur de passer pour la maman qui cherche à tout prix des signes de précocités chez son fils…alors que j’essaie de garder un regard le plus objectif possible sur tout ça.
    Merci encore.
    Je vous tiendrai bien entendu au courant.
    Carole

  • Julie
    Invité

    Je comprends votre fils. Je me rappelle encore, 7 ans plus tard, cet intense moment de solitude lors de ma première réunion de rentrée en tant que maman. En PS, les enfants apprennent à dénombrer jusqu’à trois (5 si la classe est bonne) et à reconnaître les couleurs (primaires, les couleurs …). Je regarde les autres parents présents, mais ils ont l’air plutôt satisfaits du programme. Hum … J’ai appris plus tard que les acquis de ma PS de fille étaient plutôt ceux attendus en fin de GS : compter jusqu’à 31, reconnaître les lettres, écrire son nom et quelques mots … et je ne parle pas du vocabulaire, de la syntaxe … Heureusement, ma fille était dans une classe mixte PS-MS. Elle faisait deux programmes en un. Puis MS-GS. Elle a appris à lire seule en MS, grâce aux quelques clés de déchiffrage que la maîtresse donnait aux grands pendant la « sieste » des moyens. Je n’ose imaginer son ennui si elle s’était retrouvée dans une classe de niveau simple ces deux années-là. Ensuite, comme elle lisait couramment, elle a géré la GS grâce à la bibliothèque de classe et ses instits lui ont fait sauter le CP. Elle fait en ce moment une très bonne sixième dans un très bon collège, et se plaît enfin vraiment à l’école. Elle est même obligée de travailler un peu … (forcément, quand certains profs font plusieurs programmes en un, à la hussarde …).
    Son frère n’a pas eu la même chance : une PS marginalisé dans sa classe (il avait décidé qu’il était temps d’apprendre à lire, et restait planté devant les affichages de classe quand ses camarades étaient dans le coin jeux … il savait lire en fin d’année mais a mis six mois à reconnaître ses camarades autrement que grâce à la photo du porte-manteau – sous laquelle était écrit le nom de chacun !) En MS, il a frôlé la phobie scolaire, et nous devons à une psy spécialisée en enfants à haut potentiel de lui avoir évité une année cauchemardesque jusqu’au bout. Actuellement, il est en CE1 et il est bien à l’école depuis qu’il a admis que l’école ne lui apprendrait pas grand chose avant un bon bout de temps, et que l’essentiel était de bien se marrer à la récré, et de progresser en relations sociales. Heureusement qu’il a une bande de garçons plutôt « malins » avec qui partager des jeux dans la cour. L’essentiel de ses journées en classe est consacrée à la lecture de la collection de Petit Quotidien de l’école. Il fait le travail demandé avec application et exactitude (comme ça, tout le monde lui fiche la paix), et retourne à sa lecture dès qu’il peut. Le soir, j’ai du mal à savoir ce qu’il a fait avec la classe, mais il peut me détailler par le menu les Petits Quotidiens qu’il a lus.
    Les deux se sont adaptés à l’école. C’est plus simple dans ce sens-là que de demander à l’école de s’adapter. S’adapter, c’est admettre qu’il faut faire avec les règles communes mais ça peut être aussi apprendre à faire avec en les détournant à son bénéfice. Apprendre à mettre à profit les temps morts – nombreux. Prendre du recul. Certains vont développer un imaginaire fertile, d’autres un talent de tuteur, ou un talent de dessinateur, d’écrivain (ou de concepteur de machines bizarres à base de règles, stylos, compas, mais en général, les profs n’aiment pas trop !). Tant qu’ils n’empêchent pas les autres d’apprendre …
    Parfois, ils tomberont sur des profs formidables qui sauront les « utiliser », mettre en valeur leurs talents, les pousser à approfondir de manière plus cadrée que ce qu’ils sont capables de faire seuls. Parfois, ils tomberont sur des profs plus délicats à négocier (comme on négocie un virage) : les psychorigides sont terribles … Mais après tout, ils rencontreront à l’école la merveilleuse diversité humaine qu’ils devront affronter dehors. C’est aussi un apprentissage.

    Tout cela pour dire que :
    1) Les enfants précoces sont comme les autres, tous différents. Il n’y a donc pas de recette. A part ouvrir tout grand son coeur de parent, rester à l’écoute et faire avec l’enfant qu’on a, pas celui qu’on espérait, qui était souvent plus banal. Être libre de ses pensées et de ses décisions, sans idées préconçues.
    2) Il ne faut pas s’affoler si on apprend que son enfant est précoce. C’est d’abord une chance. Être intelligent, c’est avoir plus de chances de s’adapter à des environnements divers, si on n’est pas enfermé dans un discours où la précocité serait une différence irrémédiable qui condamne ceux qui sont concernés à une étrangeté stigmatisante, à une fragilité paradoxale, ou que sais-je encore.
    Il peut être important, à n’importe quel âge, de mettre un nom sur cette différence qui est ressentie de toute manière, mais sans en fait « tout un plat » non plus.

    Avis d’adulte HP, conjointe et mère de HP 😉

  • carole
    Invité

    Merci Julie pour votre réponse….

    la notion d’ « apprendre à faire avec (les règles communes) en les détournant à son bénéfice » me parle et me rassure….c’est donc possible!
    Mon mari s’est complètement ouvert à la question entre temps…une collègue (enseignante) qui a passé 1 heure avec notre fils lui a demandé si on ne se posait pas de questions à son sujet car elle le trouvait « différent, avec une mémoire et un vocabulaire hors du commun »….c’est toujours mieux quand ça vient de l’extérieur!
    Entre temps, notre fils nous a dit qu’il souhaitait apprendre à lire. Il en a assez de dépendre de nous pour lire ses yakari et autres albums….je m’en doutais puisque je le retrouve lui aussi (comme votre fils, Julie) devant les étiquettes de ses copains à l’école….il est, en outre, de plus en plus isolé dans sa classe.
    Les rendez vous vont se mettre en place début 2012. Je reviendrai vous tenir informés.
    Bonnes fêtes.
    Carole

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