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Les enfants à haut potentiel intellectuel dans le déni

Le haut potentiel intellectuel peut être vu par certains enfants comme un véritable fardeau ; ils ne veulent tout simplement pas en entendre parler. Quels sont les risques d’une telle dénégation, et comment y remédier au mieux ?

Comment vivre la différence de son enfant surdoué ?

Dans sa dernière chronique du mois de mars, Arielle Adda évoque le cas des enfants et des adolescents à haut potentiel intellectuel qui refusent ne serait-ce que d’envisager d’être considérés comme tels.

Être à haut potentiel intellectuel ne signifie pas toujours quelque chose aux yeux des enfants. Ceux qui savent de quoi il s’agit savent déjà qu’ils le sont, et les autres n’en ont généralement qu’une vague idée basée sur des idées reçues et des faits peu précis. Aussi, quand on dit à un enfant qu’il est « à haut potentiel intellectuel », il peut le prendre de différentes façons : l’accepter, s’en réjouir, le voir comme une explication aux difficultés qu’ils rencontrent, ou le nier en bloc.

L’adolescent incertain ressemble à ces personnes touchées par une maladie évolutive et irrémédiable, mais dont la progression est très lente. Elles peuvent se leurrer un certain temps en occultant les premiers signes et en les justifiant par des explications plausibles pour qui ignorerait leur état. Elles seules savent la vérité.

Arielle Adda – Quand les enfants doués refusent leur don intellectuel

Le déni peut notamment se manifester lorsque l’on dit à un enfant qu’il est à haut potentiel intellectuel alors que tout allait bien pour lui jusqu’à présent. Le fait de le différencier des autres enfants le placerait dans une situation inconfortable vis-à-vis de ses camarades ; il craint qu’on l’exclue, qu’on le moque, et préfère tout nier, malgré des signes évidents, pour éviter qu’une telle chose se produise.
Même si les parents ont des soupçons quant au haut potentiel d’un enfant, le faire tester n’est donc pas forcément une bonne chose tant qu’il va bien.

Cependant, comme le dit Arielle Adda, il se peut qu’au fil du temps, ses relations aux autres se distendent, que l’écart se creuse notamment entre leurs centres d’intérêts respectifs. Son rejet de l’idée même qu’il puisse être à haut potentiel intellectuel l’empêche de comprendre d’où vient cette différence et ne fait que l’enfoncer davantage dans son mal-être.

Cet adolescent qui a toujours réfuté la réalité de son don intellectuel ne peut pas l’oublier complètement, mais il pense qu’il aurait l’impression de basculer dans un autre univers, où il ne serait pas non plus à sa place puisque lui sait bien qu’il n’est pas doué.

Arielle Adda – Quand les enfants doués refusent leur don intellectuel

Même alors, la solution n’est pas de l’emmener voir un psychologue. S’il est convaincu qu’il n’a aucun problème, il ne se laissera pas persuader par quelqu’un d’autre que lui-même (quoique le psychologue, de par son statut, puisse avoir plus de succès que les parents par exemple). L’idéal est qu’il admette de lui-même son erreur : pour cela, il peut être intéressant de glisser des pistes, de l’amener à s’interroger de telle façon qu’il pense y avoir songé lui-même.

Le haut potentiel intellectuel peut être perçu par l’enfant comme un fardeau : il est « différent », « à part », il a un « potentiel » à réaliser, toutes choses qu’il ne souhaite pas forcément et que chacun est prompt à lui rappeler en toutes circonstances. Il ne se sent pas particulièrement doué et pense que le mettre dans une telle « case » ne fera qu’engendrer un syndrome de l’imposteur en lui. Il pensera ne pas être à la hauteur, que les exigences de son nouveau statut seront trop élevées pour qu’il parvienne à faire bonne figure.
Il faut donc lui expliquer que le fait qu’il soit HPI ne changera en rien ce qu’on attend de lui : l’identification n’est pas là pour lui imposer d’être différent de ce qu’il a toujours été mais, au contraire, pour l’aider à se sentir bien comme il est et à s’accepter. Car bien qu’il ait pu nier le fait qu’il soit à haut potentiel intellectuel pendant un temps, il l’a toujours été et, test ou pas, cela ne changera jamais, même une fois adulte.

Quelle que soit la situation, il est toujours préférable qu’un enfant en difficulté ait l’explication réelle de la cause de ses problèmes. L’identification par le test constitue, outre une preuve de la présence du haut potentiel intellectuel, un moyen d’obtenir des pistes et des éclaircissements sur le fonctionnement psychologique de l’enfant et sur les différentes manières de l’accompagner. Dans le cas du déni, il convient de tenter de lui faire entendre raison, mais sans forcer, sans quoi il aura l’impression que l’on veut à tout prix le remiser dans une case convenable sans tenir compte de ce qu’il ressent, et risquera de se braquer. Comme le dit Arielle Adda dans son conseil final :

Pour éviter ce gâchis, il est tout de même préférable de faire admettre à un enfant qu’il possède des dons intellectuels en lui démontrant le bénéfice  qu’il peut en tirer et qui lui facilitera la vie. Des lectures, des rencontres, des témoignages où il se reconnaîtra malgré lui peuvent l’aider dans cette acceptation.

Quand les enfants doués refusent leur don intellectuel (journaldesfemmes.fr)

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